La réforme des temps de vie des enfants suscite des interrogations quant à sa faisabilité. Elle s’invite dans le débat des municipales, plusieurs candidats « surfant » sur l’inquiétude de parents et les réticences d’enseignants, allant jusqu’à proposer dans leurs programmes de ne pas l’appliquer, ce qui est bien sûr contraire à la Loi.
Mais une question est peu soulevée, qui n’est pas moins inquiétante pour un maire que ne l’est celle de l’organisation matérielle et budgétaire des temps périscolaires : celle de la qualité de l’offre éducative, qui passe par la formation qualifiante des personnels.
SI ON VEUT AUTRE CHOSE QU'UNE GARDERIE, IL FAUT DES GENS FORMÉS
Car, enfin, si l’État relance la formation des enseignants, si les exigences de qualifications des animateurs socio-éducatifs, sportifs et culturels ne cessent de croître au point qu’il faudra bientôt un Brevet d’État d’éducateur sportif pour organiser une partie de billes, il serait aberrant que les temps périscolaires soient encadrés par des personnes incompétentes, ne serait-ce qu’en terme de sécurité sanitaire, matérielle, éducative et affective.
La logique républicaine voudrait en effet que plusieurs milliers d’élèves de primaire d’une ville moyenne puissent, au moins un jour par semaine, avoir accès à une pratique éducative périscolaire. Ce sont donc plusieurs centaines d’adultes qualifiés qui doivent être mobilisés. C’est manifeste : même dans une ville à forte implication publique et associative dans le domaine des accueils de loisirs, de l’éveil aux sports et à la culture, disposant de ressources humaines formées, et en démantibulant les offres existantes pour coller aux nouveaux horaires, il manquerait du monde.
ET SI LE DEUXIÈME "E" DU SIGLE "ESPE" TROUVAIT SON SENS ?
Imposer la réforme Peillon dans ces conditions est absurde. Soit on met à mal l’égalité républicaine, soit on prend le risque d’une offre de piètre qualité. L’enjeu éducatif est important. Pour qu’une ville passe d’une logique éducative à une logique éducatrice, cela suppose un investissement dans la qualification professionnelle de tous les acteurs éducatifs du territoire.
La réponse passe peut-être par la conception d’une formation conjointe des mouvements d’éducation populaire, des nouvelles écoles supérieures du professorat et de l’éducation, et du centre de formation de la fonction publique territoriale. Mais la question ne peut être éludée. Ni celle de son coût... que l’État se doit d’assumer.