J'évoquais hier (lire la première partie) un temps de réflexion auquel j'ai pris part à La Rochelle, au séminaire annuel des élus socialistes, sur la question éducative et le rôle attendu de l'État et des collectivités locales dans le cadre de partenariats nouveaux à engager. J'ai également travaillé avec François Lamy, ministre délégué à la ville, Pierre Cohen, président de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR), et une vingtaine de mes collègues maires de communes dont les populations, à l'instar de celle de La Seyne, justifient, souvent depuis plusieurs décennies, que soient déployés des dispositifs en faveur de leurs quartiers populaires, tant en matière de rénovation urbaine que d'accompagnement social.
Impressionnante volonté du ministre de travailler avec les élus de terrain que nous sommes ! Étonnante qualité d'écoute. Nous nous retrouverons d'ailleurs régulièrement pour avancer ensemble sur le sujet. Rien que ça, c'est du changement, maintenant.
Pour l'heure, François Lamy a décliné un certain nombre d'orientations à la "politique de la ville" qu'il entend conduire avec nous.
Il s'agit d'abord de mobiliser l'État, au simple nom de l'égalité territoriale que prévoit la Constitution de la République française. Le ministère de l'Intérieur doit renforcer ses effectifs en matière de prévention et de fermeté pour ceux qui causent des troubles. L'Éducation nationale doit mettre des postes dans les quartiers en difficulté. Les "emplois d'avenir" qui seront créés en janvier prochain devront être prioritairement offerts aux jeunes des sites défavorisés, et des "emplois francs" devront permettre aux entreprises embauchant ces mêmes jeunes de bénéficier d'exonérations d'impôts. La banque publique d'investissement devra soutenir les créations d'entreprises dans nos quartiers. C'est déjà un bon début pour les ministères en charge de ces secteurs, et il reste à mobiliser tous les autres. Pour ma part, ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, et je saurai rappeler aux instances locales des services de l'État quel regard attentif elles doivent porter sur nos quartiers d'habitat social et notre centre ancien seynois.
Les opérations de rénovation urbaine continueront. Les programmes ambitieux tels que celui dont bénéficie notre grand quartier Berthe seront menés à leurs termes, et prolongés par une "nouvelle génération" de projets. A l'issue de la rénovation de nos sites d'habitat social, il faudra s'attaquer, avec un même effort collectif, à notre coeur de ville qui se dégrade rudement malgré les efforts que, bien seule, la commune y déploie.
Ces opérations, actuelles et à venir, de renouvellement urbain, seront de nouveau inscrites dans une démarche de contrat entre l'État et les mairies, dans l'esprit des "contrats de ville" que la droite avait mis au rencart, regroupant à la fois les programmes de rénovation urbaine et les dispositifs d'accompagnement des personnes pour la cohésion sociale, mais également les politiques "de droit commun" (j'ai eu là une petite pensée pour l'Agence Régionale de Santé de chez nous qu'il va falloir... remettre à l'heure... pour qu'elle réimplante les services qu'elle a pris un malin plaisir à démanteler...), permettant d'élaborer de vrais projets globaux de territoires.
Ces territoires devront être constitués à l'échelle intercommunale. Plusieurs de mes collègues, minoritaires, voire isolés, dans les communautés d'agglomérations dirigées par des élus de droite, ont fait part de leurs inquiétudes, que le ministre lui-même avait pressenties. Je peux les comprendre, mais j'ai, pour ma part, indiqué que c'est là le bon niveau d'intervention, car il faut en finir avec les ghettos de pauvres gens confinés et relégués dans certaines communes, comme La Seyne et, dans une moindre mesure, Toulon, La Garde et La Valette, tandis que d'autres s'exonèrent de leurs obligations républicaines d'accueillir toutes les catégories sociales. Mais j'ai indiqué aussi que, pour que ça fonctionne, il est absolument indispensable que l'État, au travers de préfets courageux, justes, objectifs, fermes et déterminés, exerce un contrôle vigilant pour que les moyens conjugués de la puissance publique nationale et territoriale soient bien dévolus aux quartiers ciblés qui en ont besoin, et non dilués, au nom d'une supposée égalité entre communes dont certaines devraient être contraintes à engager des efforts, notamment par l'obligation de création de logements sociaux ouverts à tous, y compris aux familles les plus modestes ou les plus déstructurées, à défaut de quoi elles ne devraient non seulement ne pouvoir prétendre à aucun appui, mais même être sanctionnées et contraintes d'abonder le fonds commun de moyens dédiés aux quartiers réellement en difficulté des villes accomplissant, quant à elles, les efforts nécessaires. La "gouvernance" de ces contrats territoriaux devra également être partagée entre le préfet et les maires des communes en règle avec la Loi et appliquées à mener à bien la politique de rénovation urbaine et d'accompagnement social, fussent-ils politiquement minoritaires dans l'agglomération.
Il faut en finir avec la complaisance que la droite a délibérément laissé s'installer. Si les politiques publiques de la ville ont toujours, à peu près, depuis trente années, fait l'objet des attentions des gouvernements de droite et de gauche, l'heure est désormais, malgré et à cause de la crise dont les plus humbles sont les premières victimes, à un engagement régalien de l'État, en coopération formelle et engagée avec les élus locaux. Beau chantier à ne pas rater. Comme maire de La Seyne, ville qui n'a pas à rougir de ce qu'elle accomplit en la matière, je suis déterminé à y apporter ma pierre.
> La photo illustrant cet article a été "piquée" sur le blog de Joël Canapa ; elle rappelle l'inauguration de deux ensembles de logements à Berthe par notre office public d'HLM "Terres du Sud Habitat" (TSH), portant alors à 452 le nombre d'appartements réalisés depuis 2007... De gauche à droite : Marie Bouchez, conseillère régionale PACA, Thierry Repentin, alors président de l'union sociale pour l'habitat, désormais ministre délégué à la formation professionnelle et l'apprentissage, Rachid Maziane, adjoint à la politique de la ville et au logement, moi-même, et Joël Canapa, directeur général de TSH.