18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 06:37

http://www.bio-provence.org/local/cache-vignettes/L172xH207/logoABComm3-1b04f.jpgLorsqu'on circule en direction de la plage de Fabrégas, dans la dernière ligne droite, on remarque depuis quelques semaines une grille de fer d'originale facture, rappelant un peu une haie de ganivelles, qui interdit l'accès à 3,5 hectares des anciennes terres agricoles du "Domaine". On s'est peut-être demandé si le Conservatoire du Littoral et la Ville, respectivement propriétaire et gestionnaire des 55 hectares maraîchers et forestiers à protéger et valoriser, ont renoncé à leur engagement d'ouvrir largement les lieux à la population. Il n'en est rien, naturellement.

Non seulement les personnels communaux, ayant également le statut de gardes du littoral, qui veillent activement sur ce joyau sauvé de l'urbanisation, poursuivent dans les espaces boisés, avec l'appui de l'Office national des forêts, d'entreprises d'insertion de personnes en voie de professionnalisation, de détenus en fin de peine effectuant des chantiers en vue de leur retour à la liberté, et même de bénévoles associatifs, leur mission de débroussaillement, enlèvement des déchets, arrachage des sujets végétaux invasifs pour sauvegarder et favoriser la reconquête durable des sols par les espèces endémiques, réfection des restanques, sentes et autres aménagements forestiers, comme de l'ancienne ferme et du vieux moulin, mais, de plus, ils font preuve d'une totale disponibilité pour renseigner, conseiller, parfois réprimander, les promeneurs, de plus en plus nombreux à cheminer dans ce site remarquable dont chacun s'accorde à dire "qu'il revient de loin".

 

LA FORÊT REVIGORÉE ET MISE EN VALEUR POUR UNE APPROPRIATION RAISONNÉE

 Leurs objectifs sont largement dépassés et le fait que le Conservatoire du littoral négocie en ce moment l'acquisition d'une importante parcelle privée, du côté du lavoir des Moulières, à rattacher au Domaine, augmentant leur charge de travail par quelques hectares de plus, ne les effraie pas. Au contraire, ils voient dans ce projet d'extension une aubaine, permettant de traiter un secteur qui a été copieusement affecté ces dernières années par le dépôt de tonnes de gravats et déchets, dans une zone dominant le ruisseau à partir duquel ont été réalisés des canaux et aqueducs assurant le fonctionnement de moulins et l'irrigation des terres cultivées.

Mais revenons à la grande grille, à l'autre bout du Domaine. On aura noté que, derrière elle, les terres ont été labourées, et que des immenses tas de souches et racines attendent d'être détruits. On aperçoit bien les planches de terrain telles qu'elles étaient jadis, judicieusement inclinées pour que leur irrigation par gravitation soit de nouveau assurée. De la moutarde blanche va être semée pour enrichir les terres chargées d'argile appauvries par l'invasion de plants de fenouil ; cette plante fourragère joue un rôle "d'engrais vert" en fonctionnant comme "piège à nitrates solubles" et, grâce à sa puissante racine, permet de briser les mottes d'argile.

 

DE NOMBREUX CANDIDATS POUR LA SÉLECTION DE L'AGRICULTEUR BIO

 Car l'idée d'ouvrir ces espaces à la culture biologique fait son chemin. Déjà, de toute la France, quarante-trois dossiers ont été retirés par des agriculteurs "bio" ayant répondu à la proposition municipale de passer avec l'un d'eux une convention pour créer et gérer une exploitation maraîchère produisant au moins trente légumes différents. Courant janvier va débuter la sélection - anonyme ! - du futur paysan, avec l'appui des services d'État de l'agriculture et de la forêt, de la Chambre d'agriculture du Var, et de l'association "Agribiovar", structure varoise de la Fédération nationale de l'agriculture biologique.

L'exploitant aura obligation de répondre aux appels d'offres du service de restauration scolaire communale afin de fournir, de façon très républicaine, aux enfants de tous quartiers et toutes conditions sociales, écoliers, enfants des crèches et des centres de loisirs, au moins les 20% de légumes "bio" qui constituent une obligation légale depuis le "Grenelle de l'environnement", que nos "cantines" servent déjà, mais qui, demain, seront acheminés par un "circuit court", du producteur seynois aux jeunes consommateurs seynois. Lorsqu'on sait qu'une étude réalisée par l'agglomération toulonnaise a montré que, avec sept hectares de production, on peut fournir en produits bio toutes les cantines scolaires des douze communes de notre "Grand Toulon", on imagine bien que, avec la moitié, on produira au-delà des besoins des 6000 repas servis au quotidien pour la seule ville de La Seyne.

C'est pourquoi le "paysan municipal" disposera aussi d'un point de vente pour le grand public et que, d'ores et déjà, des entreprises de distribution raisonnée de produits agricoles biologiques manifestent leur intérêt pour acheter une part de la production, voire beaucoup plus si l'exploitant ne parvenait pas à être retenu dans le cadre des marchés municipaux de fourniture de légumes produits suivant les normes exemplaires de ce type de culture.

 

UNE EXPLOITATION MARAÎCHÈRE, UN VERGER ET UN RÛCHER BIOLOGIQUES

 Je me dois enfin de finir le "tour du gestionnaire", deux ans à peine après le début de la belle aventure de la renaissance du "Domaine de Fabrégas" que notre équipe est fière d'avoir imaginée et impulsée, en signalant que des plantations d'arbres fruitiers ont été réalisées en vue de faire fonctionner un "verger pédagogique", ouvert aux écoles et groupes de visiteurs, qui n'est pas délégué à un exploitant privé mais géré par les employés communaux eux-mêmes, et que l'un d'eux entame une formation d'apiculteur afin de compléter notre "panel agricole périurbain" d'un "rucher pédagogique" de production de... miel bio public !

On comprend mieux désormais la raison des grilles protectrices. Gare aux sangliers goulus qui descendent des collines de Janas. Et aussi aux chapardeurs des légumes destinés aux enfants !

La belle aventure verte seynoise continue donc. Qui l'aurait cru il y a quelques années, alors que les riverains et visiteurs tremblaient depuis trente ans à l'idée de voir un village touristique ou un lotissement émerger de ces terres laissées à l'abandon ?...

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Publié par Marc Vuillemot - dans Nature - mer et développement durable