J'abordais hier, à titre d'illustration, un problème freinant la possibilité pour la puissance publique de soutenir l'investissement à vocation industrielle à La Seyne pour la résolution duquel nous nous activons. En période de crise, on devrait assister à une mobilisation générale des institutions pour, en assurant l'équité d'accompagnement des entreprises et le libre exercice de leurs activités, améliorer et faciliter les conditions de leurs confortement et développement économiques. Mais ce n'est pas toujours le cas et, quand on n'est qu'un maire à qui la loi ne confère pas de compétence en matière d'économie, il faut souvent faire preuve de pugnacité pour obtenir cet engagement public. Il en va pourtant de la création pour le territoire de richesses et d'emplois.
UN RÔLE CONSTANT D'ENTREMETTEUR !
La multiplicité des compétences qui se chevauchent, il est vrai, n'aide pas à une approche facile. Les voiries desservant les sites économiques dépendent du département, ou de l'agglomération, ou de la commune, ou même, à l'interne des zones, de l'autorité portuaire ou de la chambre des métiers qui se répartissent par ailleurs, avec l'État civil et militaire, la compétence sur les espaces littoraux et portuaires. Une chatte n'y retrouverait pas ses petits.
Mais, à force de temps passé avec les chefs d'entreprises pour comprendre les besoins et les enjeux, de détermination, de sollicitations, de propositions d'échanges, de demandes d'arbitrages, et parfois de coups de gueule ou de menaces de blocages par le seul levier dont dispose un maire, les autorisations d'urbanisme, on peut parvenir à gommer les obstacles, obtenir les aménagements publics indispensables, éviter les erreurs ou les inepties nuisibles à l'activité.
Que d'heures passées à ce que France Telecom Marine ou CNIM ne se voient pas dépouillées de leurs accès à la mer par un projet d'aménagement aberrant ! Que de temps consacré à convaincre de l'importance de la réfection des voies, sites de stationnement, équipements sanitaires et de vie, tant pour Brégaillon Nord et les entreprises installées au bassin de houle dont certaines menacent encore de se relocaliser ailleurs, que pour l'accueil des milliers de camions qui doivent embarquer sur le ferry du ro-ro pour la Turquie ! Que de rudes palabres après avoir refusé de délivrer le permis de construire de l'usine de traitement écologique des boues de la Rade tant qu'un carrefour giratoire ne serait pas réalisé pour éviter que le flux dangereux des camions ne pénètre dans la technopole par un site urbanisé d'entrée de ville ! Que d'énergie déployée pour obtenir que le chantier de liaison entre la partie terrestre (Ollioules) et la partie maritime (La Seyne) du pôle Mer par la traversée de la voie ferrée, pour remplacer le petit tunnel à hauteur très limitée à côté de la gare, ne soit pas enterré avec la disparition du projet de tramway ! Que de réunions et de courriers pour que parviennent à s'entendre sur des clefs de financement entre les collectivités et le Centre national de la recherche scientifique qui doit s'installer sur le pôle Mer (on n'y est d'ailleurs toujours pas) !
MALGRÉ LES VICISSITUDES, NE PAS CÉDER AU DÉCOURAGEMENT
Et le temps passe. Lorsqu'on est sur le point d'aboutir, un nouvel impondérable survient. Ici, ce sont ceux qui s'inquiètent des risques en matière de sécurité publique pour un projet de déconstruction de navires qui n'a obtenu qu'une très mince majorité au sein du conseil municipal. Là, c'est une institution qui veut se substituer à une autre pour tirer parti de l'implantation d'une entreprise, à l'image de Monaco Marine, entreprise de renom en maintenance et entretien de bateaux de plaisance, tandis que les entrepreneurs s'impatientent et menacent de chercher une installation ailleurs. Ailleurs, sur la base terrestre du pôle Mer, outre la fusion de l'école supérieure Euromed (Marseille-Toulon) avec l'école BEM (Bordeaux), on devrait voir l'arrêt du projet de construction d'un établissement important de formation supérieure, mais qui devrait voir le jour, ce qui, au fond, serait plus logique, en centre ville de Toulon.
Nous ne cédons pas au découragement. Les choses avancent. La Seyne a retrouvé en 2010 le nombre d'emplois salariés qu'elle connaissait au moment de la fermeture de ses chantiers navals. L'avenir est devant nous. Mettons l'intelligence collective publique au service de ceux qui, ici, croient au potentiel économique du territoire.