27 septembre 2014 6 27 /09 /septembre /2014 03:56

http://www.rubansdupatrimoine.ffbatiment.fr/Portals/0/Archives/IMAGES/83_Le_Seyne_sur_Mer.jpgUne nouvelle fois, La Seyne peut s'enorgueillir de voir sa politique de préservation et valorisation de son patrimoine reconnue par la "Fondation du patrimoine" et la "Fédération du bâtiment" qui viennent de lui décerner un nouveau prix départemental, celui des "Rubans du patrimoine". C'est cette année pour la réhabilitation et l'aménagement d'une bâtisse du XVIIIe siècle, en centre ville, devenue la Bibliothèque de théâtre Armand-Gatti.

La remise de ces "Rubans du patrimoine" m'a donné l'occasion de dresser un tour d'horizon des efforts que la ville a consentis en ce domaine depuis une dizaine d'années, de rappeler ma volonté d'impulser une approche globale de dynamisation du centre ville et d'encourager ceux qui s'y investissent, malgré, parfois, des difficultés dues à certaines personnes peu respectueuses, et de dire combien il n'y a rien de paradoxal à ce que la culture, dont le théâtre, prenne toute sa place dans la dynamique de reconquête économique, urbaine et sociale d'un quartier ancien en lourde difficulté.

Mon propos...

”A celles et ceux qui ont assisté vendredi dernier au Fort Napoléon à la cérémonie d'ouverture des Journées européennes du Patrimoine, je dois expliquer mon absence ce jour-là. Car en général, je n'y déroge pas, vous le savez. Et notamment parce que, la plupart du temps, à l'occasion de ces journées, nous avons eu à inaugurer des monuments ou édifices patrimoniaux. L'inauguration d'abord de notre vénérable pont levant rénové, en 2009, puis celles des Maisons Bourradet, deux années de rang, Maisons du Patrimoine et de l'Image et Maison de l'Habitat (celle-ci ayant également été honorée par les Rubans du patrimoine), et enfin en 2013, l'inauguration du chemin du patrimoine en centre ville…

”Et comme mon absence la semaine dernière n'a rien changé au cours de l'Histoire, Florence Cyrulnik me représentant avantageusement, je l'évoque surtout pour expliquer que j'avais dû me rendre ce jour-là à Paris défendre le projet de cinéma aux Ateliers mécaniques, devant la Commission nationale d'aménagement commercial qui est l'instance de recours, d'appel, pour les projets retoqués en commission départementale. Nous attendons d'un jour à l’autre le verdict. Je ne peux vous en dire davantage.

”Enfin, cela nous ramène à une fâcheuse - et assez pathétique, il faut le dire - turbulence de la dernière campagne électorale dans un climat où l'union sacrée pour le développement économique et culturel de La Seyne n'était pas vraiment la priorité du moment. En tout cas, pas pour tous.

”Mais nous voici revenus à des temps d'entente cordiale. Rien de britannique là-dedans, que du seyno-seynois, mais si la période est rude, très rude pour les finances locales en general. Si la vie est difficile pour tous les Français, en particulier dans des quartiers comme celui où nous trouvons, qui souffrent encore hélas de la pauvreté, des marchands de sommeil, de l'incivisme et de la délinquance, si donc la période est rude, au moins pouvons-nous espérer que l'intérêt général va prévaloir et que l'on va désormais se mobiliser, toutes et tous pour ce centre ville. C'est en tout cas l'objectif central - sans mauvais jeu de mot - de la municipalité pour ce mandat, d'ici 2020.

 

 

UN GRAND ÉLAN SOLIDAIRE POUR LE COEUR DE VILLE

 ”Oui, ce que je souhaite, c'est un grand élan solidaire, privé et public pour pour notre "Coeur de ville". Coeur de ville, appellation bien galvaudée, je sais, mais bien jolie, et tellement exacte. Car ici bat le pouls de La Seyne. Et une ville doit avoir un coeur, du coeur… Vous voyez, on peut décliner à l'infini l'expression de la fierté d'être Seynois, la nécessité absolue d'avoir un vrai coeur de ville et d'avoir du coeur pour nous-mêmes, mais aussi pour accueillir les visiteurs, les voisins, les touristes…

 ”Lorsque nous avons inauguré cette Bibliothèque de Théâtre, en décembre 2011 - en présence d'Armand Gatti d'ailleurs, qui nous fera bientôt je crois à nouveau l'honneur et le plaisir de sa presence -, je notais avec vous qu'il y a un apparent paradoxe à inaugurer ici une belle bâtisse, superbement rénovée, devant accueillir une compagnie théâtrale et surtout une bibliothèque, en un centre ville où les difficultés sociales sont bien réelles, cuisantes, pour celles et ceux qui les vivent...

”Et je concluais avec vous que, bien entendu, le paradoxe n'est qu'apparent. J'y reviendrai.

 

ICI EST LE DROIT IMPRESCRIPTIBLE DE LA LIBRE EXPRESSION

”Mais à propos d'événements culturels dans l'espace public, je voudrais dire ici avec solennité, avec toute la détermination de la puissance publique que j'ai l'honneur d'incarner sur la commune de La Seyne, que je ne tolérerai pas que des événements culturels, spectacle vivant, animations, lectures publiques… soient troublés et a fortiori empêchés par quelque trublion de l'ordre public que ce soit ! Ceux qui étaient là la semaine dernière savent de quoi je veux parler.

”Ici est la République ! Ici est le droit imprescriptible de la libre expression ! Ici sont l'égalité et la fraternité !

”Et à toutes celles et ceux, agents municipaux, commerçants et forains, artistes bien sûr, bénévoles associatifs, qui s'échinent à réanimer l'espace public, à lui rendre à la fois convivialité et dignité… A tous ceux-là, je demande de faire encore plus, je salue leur travail… je les félicite et les remercie au nom de tous. Je les soutiens, nous les soutenons de toutes nos forces institutionnelles et humaines, fraternelles… et j'appelle la puissance publique d'Etat à toujours jouer pleinement son rôle, régalien, dans notre démocratie, de gardien de l'ordre, de la paix et de la tranquillité publique.

Il n'y a ici aucun droit privé qui primera sur le droit public. Je pense que je suis assez clair.

“Comment d'ailleurs, dans ces conditions, pourrait-on considérer que les Journées du patrimoine, que la rénovation de nos richesses historiques, de nos trésors architecturaux, que les Rubans du patrimoine… comment pourrait-on considérer que tout cela ne revêt pas une importance cruciale ?

”C'est pourquoi je veux rendre hommage, et surtout encourager à persister, tous ceux qui oeuvrent pour la valorisation de nos richesses identitaires, de Berthe à Fabregas (puisque ce sont les deux grandes dernières balades du patrimoine, demain matin, si je ne me trompe…) de l'héritage de La Navale à celui de la balnéarité et de Michel Pacha, en passant par Les Sablettes de Pouillon et, bien sûr, les fortifications, l'épopée des soldats de l'An II et l'envol de l'Aigle, comme le Musée Balaguier le commémore encore à sa manière jusqu'en novembre, en ayant prolongé son exposition sur ce thème…

”C'est dans ce contexte que nous recevons avec fierté les “Rubans du patrimoine”. Loin, bien loin d'être un colifichet, ce ruban, nous l'accrochons à la boutonnière de tous les artisans de cette belle rénovation et de tous ceux qui oeuvrent pour embellir notre centre-ville. 

”Bien sûr, les rubans du patrimoine viennent récompenser un geste architectural, un geste à la fois artistique et technique, un acte d'aménagement urbain bien sûr, et de conservation du patrimoine.

”Il faut saluer tous les acteurs, c'est bien le cas de le dire, mes collègues élus, en particulier Florence Cyrulnik, qui s'est battue avec passion pour ce projet, mais aussi Claude Astore et Rachid Maziane, lors du précédent mandat, ainsi que toutes les équipes de la Ville, qui font un boulot remarquable.

”Et je salue aussi l'excellent travail de la SAGEM, des entreprises et bien sûr de l'architecte Véronique Wood, qui a signé cette rénovation.

 

QUE SERAIT UN ÉDIFICE SANS CE QU'ON Y FAIT ?

 ”Mais, en plus de la qualité architecturale, de conservation de revalorisation du patrimoine, il y a le théâtre. Car que serait un édifice sans ce qu'on y fait ? Que serait une maison sans ses habitants ? Car ce lieu, comme on ne le sait pas encore assez, abrite des milliers d'ouvrages de théâtre, ce qui en fait un lieu d'exception dans la région et au-delà, en France…

”Et la belle et longue histoire du théâtre et des grands hommes de théâtre, des écrivains comme des metteurs en scène ou acteurs, nous parle ici, sans relâche. Des anciens et des nouveaux. C'est cela, aussi l'intérêt. La bibliothèque Armand Gatti, c'est d'abord un lieu vivant !

”En cette période de crise et dans ce centre qui cherche sa redynamisation, comment ne pas entendre cet auteur dramatique, Michel Vinaver, qui déclarait il y a quelques années -je le cite- "Pour que le théâtre advienne, il faut qu’il y ait une catastrophe, un crime, une promesse non tenue, une passion contrariée, un conflit, une offense, un déni de justice, un malentendu, un abus de pouvoir, une attente déçue, la violation d’un interdit, un travers, un accident, un déficit, une trahison, un reniement, une exclusion, une tromperie, une machination, un empêchement…"

“Et comment, nous, ici, aujourd'hui, ne pas entendre Peter Brook, lorsqu'il dit, parlant du théâtre d'avant-garde que "La pauvreté n’est pas un inconvénient" et que "le manque d’argent n’est pas une excuse"… Je sais à quel point vous savez cela, à quel point cela fait votre travail et votre vie vous, les artistes, associations et même agents municipaux, qui oeuvrez avec abnégation et détermination pour animer ces rues et ces places !

Et comme La Seyne a souvent, et va encore plus que jamais, célébrer les arts de la rue, le théâtre de rue, ce qui est aussi l'une de vos activités bien sûr, Georges Perpès avec la compagnie Orphéon et certaines des résidences que vous organisez, permettez-moi deux dernières courtes citations émanant de l'un des inspirateurs du théâtre de rue, Peter Schumann, fondateur du fameux "Bread et Puppet Theater", qui cherchait à nous persuader que "le théâtre est aussi indispensable à l’homme que le pain". et qui rappelait avec intelligence que - je cite encore - "Les habitants du ghetto ne voient jamais arriver d’ange. Ils essaient de survivre".

 

ICI, EN CŒUR DE VILLE, FAISONS MIEUX QUE SURVIVRE : VIVONS !

 ”Eh bien, comme lui, faisons mieux que survivre ! Vivons. Vivons pleinement notre vie et notre ville…

”Voilà, ces rubans du patrimoine nous suggèrent tout cela, merci de nous les attribuer, merci de nous encourager. Nous en serons dignes.

”Je veux que l'on reprenne courage et que notre action pour ce centre reprenne tout son sens. C'est la seule condition pour que le bonheur et le développement économique revienne. Pour qu'un élan, qui verra une population se diversifier, sans exclusion, un enrichissement du quartier ne laissant personne sur le bord du chemin.

“Oui, décidément oui, le paradoxe n'est qu'apparent. Car en réalité, le développement d'une société, d'une ville, l'occurrence, et d'un quartier, est à la fois culturel et social. Indissociablement.”

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Publié par Marc Vuillemot - dans Rénovation urbaine - aménagements et habitat