20 janvier 2022 4 20 /01 /janvier /2022 06:04

Le titre de l’article du journal « Les Échos » qui l’a annoncé ce mercredi résume à lui seul le drame et le tragi-comique de la situation : « Une partie du fleuron varois CNIM va être placée en redressement judiciaire ».

S’il n’est pas trop tard, va-t-on enfin écouter ce que nous nous évertuons à réclamer, à savoir l’entrée de l’État, au moins temporaire, au capital du groupe ?

L'impact d'un démantèlement serait terrible sur le territoire local et varois. Des milliers d'emplois, directs et indirects, sont en jeu. 

Les élus du territoire vont-ils demeurer bras ballants face à la catastrophe annoncée ?...
 

 

CNIM EST RECONNU COMME UN FLEURON TECHNOLOGIQUE D'AVENIR

 

Oui, CNIM est un fleuron industriel, technologique et environnemental. Le site Internet de l'École de guerre économique, qu'on ne peut guère qualifier de doux-rêveur marxiste comme certains estiment que je le suis, expliquait fin 2020 : « Constructions navales et industrielles de la Méditerranée (CNIM) est une entreprise stratégique pour la France et ce pour plusieurs motifs. Le groupe CNIM est bien intégré dans l’industrie de défense française notamment dans le programme de dissuasion nucléaire. Mais CNIM est aussi investi dans l’innovation. En témoigne sa place dans le pôle de compétitivité Mer Méditerranée au titre duquel le groupe est qualifié de « membre essentiel » par Hubert Falco, président de Toulon-Métropole-Méditerranée. CNIM a aussi suivi le tournant des démarches environnementales et dans la diversification de ses activités elle est positionnée sur le marché de la valorisation énergétique des déchets et des biomasses. Enfin, il est intéressant de souligner que Bertin Instruments, une filiale de CNIM, joue un rôle décisif dans la crise sanitaire que nous traversons actuellement en développant diverses solutions de détection du virus. »

 

ET ON LAISSERAIT DÉMANTELER UN TEL FLEURON ?

 

Et c’est bien pour ça qu’il est dramatiquement paradoxal que l’État laisse la situation se dégrader au point d’en arriver à l’irrémédiable. Ses apports en prêts et non en capital, il y a moins d’un an, n’y ont rien fait, comme c’était hélas prévisible. Les boursicoteurs, en mars dernier, s’étaient frottés les mains, le cours de l’action du groupe ayant bondi de près de 20 % en une journée, et ayant triplé en un semestre. Mais c’était hélas bien insuffisant. Le démantèlement est désormais à l’ordre du jour par décision du tribunal de commerce. Ce mercredi 19 janvier, le cours a été suspendu à la Bourse de Paris.

 

« IL EST DU DEVOIR DES INSTITUTIONS FRANÇAISES DE PROTÉGER CET ATOUT »

 

Les analystes de l’École de guerre économique, lorsqu’il était envisagé le risque d’un rachat par des opérateurs chinois, alertaient déjà comme moi qui ne suis en rien un spécialiste : « Alors que le duopole sino-américain amorce une nouvelle logique de bloc, la guerre froide a muté en guerre économique. Il est peut-être temps pour la France de retrouver son statut d’alternative qui savait exprimer son véto. Une capacité d’opposition qui pourrait s'avérer nécessaire dans le cas de CNIM. Laisser à des mains étrangères une concentration si importante de compétences industrielles serait une grave erreur. Engagé dans nombre de secteurs stratégiques, à la fois dans la défense, la santé, l'énergie et l'environnement, il est du devoir des institutions françaises de protéger et de conserver cet atout afin de relever au mieux les défis à venir pour notre pays. »

 

DES MILLIERS D'EMPLOIS EN JEU !

 

Et leur conclusion était sans appel dans le cas où l’État s’y refuserait : « En tant qu’employeur notable de la région, c’est toute l’économie locale qui serait indirectement impactée. Ainsi, les 2600 emplois sont en partie menacés par la mise en fiducie des activités de l’entreprise. Des postes occupés par des employés aux savoir-faire et compétences bien spécifiques. C’est l'industrie française qui se verrait encore une fois amputée de son patrimoine vivant, à savoir ceux qui la font vivre par leur travail. »

 

"CHOOSE FRANCE" MAIS PAS "MADE IN FRANCE" ? VA-T-ON LAISSER FAIRE ?

 

À quelques jours de celui où le Président de la République s’est réjoui du succès du programme Choose France en soulignant que « la France se maintient depuis deux ans au premier rang européen des investissements directs étrangers, la forte attractivité du pays valide la politique économique en cours », le gouvernement continue à faire la sourde oreille aux cris de détresse de ceux qui veulent juste sauver l’existant bien de chez nous. À l’évidence, Choose France compte plus que Made in France.

 

On pouvait s'attendre à ce que l'enjeu fasse les gros titres de la presse locale ce jeudi matin. Il n'en est rien. Les édiles seynois, intercommunaux, départementaux, régionaux vont-ils se taire ? Je suis certain que la population seynoise et varoise, comme elle le fut pour la construction navale, serait à leurs côtés, et ceux des syndicats, pour exiger de la Nation ce qui est dû au territoire. Il y a urgence vitale.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Économie - tourisme et commerce