26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 18:44

http://infos.fncv.com/public/2009/banlieue-cite-hlm-courneuve-4000.jpgAvec une cinquantaine de mes collègues maires de villes dont une bonne partie de la population réside dans des quartiers populaires, nous avons été choqués de l'annonce par le Premier Ministre François Fillon du nouveau report à 2011, voire à plus tard, d'une réforme tant attendue de la "politique de la ville". Nous vivons en République. Aucun espace de notre territoire national ne doit être délaissé. Les valeurs de fraternité et d'égalité, qui figurent aux frontons de nos édifices publics, doivent s'appliquer. Au regard des réalités de certaines cités de la banlieue parisienne, par exemple, La Seyne n'est certes pas la plus mal lotie des communes pauvres de notre pays, mais l'écart est frappant avec les autres villes de notre région. Et elle connaît, malgré un important Programme de Rénovation Urbaine, une difficulté croissante dans l'accompagnement social de ses concitoyens les plus en difficulté. La solidarité nationale doit s'exercer. Pour manifester notre inquiétude de voir s'accélérer la "ghettoïsation" de nos cités d'habitat social et nos centres anciens paupérisés, nous avons co-signé une lettre ouverte dont l'initiative revient à notre collègue Claude Dilain, maire de Clichy-sous-Bois :

"Faudra-t-il de nouvelles émeutes pour que les pouvoirs publics s’intéressent à nos villes et à ceux qui y vivent ? Il ne s’agit pas seulement de délinquance, des trafics ou de la violence qui seuls parviennent à capter l’attention des media. Au-delà de l’insécurité, inacceptable, nous subissons, et chaque jour davantage, l’enclavement, le chômage, l’échec scolaire, le mal logement, et une pénurie des services publics. Les habitants souffrent au quotidien, et nourrissent un sentiment d'abandon qu'une grande partie de la société française a du mal à concevoir.

"Les taux d'abstention records aux dernières élections dans certains quartiers n'est d'ailleurs qu'un signe supplémentaire de la défiance des habitants de ces quartiers vis à vis de la capacité du Politique à changer cette situation.

"Les conséquences de cette détresse, associées à la « peur des ghettos » ressenties par ceux qui ne vivent pas en banlieue, ne sont pas que locales. Elles renforcent la fragmentation sociale et urbaine : souhaitons-nous vivre dans une société « balkanisée » ? Le sentiment de ne pas vivre « dans le même monde », partagé tant par les habitants des ghettos que par ceux qui y sont extérieurs, met en cause non seulement la cohésion sociale mais aussi notre pacte républicain.

"Sans débat, sans même s'en rendre compte, la France est en train de changer de société : la liberté, l'égalité, la fraternité sont menacées au profit de « l'entre soi » et de l'inégalité.

"Les maires de banlieue sont en colère. Ils ne cessent d'interpeller les pouvoirs publics sur ces dangers. En vain. La Secrétaire d'Etat en charge de la politique de la ville elle-même en est réduite à écrire au Premier Ministre pour s'inquiéter des retards pris sur la réforme des politiques en faveur des quartiers les plus difficiles.

"Cette réforme de la politique de la ville, associée à la réforme territoriale et des finances locales, semble trop technique pour s'imposer politiquement et médiatiquement. Elle est au contraire au coeur de notre projet de société et nous donnera peut être les outils qui nous permettront de lutter contre les inégalités territoriales et la relégation de catégories entières de population aux marges de la société.

"Les élus de banlieue ont fait des propositions, restées aujourd'hui sans réponses.

"Tant attendue, l'installation prochaine du Conseil National des Villes par le Premier ministre, doit être l'occasion d'une mobilisation politique réelle en faveur des banlieues les plus difficiles, avant qu'il ne soit trop tard."


 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Rénovation urbaine - aménagements et habitat