Parfois, certains de mes concitoyens seynois sont étonnants. Le même qui, il y a quelques mois, au bas du marché, fustigeait les employés municipaux sur l'air de "il y en a trop, tous des planqués, et c'est nos impôts qui les payent", m'interpellait il y a peu pour me reprocher de ne pas embaucher un de ses proches sur un poste qu'il aurait fallu que je crée pour l'occasion...
Ça m'a donné l'idée d'analyser un peu l'évolution des effectifs de la commune au cours des cinq années écoulées.
UNE ÉVOLUTION DES EFFECTIFS TRÈS INFÉRIEURE À CELLE DE LA POPULATION
Si on exclut les employés occasionnels, les apprentis et emplois d'insertion (de type "contrat d'accompagnement dans l'emploi" d'hier ou "emplois d'avenir" d'aujourd'hui) et les saisonniers estivaux, dont les effectifs ont toujours été très variables d'une année à l'autre, pour s'en tenir aux emplois permanents, on est passé entre fin 2007 et fin 2012 de 1342 à 1374 personnes, soit un accroissement de 2,38%, tandis que la population légale passait sur la même période de 56.768 à 62.082 habitants, soit une augmentation de 9,36%.
La commune aurait-elle donc, proportionnellement, moins de moyens humains pour répondre aux besoins de ses habitants ?
L'IMPACT COMPLEXE DE LA RÉFORME DES RETRAITES DES FONCTIONNAIRES
Nullement, même si, dans certains services, la pénibilité du travail génère, notamment chez les agents les plus âgés, plus d'arrêts de maladie que dans d'autres secteurs, qu'il est parfois difficile de remplacer, et si, donc, le service peut quelques rares fois un peu s'en ressentir malgré les efforts volontaires des collègues de travail des absents qui font preuve d'un réel engagement pour les suppléer. Et cette situation a tendance à s'installer depuis la réforme des retraites des fonctionnaires, désormais obligés de repousser l'âge de leur départ, ce qui accroît donc le nombre d'agents plus fragiles. On comptait ainsi jadis environ 70 départs annuels pour seulement une vingtaine aujourd'hui. Et cela devrait perdurer quelques années, le temps que le renouvellement par les départs à la retraite ait repris un rythme normal... et sous réserve qu'une nouvelle réforme ne vienne pas repousser à nouveau l'âge de la cessation d'activité ! Ceci étant, comme dans toutes les collectivités, cela entraîne parfois la nécessité de pourvoir à des remplacements avec des personnels non titulaires afin d'assurer la continuité du service. Ainsi, alors que 28 non permanents suffisaient en 2007, il en aura fallu 77 en 2012.
Toutes catégories confondues, permanents ou non, cela aura ainsi représenté un accroissement de de personnel de 5,91% sur la période, certes inférieur à l'augmentation de 9,36% de la population, mais important tout de même dans une ville qui doit gérer ses finances à flux tendu.
UN ÉQUILIBRE DIFFICILE À TROUVER
C'est un difficile équilibre à trouver entre gérer au plus juste, en nous en tenant aux créations de postes indispensables et en supprimant les postes pouvant l'être dès lors qu'ils sont vacants (ce qui justifie que je laisse généralement peu d'espoir à ceux qui sollicitent une embauche), et assurer les ressources humaines nécessaires pour la meilleure offre possible de services publics à nos concitoyens.
D'ailleurs, je reviendrai demain sur les remunicipalisations, développements et créations de nouveaux services, qui ont eu lieu ces cinq dernières années. On le verra, l'investissement humain aura été "rentable"...
Au bout du compte, même si, pour nos équipes, beaucoup de choses restent à améliorer, notamment en matière de parcours professionnel, de valorisation de l'engagement, d'accompagnement social, de meilleures conditions de travail et de remplacement des absents, nos personnels donnent le meilleur d'eux-mêmes et n'ont pas à rougir des services qu'il rendent à nos concitoyens. Toute ma gratitude à nos agents et à nos cadres.
> La suite dans un second article...
> J'ai "emprunté" l'image illustrant cet article à un site d'un syndicat (CGT) qui organisait il y a deux ans une campagne sur le thème des services publics. Je peux la retirer sur demande, bien sûr.