Extraordinaire, le premier spectacle du festival seynois de cirque "Janvier dans les étoiles", intitulé "Le bal des intouchables", par la compagnie des Colporteurs ! Et ça se poursuit tous les jours jusqu'au 3 février. J'invite mes visiteurs à réserver pour l'un ou l'autre des spectacles (consultez le programme ICI). Vraiment !
La soirée inaugurale s'est ouverte avec les propos du Directeur Régional des Affaires Culturelles, Denis Louche, du représentant de "Marseille Provence 2013, capitale européenne de la culture" qui labellise notre festival, de Christiane Grandchamp, présidente de "Théâtre Europe", l'association qui organise le festival, de Daniel Hermann, adjoint au maire de Marseille, puisque La Seyne partage avec notre métropole provençale le titre de "pôle national des arts du cirque", de Jean-Sébastien Vialatte, vice-président de Toulon Provence Méditerranée chargé de la culture. Et le mien, au double titre de représentant du Conseil régional PACA qui soutient le festival, et de maire de La Seyne. Je vous le livre...
« Quatorzième édition du festival de cirque contemporain « Janvier dans les étoiles ». Et, en janvier, cette année !
« 2013, année marseillaise… mais aussi grand moment seynois.
« Nous sommes, vous êtes, m’a-t-on dit, si l’on excepte, les excellentes « Joutes musicales » de Correns, la seule manifestation varoise de ce grand raout bucco-rhodanien.
« Il faut dire qu’il y a au moins une forme de logique sémantique, - oh, je vous concède que ce n’est pas la plus importante -, à ce que la capitale européenne de la culture ait retenu Théâtre-Europe comme partenaire.
« Vous partagez la distinction « Pôle national du cirque », que nous avons obtenue ensemble l’année dernière, avec la ville de Marseille et le CREAC, votre alter ego phocéen.
« Nous défendions, et nous défendons toujours, le fait que la culture est l’une des réponses aux problématiques de notre société dans la recherche du lien social.
« Et c’est pourquoi, avec mes collègues Renaud Gauquelin, maire de Rillieux-la-Pape (Rhône), et Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), nous étions reçus mercredi soir dernier, au titre de l’association des maires « Ville & banlieue », au cabinet d’Aurélie Filipetti, la ministre de la culture et de la communication.
« A cette occasion, j’ai d’ailleurs remis un dossier sur Théâtre-Europe et le festival « Janvier dans les étoiles » parce vous avez quelques inquiétudes quant au maintien des différentes subventions.
« Au ministère, nous avons plaidé pour un effort culturel en faveur des populations de nos grands quartiers populaires, à partir des propositions que nous avions formulées aux divers candidats à la Présidence de la République. Nous avons été satisfaits de relever que nos objectifs restent très concordants avec ceux de la ministre.
« On compte en France près de 5 000 bibliothèques publiques, 1200 musées (50 millions d’entrées)… 1 Français sur 5 voit une exposition dans l’année, 1 sur 2 va au cinéma, au cirque, au théâtre... Bref, il y a plus de gens qui vont dans un lieu de culture que dans les stades – Ne me faites pas dire qu’il ne faut pas aider les sportifs (je ne suis ni grand, ni fort et je ne cours plus très vite...), mais plutôt qu’il faut aider, aussi, les gens de culture.
« Et la ministre, tout comme nous, souhaite impliquer les artistes dans le portage des politiques socio-culturelles, sensibiliser les populations, doter les territoires de conseils locaux de promotion des pratiques culturelles, renforcer la culture vivante dans les cursus scolaires, ce que, d’une certaine manière, Théâtre-Europe réalise déjà.
« À La Seyne, on est plutôt bien avancés dans la réalisation de ces objectifs, nous appuyant sur des expériences historiques et des volontés partagées. Nos efforts portent sur tous les quartiers, du nord au sud de la ville, avec des équipements communaux dont les fonctionnements vont peu à peu tous dans le sens d’une appropriation par tous, d’activités ouvertes aux enfants, notamment élèves, autant qu’aux ainés, et d’artistes en résidence.
« Cela ne peut se faire sans les partenaires financeurs : la Ville bien sûr, le Conseil général (mon petit doigt me dit que la conjoncture étant ce qu’elle est, il voudrait baisser son aide : ce serait dur, car il faut sans faillir soutenir, et le Théâtre-Liberté, et Théâtre-Europe, et bien sûr le RCT), le Conseil régional, les services centraux et déconcentrés de l’Etat (DRAC, et ministère de la culture) - je soulignais d’ailleurs, mardi soir à l’inauguration de la médiathèque Andrée Chédid, l’importance de l’implication de l’Etat dans le financement de cet équipement public -.
« Tous, comme nous nous efforçons de le faire à La Seyne, maintenez vos efforts, vous en serez remerciés… sans doute par de nouvelles demandes… la satiété en ce domaine n’est jamais atteinte, c’est la loi du genre, alors même que... le travail intellectuel porterait en lui-même sa récompense.
« Alors cette édition ? Elle s’annonce comme chaque fois riche et variée, et peut-être encore plus pour cette année exceptionnelle, un festival plus long, des troupes internationales, des acrobates, des virtuoses, de la musique, de la poésie, du mélange des genres, des nouvelles scènes pour petits et grands, du plaisir, du bonheur.
« Tous les hommes recherchent le bonheur. Ils viennent d’ailleurs pour ce festival de toute la région et au-delà, et nous en sommes très fiers.
« Le genre humain a évolué en dégageant une propension spontanée à se faire confiance, à faire preuve de réciprocités les uns vis-à-vis des autres… dans l’allégresse, dans les épreuves, et dans le quotidien du travail partagé dans le but de produire de la belle ouvrage.
« De fait, l’activité circassienne est une merveilleuse allégorie des hommes qui font société. Serait-ce qu’il ne peut y avoir de bonheur sans partage, sans amitié ?
Je ne suis pas loin de le penser, on ne peut pas être heureux tout seul : même riche et adulé, la solitude est un voile pesant (référez-vous aux pages des magazines people !).
« Notre quotidien, malheureusement, est une société favorisant les individualités, toujours plus compétitive, augmentant les primes et durcissant les peines, dans le but avoué d’obtenir plus ; plus d’efforts, plus de rendement, au détriment de l’esprit collectif. Ces primes, ces bonus individualisés, créent un nouveau rapport au travail et rejettent ce qui en faisait sa valeur traditionnelle : le souci de bien faire, d’être respecté pour son savoir-faire, d’être fier de son action.
« Même si le travail est ainsi devenu ce moyen désenchanté de gagner sa vie, sans être, pour soi, une source de satisfaction, je continue de défendre, vous le savez, « une société éducative » à tous les âges, où serait développée la capacité d’apprendre à apprendre et la curiosité de l’esprit.
« C’est la condition nécessaire pour avoir la possibilité d’agir sur son propre destin dans ce monde de mouvement et de changement, de tirer le meilleur parti de ses capacités virtuelles. Il s’agit d’apprendre à vivre ensemble en développant la connaissance des autres, de s’appuyer sur nos interdépendances pour la réalisation de projets communs, de conjurer les périls, et de réduire les nuisances.
« Alors, les artistes du cirque sont un contre-exemple : ils montrent que la conscience individuelle doit pouvoir exercer sa force par le relais de la conscience du groupe, par la recherche et la sauvegarde de l’authenticité, de la diversité et de l’identité.
« Profitons pleinement de ce qu’ils nous montrent.
« Aussi, chers amis, oublions, le temps de ce festival, ce quotidien morose pour nous éblouir des étoiles de janvier, qui allient passion, travail, solidarité, et nous procurent, le temps d’un spectacle, évasion, joie et détente.
« A tous, du bon temps dans les étoiles ! »