Grand merci à la Marine Nationale, aux services civils de l'État, et aux entreprises, dont la seynoise FOSELEV-Marine, qui coopèrent à Brégaillon pour le démantèlement de trois vieux navires de la flotte militaire française. La promesse faite lors d'une réunion publique a été tenue. Avec Gilles Vincent, conseiller général et maire de Saint-Mandrier, et surtout président du contrat de baie, avec Raphaëlle Leguen, première adjointe déléguée à la mer, avec les responsables des comités d'intérêt local de défense des quartiers littoraux de la Rade, des dirigeants d'associations de protection de l'environnement, et de la presse locale et spécialisée, nous avons touché du doigt et nous avons été plus que convaincus. Tout est vraiment mis en œuvre pour éviter quelque diffusion de produits dangereux (amiante, plomb, hydrocarbures, particules, etc.), que ce soit dans la mer ou dans l'air.
UN PROCESS INNOVANT, SÉCURISÉ, ET TRANSFÉRABLE DANS LE MONDE ENTIER
J'ai pourtant cru un moment qu'on nous avait roulés dans la farine lorsque, au lieu de nous conduire sur le site de la déconstruction, on nous a menés... dans le salon d'un hôtel pour nous présenter... un diaporama ! Mon sang n'a fait qu'un tour ; j'ai haussé le ton, annoncé que je ne me prêterai pas à une mascarade, me suis levé pour quitter les lieux, suivi du président du contrat de baie, déplorant vivement qu'on puisse ainsi se moquer des bénévoles des associations présentes qui prennent de leur temps pour défendre l'intérêt sanitaire de nos concitoyens !
Il suffisait pourtant de le dire d'entrée : la visite sur place était prévue dans un second temps ! Et elle a bien eu lieu, longue, complète, détaillée, très pédagogique, avec les dirigeants et les employés des entreprises d'une totale disponibilité pour expliquer et répondre aux questions, qui disposent chacune d'une part d'un savoir-faire pointu, d'une expérience avérée, d'une capacité d'imagination de solutions concrètes, et qui, ensemble, conçoivent et réalisent, dans une démarche de recherche-action coopérative haut-de-gamme, un process de déconstruction totalement sécurisé, tant pour les opérateurs du chantier que pour l'environnement marin et les quartiers voisins.
UNE VISITE COMPLÈTE, AUCUNE ZONE D'OMBRE, DES RÉPONSES À TOUT
Nous avons tout vu : les méthodes de partage du bâteau en secteurs traités chacun en fonction de sa spécificité, les dispositifs de confinement avec des aspirations constantes quatre fois supérieures aux normes, les sas de désamiantage où toutes les normes légales sont au moins doublées, les circuits sécurisés des morceaux découpés pollués, puis ceux des matériaux traités et des déchets dangereux, la robotisation inventée pour l'occasion afin que les opérateurs travaillent à distance, les espaces à double ou triple épaisseur de confinement, les moteurs de secours et systèmes d'alarmes, les circuits de déshabillage et lavage des personnels et de destruction des combinaisons de protection, la haute protection des lieux de vie des agents, les relevés, minute par minute, des actions des ouvriers, les enregistrements vidéo constants des manoeuvres réalisées, les états des contrôles effectués par les entreprises elles-mêmes, par une société spécialisée, et par les services de l'État. Tout. Vraiment tout. Et on a répondu à toutes les interrogations.
Je l'affirme : il faudrait vraiment une attaque de Martiens, une bombe atomique ou un tsunami pour qu'un incident survienne. Mon copain - bien qu'adversaire politique - Robert Durand, responsable d'une association de défense de l'environnement, et ingénieur écologue de métier, qui est pourtant un champion toutes catégories de la suspicion, me l'a dit : c'est parfait. Les dirigeants des entreprises et les personnels, des ouvriers aux ingénieurs, peuvent être fiers de leur chantier. Et la Marine Nationale d'avoir fait le bon choix... et d'avoir accepté notre exigence citoyenne de toucher nous-mêmes du doigt la réalité des choses, tant l'amiante, à La Seyne, est un sujet brûlant, avec ses milliers de malades, morts ou en sursis.
UNE FILIÈRE MAJEURE POUR L'ÉCONOMIE ET L'EMPLOI DU "GRAND TOULON"
Et c'est tant mieux. Parce que cette filière est un vrai atout pour la Rade. C'est une activité industrielle propre, novatrice, s'appuyant sur les savoir-faire historiques de La Seyne constructrice de navires pendant des siècles, ingénieuse et capable de concevoir des process transférables en tous points du globe pour éviter que, dans certains pays, des hommes et même, hélas, des enfants meurent faute de technicité et d'obligations de sécurité.
Il y a matière à développement économique durable, sans aucun doute. Il y a des milliers de navires en fin de vie en France et dans le Monde. Je ne sais si FOSELEV et Topp-Decide voudront poursuivre en répondant à de futurs appels d'offres, ni si DCNS, autre acteur économique majeur de la construction navale dans la Rade de Toulon, dont l'État est actionnaire majoritaire, réalisera enfin qu'il y a là un potentiel de dynamisation économique et de maintien et développement de l'emploi technologique et industriel, mais il est désormais vital que la puissance publique pose un regard sur cette filière où l'ingéniosité française est avérée.
Quoi qu'en disent plusieurs de mes concurrents prompts à s'effaroucher et à brandir l'étendard du risque écologique, on ne peut et on ne doit pas compter que sur le tourisme, le loisir, l'immobilier et les services à la personne pour que nos concitoyens de La Seyne et du Grand Toulon aient, tous, quels que soient leurs niveaux de formation, droit à ce qui fait les hommes libres et debout : un travail, garantie un vrai statut social.
> J'ai "chipé" la photo d'illustration de cet article sur l'excellent site Internet "Mer et marine" ; je peux la retirer sur demande, naturellement.