3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 09:35
Ce jeudi se déroulent à La Seyne des Rencontres varoises de l'Économie Sociale et Solidaire. Convié à leur ouverture, j'ai avancé quelques réflexions...

"Je suis heureux que vous ayez choisi La Seyne pour tenir ces troisièmes rencontres de l'Economie sociale et solidaire.

Je me suis demandé ce que j'allais bien pouvoir vous dire en ouverture de cette journée.

Faut-il que je parle d'économie sociale et solidaire à celles et ceux qui en sont les acteurs ?

Faut-il que j'en parle à vos invités, alors que, précisément, vous êtes là, avec votre savoir et votre savoir-faire construits dans l'action, pour leur faire découvrir, bien mieux que moi, ce champ de l'activité humaine qui mérite de sortir de l'ombre ?

 

"J'ai entendu parler d'économie, il y a quelques jours, lorsque le Président de la République est venu à La Seyne faire le point de sa politique de relance.

Ce que j'ai retenu de son propos, c'est quelque chose qui se résume à "faut-il aider les entreprises ou l'administration ?". Avec la réponse que vous connaissez ou que vous imaginez sûrement. En aucun moment, n'a transpiré, fut-ce entre les lignes de son propos, la question "faut-il aider les Hommes ?"

 

"Et pourtant les souffrances au travail conduisent des individus à se supprimer. Cette violence tournée vers soi montre combien nous sommes dans l'épreuve dans les espaces de vie collective, combien nous sommes de plus en plus les uns à côté des autres, à nous ignorer, parfois à ne pas nous connaître, alors même que, par ailleurs, nous sommes 350 millions « d'amis » virtuels par le biais d'un réseau social bien connu sur internet.

Il y a une vraie nouvelle forme de solitude. On en comprendra les intérêts secrets, tus, à peine chuchotés. Cela me fait dire que vivre ensemble, faire ensemble, entreprendre ensemble, redevient une belle utopie, car les moyens de communication, et pas de manière neutre, ont généré cette attitude de repli solitaire.

Ces outils de la communication d'aujourd'hui, si l'on y prend garde, feront des générations de demain des communautés neurasthéniques. Le cadre éducatif et les espaces publics d'expression sont donc plus que jamais nécessaires, et les valeurs plus que jamais fondamentales, pour permettre aux gens de se retrouver. Aujourd'hui les choix que nous faisons ont des répercussions sur les autres, et "avoir" ce n'est pas "être". Et "être", cela s'apprend. Tout au long de l'existence.

Et ce que vous faites, tant au quotidien, dans l'exercice des missions économiques solidaires que vous vous êtes assignées, que dans l'acte formateur d'éducation permanente que vous posez aujourd'hui en direction de ceux que vous avez conviés à la découverte de vos projets et de vos structures, ce que vous faites est source de relation sociale innovante et partagée.

 

"Associations, banques solidaires, fondations, coopératives et entreprises, quels que soient vos supports d'action, vous comblez les manques des politiques publiques.

Vous faites un beau pied de nez aux fauteurs des maux qui s'exacerbent dans la crise de ce stupide capitalisme, en jouant de leurs propres cartes, entreprises privées, capital et marché, pour les utiliser vers le patrimoine collectif, la décision démocratique, l'intérêt général, l'utilité sociale et la primauté de l'Homme sur les biens et les richesses.

 

"Votre initiative d'aujourd'hui est portée par un mouvement – au vrai sens du terme – un mouvement d'éducation populaire, la Ligue de l'Enseignement – Fédération des Œuvres Laïques du Var, et par les nombreux acteurs partenaires de l'ESS que vous êtes (je ne les citerai pas pour n'en oublier aucun).

Or ce genre d'acte d'éducation populaire que vous faites aujourd'hui pourrait ne plus exister demain, mais je passerai sur les incidences de la Révision Générale des Politiques Publiques ou de la Réforme des Collectivités sur le devenir des soutiens aux initiatives citoyennes.

Il est plus nécessaire que jamais d'occuper cet espace public, d'y faire la démonstration que ce qui vous anime, et nous anime, c'est le projet et le sens de ce que nous faisons. Les valeurs de la République, la liberté, l'égalité et la fraternité, et aussi la solidarité, doivent être des valeurs présentes, et dans nos propos, et dans nos actes.

 

"Et c'est ce que vous faites ici à la Seyne, en vous adressant aux jeunes en formation professionnelle, aux lycéens, aux étudiants, au tout public, pour faire connaître une autre façon de pratiquer une économie alternative et de proposer un éclairage concret sur un choix de société, une réponse possible à cette quête de sens exprimée par un nombre croissant d’individus.

En tout cas, vous nous rappelez qu'il est fondamental d'apprendre et de connaître, d'inventer de nouvelles pratiques et de les partager, de rester garant des valeurs essentielles du vivre ensemble, dans un espace public et laïque partagé au service des hommes et des femmes.

 

"Au nom de toute l'équipe municipale, je vous souhaite une excellente journée de travail. Vous êtes les bienvenus, et vous serez à nouveau les bienvenus à La Seyne pour les 4èmes, 5èmes, et millièmes rencontres de l'économie sociale et solidaire, si vous le décidez."

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Publié par Marc Vuillemot - dans Économie - tourisme et commerce