On n'avait pas trop de doute, mais on attendait tout de même avec intérêt la publication de la liste des 1300 quartiers prioritaires de la "politique de la ville". C'est chose faite depuis ces jours derniers. Berthe et notre centre ancien sont bien au nombre de ceux-là. Malheureusement, ai-je indiqué à la presse locale, car cela signifie que la réalité sociale et économique de leurs habitants demeure toujours très préoccupante, après trente années d'interventions publiques au titre de la "politique de la ville". Et heureusement aussi, ai-je complété, car La Seyne a besoin d'être encore accompagnée pour poursuivre sa rénovation urbaine et l'accompagnement social de ses concitoyens les plus fragiles.
C'est déjà une bonne chose, mais ça suppose que le maintien de ce "label" dont on se passerait volontiers s'accompagne d'engagements, notamment financiers. Il nous faut en effet achever la rénovation du quartier Berthe que nous avons entreprise en 2007, puis aborder une même démarche de réhabilitation du cœur de ville historique dans un esprit similaire : rénovation de l'habitat, reconquête des espaces publics, réhabilitation et création d'équipements, stratégies de maîtrise immobilière pour redynamiser l'activité du commerce et des services. Tout ça a un coût.
Or il n'y aura, parmi les 1300 quartiers retenus, que 200 d'entre eux qui pourront prétendre, à l'automne prochain, à un appui public de l'État sous une forme s'apparentant au "programme de rénovation urbaine" qui a permis de lancer les importantes opérations infrastructurelles qui, objectivement, changent chaque jour un peu plus le visage de Berthe. Notre volonté est que le centre-ville bénéficie d'une même attention, car il est désormais l'enjeu majeur.
DES LABELS, C'EST BIEN, MAIS IL FAUT DES MOYENS
Je ne peux toutefois pas cacher mon inquiétude. Nos quartiers populaires ont certes bénéficié, par la volonté du gouvernement de F. Hollande, de nouvelles "labellisations" : leurs écoles sont devenues des sites "Réseau d'éducation prioritaire Plus" (REP+), les quartiers ont été les premiers du Var a intégrer le cercle fermé des "zones de sécurité prioritaire" (ZSP), les acteurs économiques peuvent y bénéficier des nouveaux "emplois francs" et continuer à profiter des exonérations fiscales et sociales de la "zone franche urbaine".
Préfet, fonctionnaires de tous grades de la commune et de l'État, partenaires des collectivités, font le maximum, chacun dans son domaine, pour coordonner leurs actions, prêter la meilleure attention possible à nos quartiers populaires, y concentrer les moyens dont ils disposent, et des résultats sont là. Les chiffres de la délinquance sont à la baisse, les indicateurs de réussite scolaire et d'insertion professionnelle ne sont pas si mauvais, l'image change plutôt positivement.
C'EST L'ÉQUILIBRE DU TERRITOIRE QUI EST EN JEU, AU-DELÀ DES QUARTIERS
Il reste que les effectifs du commissariat n'ont pas progressé comme on l'aurait espéré, que ceux des éducateurs de rue du service de prévention spécialisée ne parviennent pas à remonter, que, malgré que les écoles soient en "zone REP+", la commune ne bénéficiera pas de la majoration de 50 à 90 euros par enfant et par an annoncée pour la réforme des rythmes scolaires pour les sites éducatifs difficiles, ou encore que les associations, pourtant essentielles à la régulation du climat social, sont en difficulté du fait des baisses des subventions.
L'austérité doit contourner les quartiers en difficulté, c'est une absolue nécessité. C'est tout l'équilibre du territoire communal et intercommunal qui en dépend. Puissent l'État, les collectivités, et tous les partenaires publics mesurer avec nous les enjeux et consentir les efforts nécessaires !