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Deux informations récentes sur la vie politique seynoise sont passées presque inaperçues. Et pourtant, si on les relie l'une à l'autre, on peut mesurer combien la majorité locale, à l'image de ce que droite et extrême-droite sont au plan national et mondial, choisit de cibler les plus modestes de nos concitoyens, pauvres et classes moyennes, pour leur faire chèrement payer le coût de la crise alors qu'ils sont ceux qui en subissent le plus durement les effets.
L'une de ces informations date du 13 décembre dernier. Il s'agit de la toute dernière des délibérations soumise aux élus du conseil municipal ce jour-là, relative au coût des énergies pour la collectivité locale. L'autre, toute récente, est une révélation de la maire sur le même sujet, rapportée par la presse écrite locale dans un point de début d'année 2023.
FAIRE PAYER LES GRANDS GROUPES PÉTROLIERS ET GAZIERS, UNE MAUVAISE IDÉE ?
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Le groupe des élus des gauches et de l'écologie du conseil municipal, conscient des difficultés budgétaires que représente pour la commune l'explosion des coûts de l'énergie, a proposé à la maire de faire adopter une motion à adresser au ministre de la Transition énergétique, réclamant « un retour au tarif règlementé [de l'énergie] pour l'ensemble des collectivités territoriales, entreprises et particuliers, une mise à contribution des grands groupes pétroliers et gaziers dont les profits ont explosé ces dernières années, et un retour à une maîtrise publique de la stratégie énergétique, dans sa production et sa distribution, au service de la population et non de la spéculation. »
Le rapport de l'organisation internationale de développement OXFAM, paru ces jours derniers, l'explique : « La guerre en Ukraine a provoqué une crise de l’énergie et une crise du coût de la vie. Certaines entreprises dans des secteurs comme le pétrole, le gaz, les transports ou l’agro-alimentaire ont profité de la guerre pour augmenter leurs marges et réaliser des superprofits. Loin d’être le résultat d’une innovation, ou d’un gain de productivité, ces profits « tombés du ciel » (windfall profits) sont des profits engrangés grâce à la guerre. Les 95 plus grandes entreprises de l’énergie et l’agro-alimentaire ont multiplié leurs profits par 2,5 (plus de 300 milliards d’euros). 84% des profits supplémentaires a été reversé aux actionnaires, alimentant la fortune des milliardaires de ces secteurs comme Rodolphe Saadé ou Carrie Perrodo. Ces profits tombés du ciel ne sont pas sans conséquence, ils ont tiré le prix de l’énergie (+28%) et de nombreux aliments de première nécessité (+12%) vers le haut. En France, plus de la moitié de l’augmentation du prix de l’énergie serait due aux marges exceptionnelles de ces quelques entreprises et près de 40% du prix pour les transports, avec des répercussions sur l’essence, le gaz, mais aussi l’alimentation. »
LA MAIRE FAIT REJETER LA MOTION... AVEC D'ÉTRANGES SOUTIENS
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Des communes françaises, plutôt animées par la gauche, mais pas seulement, ont ainsi émis le vœu que l'État fasse payer les super-profiteurs. Mais pas La Seyne. Soumise au vote, la motion proposée par les élus des gauches et de l'écologie a été rejetée par les conseillers municipaux par 22 voix tandis que 21 suffrages y étaient favorables. Il n'a donc manqué qu'une voix, mais cette voix fut suffisante pour que La Seyne se refuse à plaider auprès de l'État pour qu'il contraigne les profiteurs de crise à venir à son secours. Étrange parti pris.
Si l'on analyse le détail des votes, l'opposition à la motion est celle de la maire de droite et de l'équipe des élus qui lui sont encore fidèles ou qui l'ont rejointe après avoir dit d'elle pis que pendre. Une partie de la droite, celle opposée à la maire, a dépassé les clivages et soutenu la proposition de bon sens de la gauche. L'abstention de l'extrême-droite a de fait conforté la maire. Mais, c'est étonnant et inquiétant, la non-participation au vote d'élues se situant jadis à gauche – au point que l'une d'elles a porté les couleurs de la NUPES aux dernières élections législatives !... – ont aussi concouru à défendre avec la maire le rejet d'une motion qui visait à obtenir du gouvernement qu'il fasse payer les vrais responsables de la situation financière tendue du budget énergie de la commune.
POUR COUVRIR LES SURCOÛTS DE L'ÉNERGIE, AUGMENTER LES TARIFS DES SERVICES MUNICIPAUX ?...
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On aurait pu en rester là si, dans une déclaration à la presse locale, la maire n'était revenue sur le sujet préoccupant du coût des énergies pour la Ville. Ainsi le quotidien "La Marseillaise" rapporte que, pour couvrir les dépenses supplémentaires, la maire a annoncé, certes une augmentation du taux de la taxe d'habitation sur les résidences secondaires, mais aussi... « des augmentations des tarifs municipaux » !
La boucle est bouclée. À La Seyne, nos élus préfèrent mettre à contribution les citoyens plutôt que ceux qui, déjà immensément riches, accroissent leur fortune grâce à la crise internationale. Comment l'annonce de la maire va-t-elle se traduire ? Qu'en sera-t-il des prix des crèches, du déjeuner à la cantine scolaire et périscolaire, souvent le seul repas équilibré et en quantité suffisante pour les plus humbles, des garderies du matin et du soir à l'école, des activités socio-éducatives des temps libres de la semaine et des vacances, des écoles municipales de sport et des Beaux-Arts, du musée du Fort Balaguier, des médiathèques, des activités en faveur de nos seniors, des opérations funéraires, ou des droits d'occupation du domaine public pour nos commerçants déjà à la peine ?...
Non, vraiment, à La Seyne comme ailleurs, droite et gauche, ce n'est pas pareil.
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