Oui, Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, a raison de vouloir revisiter les rythmes de l’École. La France est bien le seul pays d’Europe à imposer à ses enfants si peu de jours par an, et tant d’heures quotidiennes, d’apprentissages scolaires.
Ceux-ci ont droit à des moments où ils peuvent découvrir et s’initier à des pratiques sportives, culturelles, artistiques, de découverte des nouvelles technologies ou de protection de l’environnement. Ils ont droit à des temps de soutien et d’accompagnement scolaire, en petits groupes, et avec des pédagogies différenciées. Ils ont aussi droit aux temps libres en famille. Et aux temps d’aventure entre pairs du même âge, dans les lieux de vie de la ville ou de la campagne, sans autre contrainte que l’assurance de leur sécurité. Et au farniente, et à la solitude, et au rêve. C’est comme ça que se construit le futur adulte.
Et la puissance publique a le devoir de garantir cette éducation globale à tous, urbains et ruraux, fils de riches et filles de pauvres, enfants de parents très occupés au travail et jeunes de familles où les adultes disposent de plus de temps, petits vivant dans une commune riche pouvant offrir mille et une activités périscolaires et jeunes générations de quartiers populaires risquant d’être livrés à la rue. C’est le principe républicain qu’on appelle... l’Égalité.
A La Seyne, nous assurons depuis longtemps une offre d’animation éducative des temps de loisirs, plus étoffée que ce qui existe en bien d’autres endroits, tant par nos services communaux de l’enfance, des sports ou de la culture, que par notre riche tissu associatif. La Seyne, en d’autres temps, a été site pilote pour les aménagements des rythmes de vie des enfants et des jeunes, notamment en zone d’éducation prioritaire. Et nous avons poursuivi au-delà du moment où l’État a supprimé ses subsides pour assurer cette offre. Nous savons faire et nous sommes volontaires pour accompagner le souhait du ministre. Mais, car il y a des « mais »...
De nouvelles habitudes ont été prises par les familles avec des week-ends de deux jours libérés. Depuis la suppression du samedi matin en classe, une nouvelle organisation du travail des enseignants et des personnels communaux et associatifs a vu le jour, qu’on ne peut rayer d’un trait de plume. L’ouverture des écoles le mercredi matin a un coût pour la ville, pour l’entretien, la restauration scolaire, les transports. Des familles ont des enfants scolarisés dans des établissements de diverses communes, qui peuvent à juste titre être gênées par des emplois du temps différents.
Alors, hâtons-nous lentement. Visons l’objectif. Et prenons le temps d’organiser sa mise en œuvre durable et efficiente. C’est pourquoi j’ai pris plusieurs décisions de bon sens.
La première est de créer, dans une démarche de démocratie participative à laquelle je tiens, un comité des usagers des rythmes scolaires, avec des enseignants, des animateurs, des associations, des syndicats, des parents d’élèves, des représentants des conseils de quartiers, et d’autres, qui va finaliser un projet à proposer aux élus et à l’Éducation nationale.
La seconde est que cette nouvelle organisation soit mise en œuvre à budget constant pour la commune, tout en étant assurée égalitairement pour les enfants de tous les établissements de la ville.
La troisième est de conditionner, en vue d’une nécessaire harmonie, une nouvelle organisation en faveur des enfants des écoles primaires à une même approche socio-éducative prenant en compte les rythmes chronobiologiques également en faveur des collégiens, notamment des plus défavorisés, alors que telle direction de collège, au mépris des orientations du Projet éducatif local de la commune et des acteurs associatifs, semble faire machine arrière sur une organisation qui va depuis longtemps dans le sens souhaité par le ministre, qui porte ses fruits depuis près de trente ans, et qui est soutenue par la puissance publique.
Et la quatrième, c’est de traiter la question à l’échelle intercommunale, pour une approche partagée, permettant d’assurer une unicité républicaine d’offre sur notre territoire, même si la compétence de l’éducation périscolaire n’a pas été transférée à la communauté d’agglomération, et c’est en ce sens que j’ai souhaité que nous, les douze maires de Toulon Provence Méditerranée, demandions à nos adjoints et services chargés de l’éducation et de la jeunesse de travailler ensemble à un projet commun efficace, réaliste, et novateur.
Au prix de ces quatre exigences, on pourra sûrement proposer à nos futurs adultes citoyens une belle organisation éducative, scolaire, périscolaire, et extrascolaire. Et aller dans le sens juste souhaité par Vincent Peillon.