La Loi est claire : depuis 12 ans, la République nous rappelle que nous devons respecter les choix de vie des gens du voyage, et que les communes doivent participer à leur accueil en réalisant des aires d'accueil pour quelques dizaines de familles et des sites dits "aires de grand passage" pour les importants déplacements, généralement estivaux et liés à des pratiques religieuses, pouvant regrouper plusieurs centaines de familles. Dans notre agglomération, cette compétence a été transférée des communes à TPM, et le très officiel schéma départemental pour l'accueil et l'habitat des gens du voyage stipule que nous devons disposer, de Six-Fours à Hyères, de deux aires d'accueil d'une trentaine de places de caravanes et d'une aire de grand passage d'au moins 150 emplacements.
Nous ne sommes pas encore, collectivement et solidairement entre nos douze communes du "Grand Toulon", en règle avec la Loi. L'aire d'accueil de l'Ouest toulonnais, en particulier, prévue à La Millonne sur la commune de Six-Fours, a connu des retards de travaux, mais devrait être mise en service à la mi-juin. Mais il reste surtout le problème de la localisation de l'aire de grand passage, pour laquelle 20.000 mètres carrés de terrain sont nécessaires. Difficile à trouver lorsqu'on connaît la rareté et le coût du foncier dans notre coin ! Le site du "Ceinturon", à Hyères, a été retenu, mais il semble qu'une espèce végétale protégée bloque le projet.
Le préfet a récemment été clair, et je ne peux lui donner tort : tant que les communes de l'agglomération ne seront pas en règle avec la Loi, les maires, comme les particuliers, ne pourront obtenir de la Justice qu'elle ordonne des expulsions rapides de personnes qui s'installeraient illicitement sur des terrains, publics ou privés. Et donc de bénéficier de l'appui de la force publique. Le problème est donc complexe.
Et les maires que nous sommes sont ces jours-ci bien ennuyés, car pas moins de quatre grands rassemblements de gens du voyage sont prévus chez nous. Tout le monde était en difficulté, hier dimanche, à Hyères, tant la municipalité que la centaine de familles de gens du voyage, ainsi que le rapporte le quotidien Var-matin. Le maire de Sanary, lui aussi, a dû se résigner à constater une installation nombreuse sur un terrain de sport. Nous avons aussi connu ça, à Six-Fours il y a deux ans et au stade Léry l'an dernier. De notre côté, j'ai établi un contact il y a plusieurs jours avec les organisateurs d'un de ces rassemblements, annoncé à La Seyne ces jours-ci, pour 80 familles. Le dialogue existe, chacun fait preuve de compréhension, les services communaux sont sur le pont, mais je n'ai aucune solution locale publique pour accueillir tant de monde sur un espace aménagé, avec électricité, adduction d'eau et conditions d'assainissement et de gestion des déchets ménagers satisfaisantes. On doit donc s'attendre à une installation dans des conditions aléatoires, contre laquelle je ne pourrai rien faire.
On sait ce qu'il advient parfois en pareille situation... les gens du voyage s'installent sur un terrain, public ou privé, qui leur convient à peu près, et certains, peu scrupuleux, ce qui n'est évidemment pas le cas de tous, mais assez sûrs de leur bon droit puisque nous ne sommes pas en règle avec la Loi, n'hésitent pas à effectuer des branchements sauvages, "piratant" eau et électricité de la commune ou de particuliers, et mettant même en péril leur propre sécurité.
Cette situation n'est pas acceptable. Je veux à la fois respecter la Loi et pouvoir la faire respecter à ceux qui ne s'y astreignent pas. L'aire de grand passage prévue à Hyères doit être réalisée. Il appartient à la puissance publique de savoir dépasser les difficultés liées à une herbe rare : les humains d'abord, les végétaux ensuite ! C'est le bon sens. Je jure que, si je disposais d'un terrain de deux hectares à La Seyne, je le mettrais volontiers à disposition de TPM, mais force est de reconnaître qu'il n'existe aucun espace correspondant à ce besoin. Nous ne pouvons pas compter non plus sur d'éventuelles propriétés de l'État qui n'existent pas chez nous.
En attendant, j'invite mes concitoyens à la compréhension, nos visiteurs au respect des espaces qu'ils vont utiliser, les personnels de la commune à la poursuite de leur accompagnement efficace et humain de ce type de situation, et la police nationale à être attentive.
Mais il y a urgence à régler la question de façon durable. Vraiment.