Je l'avoue, j'étais un peu inquiet des conditions dans lesquelles la rentrée scolaire allait s'effectuer ce mardi et ce premier mercredi. Elle s'est finalement déroulée paisiblement, comme les années précédentes, les enseignants, parents et personnels de mairie m'ayant semblé, pour la plupart, faire contre mauvaise fortune bon cœur avec la réforme des horaires d'école. On verra sûrement à l'usage qu'il y aura des fonctionnements à ajuster, mais, si j'en crois les échanges que j'ai eus avec les uns et les autres, j'ai sûrement eu tort de m'alarmer outre mesure.
Lors du point de presse que je fais chaque jour de rentrée, cette année avec notre adjoint à l'éducation Christian Barlo, qui effectuait lui aussi sa... première rentrée avec cette charge, une journaliste m'a demandé ce que j'aurais à dire à la nouvelle ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem. J'ai voulu délivrer trois messages.
L'ÉCOLE A BESOIN DE PLUS D'ENSEIGNANTS. À LA SEYNE COMME AILLEURS.
D'abord, que la question des nouveaux horaires ne doit pas masquer l'essentiel. Et l'essentiel à mes yeux est que soit maintenu et atteint, à défaut d'être dépassé, l'objectif de création de 60.000 postes de professeurs d'ici à 2017. Et que, pour La Seyne, cette orientation se traduise dans les faits, avec l'attribution suffisante d'enseignants dans les établissements, en particulier ceux de nos quartiers populaires, classés "Réseau d'éducation prioritaire renforcé" (REP +). Or le compte n'y est pas, notamment pour scolariser correctement les petits de maternelle et pour accompagner les enfants en difficulté par des maîtres spécialisés. La majorité municipale sera aux côtés des enseignants et des associations de parents pour réclamer les moyens qui sont dus.
DES MOYENS POUR L'INSTRUCTION, C'EST BIEN. POUR LE PÉRISCOLAIRE AUSSI, C'EST MIEUX.
Ensuite, qu'on ne peut pas engager une réforme sans se préoccuper des moyens pour la mettre en œuvre. Certes, l'objectif de rajouter une demi-journée d'école est atteint et les enseignements en seront certainement améliorés avec un meilleur étalement des temps d'apprentissage. Mais ça n'aurait pas dû se faire sans considérer les autres temps éducatifs.
À La Seyne, plus de 2000 enfants sont désormais privés de ces moments de formation citoyenne des temps libres que leur apportaient depuis des années les animateurs sportifs, culturels et socio-éducatifs, municipaux et associatifs, les mercredis matins, avec les accueils de loisirs, les clubs et écoles municipales de sport, les ateliers d'éveil des associations culturelles et artistiques, de l'école municipale des Beaux-Arts et du Conservatoire intercommunal de musique, autant d'offres périscolaires démantelées, impossibles à redéployer sans plusieurs centaines de milliers d'euros que l'État aurait dû allouer aux communes. Et qu'une ville pauvre comme La Seyne ne peut pas faire assumer aux familles et aux contribuables, générant une inégalité de mauvais aloi dans une France républicaine entre les enfants des communes aisées et ceux des collectivités dans la précarité.
Mais ça peut toujours se rattraper. La nouvelle ministre a le devoir de se pencher sur la question avec ses collègues en charge de la culture, de la jeunesse et des sports, pour que, même si ça se fait progressivement dans les années à venir, on puisse rétablir, dans des temps adaptés, cette offre éducative complémentaire à celle de l'école, dans le cadre d'un beau Projet éducatif de territoire (PEDT) d'autant plus nécessaire dans une cité accueillant beaucoup de familles humbles.
LES FONCTIONNAIRES DE MAIRIE INJUSTEMENT MÉPRISÉS
Enfin, qu'il n'est pas correct qu'un service de l'État supposé aussi républicain que celui de l'Éducation nationale ait méprisé comme il l'a fait, pour imposer à sa guise cette réforme, les fonctionnaires des collectivités locales, sans lesquels l'éducation ne pourrait fonctionner. Nos agents des écoles maternelles, nos personnels de ménage et de restauration, nos techniciens de gestion des infrastructures scolaires, nos éducateurs sportifs, culturels et socio-éducatifs, et bien d'autres, ont travaillé pendant des mois avec de nombreux partenaires pour construire un projet de fonctionnement adapté aux nouveaux horaires tout en préservant les offres périscolaires, profitant de la possibilité offerte par le ministre Benoît Hamon d'adapter, bien sûr dans le cadre de la loi, les organisations hebdomadaires en fonction des réalités de chaque commune. Ce qui aurait permis de maintenir d'intéressants temps d'activités périscolaires.
Mais le beau travail de ces fonctionnaires là a été dédaigné, leur projet a été rejeté fin juin - alors que le même a été agréé pour d'autres communes - manifestement sans autre raison que le bon vouloir d'autres fonctionnaires, de l'Éducation nationale ceux-là (je ne parle bien sûr pas des enseignants, mais de leur hiérarchie). Et je ne peux pas m'empêcher de relier cette avanie au fait que la rectrice de notre académie, ancienne membre de la direction de cabinet du ministre UMP Darcos, celui qui a supprimé le samedi d'école, a été partiale dans la gestion du projet seynois. Il faut que la ministre le sache.