/image%2F1454492%2F20251103%2Fob_a060f6_capture-d-ecran-2025-11-03-a-16-55.png)
On le sait, ce sont 12.000 familles, dont 3.000 seynoises, et pas seulement les plus pauvres, qui, ayant droit à un logement social dans la métropole toulonnaise, sont en attente, parfois depuis plus de dix ans. On connaît et comprend les difficultés plus ou moins réelles que chaque commune rencontre pour se mettre en règle avec la loi imposant 25% de logements de logements sociaux. Mais la loi doit être respectée. Il faut rénover l'ancien mais il faut aussi construire, partout où c'est possible.
Le foncier de l'ancienne école maternelle Eugénie-Cotton, en périphérie immédiate du centre historique, au quartier Saint-Jean, a été mis en vente par la commune. Une entreprise sociale pour l’habitat (ESH), filiale du Groupe Action Logement, très reconnue en Provence et déjà opérateur efficace de quatre résidences à La Seyne, s'est portée acquéreur. Un projet de 26 logements y est prévu. Mais la Ville indique dans Var-matin que l'accord avec cette entreprise est caduc « sans préciser la raison ». Ça signifie quoi, « sans préciser la raison » ?...
Les Seynoises et Seynois ont le droit de savoir. On peut bien sûr émettre diverses hypothèses. Comme tous les opérateurs du logement intermédiaire et social, l'ESH en question est confrontée aux misères que l'État fait subir au secteur. Mais celle-ci, questionnée par la presse spécialisée, conduisant une stratégie efficace de diversification de son activité, ne semble pas être en difficulté au point de renoncer à un programme de 26 logements alors qu'elle annonce en livrer 8.000 d'ici 2028. S'il y a un problème, il faut sûrement le chercher ailleurs.
EST-CE VRAIMENT L'OPÉRATEUR IMMOBILIER QUI EST CAUSE DE LA SUSPENSION DU PROJET ?
Faute d'indices patents et de communication de la part de la Ville, on ne peut que se perdre en conjectures. On peut imaginer que l'ESH souhaiterait réaliser sur cet espace un programme plus conséquent qui consoliderait l'économie générale de son projet ; si tel était le cas, une négociation devrait permettre de trouver une solution médiane, sous réserve qu'elle ne nuise pas à la volonté communale, qu'on peut approuver, de conserver une part de son foncier pour des espaces publics.
On pourrait aussi supposer que la Ville veuille temporiser. Un certain nombre de citoyens de notre région disposant d'un logement souffrent d'un mal funeste dont le symptôme est une vision déformée de leurs semblables résidant en habitat social ou aspirant à y accéder, qui leur apparaissent comme des êtres malsains, dangereux, qu'il convient d'éloigner ou, au moins, de ne pas côtoyer. Or le seul remède connu à ce jour contre ce syndrome est à base d'éducation civique et morale qui dope les hormones de la fraternité, de la solidarité et de l'égalité, mais qui fait cruellement défaut dans les officines pourvoyeuses d'éveil et d'élévation des consciences. Et cette pathologie n'empêche pas les gens qui en sont atteints d'être des électeurs. On a vu en 2020 combien était électoralement pertinente l'idée de dénoncer un projet de résidence comportant seulement une quarantaine de logements sociaux au quartier Costechaude : les scores électoraux en faveur de la droite, opposée à ce programme immobilier, ont été significativement élevés dans les bureaux de vote de ce secteur de la commune. Ceux de notre équipe de gauche, en revanche, qui soutenait le projet, ont été bien plus bas qu'à l'accoutumée.
C'est dur à dire, mais entre les lignes du slogan « stop au béton ! », c'est souvent « stop aux futurs habitants du béton ! » qu'il faut lire. C’est d’autant plus vrai lorsqu'on le proclame à propos d’un programme sur un terrain déjà entièrement imperméabilisé par de l'asphalte comme c'est le cas à l'ancienne école Eugénie-Cotton. Je n'ose l'imaginer, mais la municipalité, à quelques mois de l'élection communale, tenterait-elle de rassurer les riverains-électeurs du quartier Saint-Jean en faisant oublier le projet sur ce foncier municipal ?
S'ENGAGER À AGIR AUPRÈS DES SEYNOIS... QUI DOIVENT PRENDRE EN MAIN LEUR DESTIN
Mais la cause du retard peut être tout à fait autre. Pour éviter toute supputation, spéculation ou interprétation infondées, la municipalité doit révéler sa vérité sur le sujet. Et, au-delà, sur sa vision de la nécessaire application de la loi SRU qui impose à chaque commune de disposer de 25% de logements sociaux, faute de quoi l'État lui retient une part de ses dotations financières, en l'occurence pour La Seyne près d'un million d'euros par an. Et tous les candidats à l'élection municipale devraient s'y astreindre.
Ceux des gauches et de l'écologie, à moins qu'ils n'aient changé de perspective, ce qui m'étonnerait, sont favorables au respect de la loi SRU, avec prioritairement pour La Seyne du logement qui ne soit pas de l'habitat "super-social" car la ville en dispose déjà de beaucoup, les communes voisines devant rattraper leur important retard. Ça doit se faire en premier lieu en produisant des résidences sur les sites déjà urbanisés (« faire de la ville sur la ville »), dans tous les quartiers de la commune où c'est possible, non seulement en respectant les espaces naturels mais en profitant des opérations pour déminéraliser, améliorer les espaces publics des alentours, dépolluer et verdir.
Les citoyens doivent connaître les intentions des divers prétendants aux fonctions d'élus municipaux. Les milliers de foyers seynois en attente d'un logement social devraient alors logiquement opter pour ceux qui s'engagent à en produire. Mais, il faut que je l'expose, sans blâmer ni stigmatiser quiconque : trop de ceux-là, qui m'interpelaient lorsque j'étais maire pour me dire leur désarroi du fait de l'attente interminable d'une proposition et me demander d'intervenir en leur faveur (ce que je ne pouvais pas faire, bien sûr), m'ont dit, après l'élection, ne s'être pas déplacés pour voter, voire même n'avoir pas fait la démarche pour s'inscrire sur les listes électorales. Alors, évidemment...
Alors, évidemment, la période pré-électorale qui a commencé doit aussi être un moyen d'éducation populaire à l'exercice de la citoyenneté. De plus en plus de municipalités mènent des actions de sensibilisation à l'importance du vote et des inscriptions sur les listes électorales. Celle de La Seyne pourrait s'y investir. Si elle ne le fait pas, et même si elle le fait, peut-être que les acteurs politiques et sociaux attachés à la démocratie et à une vraie représentativité des gens de tous quartiers et toutes situations sociales devraient s'y employer...
/image%2F1454492%2F20200923%2Fob_71c4f4_vuillemot-photo-blog-copie.png)
/image%2F1454492%2F20200923%2Fob_5f0fc6_vuillemot-photo-blog-copie.png)
/image%2F1454492%2F20240711%2Fob_422106_ob-3bd55f-capture-d-ecran-2019-03-04-a.png)
