22 janvier 2022 6 22 /01 /janvier /2022 11:36

La maire de La Seyne a fait preuve de pragmatisme et de courtoisie républicaine en acceptant de soumettre au vote du conseil municipal une motion de soutien à l'entreprise CNIM et ses salariés, réclamant l'entrée de l'État au capital du groupe, que les élus des gauches et de l'écologie ont proposée.

Cette motion a été adoptée par 17 voix pour et une seule voix contre. C'est une bonne nouvelle. Au-delà des diversités de sensibilités politiques, les votants de l'assemblée communale ont fait bloc pour exiger de l'État qu'il sauve le fleuron de notre économie industrielle.

Mais ce vote est terni par l'abstention de 31 des 49 conseillers municipaux. Et ça, c'est stupéfiant...

 

MOTION VOTÉE, MAIS MAJORITÉ DIVISÉE

On ne saura qui sont ces abstentionnistes que lorsque sera publié le compte-rendu de la séance du conseil municipal. Mais on peut d'ores et déjà faire quelques calculs. Parmi les 17 votes favorables, on compte bien sûr les 5 élus minoritaires du groupe "L'énergie positive pour une ville verte et ouverte" (liste EELV, PCF, PRG, PS, GRS) qui ont proposé la motion. Il y a donc 12 autres élus qui se sont prononcés pour exiger de l'État son entrée au capital du groupe CNIM. Si on suppose que les 8 autres élus des oppositions d'extrême-droite, de droite et indépendants ont tous voté favorablement – ce qui semble très peu probable –, il reste que 4 élus de la majorité de droite ont aussi soutenu la motion.

Il y en a sûrement plus que ça car on peut douter que ceux du Rassemblement National aient vu d'un bon œil l'initiative, pourtant constructive, des conseillers des gauches et de l'écologie. Mais, en tous cas, pas plus d'une douzaine, dans l'hypothèse où les 8 élus de toutes les autres oppositions se seraient abstenus, puisqu'il n'y a eu que 17 votes favorables.

 

LA FRACTURE DE L'ÉQUIPE DE LA MAIRE RÉVÉLÉE MÊME SUR UN ENJEU MAJEUR

En tout état de cause, sur cet enjeu, après d'autres désaccords, la majorité municipale se révèle très fragmentée. De deux choses l'une...

Si la maire a accepté de soumettre au vote la motion proposée par la gauche, pourtant déposée hors délai vu l'urgence, c'est qu'elle lui semblait en cohérence avec sa proposition au ministre de l'Économie d'obtenir « une solution similaire aux chantiers navals de Saint-Nazaire avec une nationalisation transitoire ». Elle a donc dû voter favorablement. Mais elle n'a été suivie par seulement de 3 à 11 des 35 élus de sa majorité. C'est stupéfiant.

Si la maire n'avait pas souhaité que cette motion soit votée, elle pouvait arguer de son dépôt hors délai. Elle pouvait aussi accepter de la soumettre au vote en indiquant que sa majorité ne la voterait pas en invoquant n'importe quel prétexte, du genre « c'est de la politique nationale qui ne concerne pas le conseil municipal ». Mais elle ne l'a pas fait et, dans ce cas-là également, si c'est elle-même et sa majorité qui se sont abstenus, elle n'a pas été suivie par une partie des siens. C'est tout aussi stupéfiant.

 

L'IMPORTANT EST QUE LE CONSEIL MUNICIPAL APPELLE À L'ENTRÉE DE L'ÉTAT AU CAPITAL DE CNIM

La crise de la majorité communale semble bien profonde. La Seyne n'a pas besoin de ça. Surtout dans cette période où la plus grande entreprise du bassin est à l'agonie, entrainant dans son déclin des sociétés sous-traitantes, et fragilisant bien d'autres, du commerce et des services, avec le risque de disparition de centaines d'emplois locaux dont les bénéficiaires et leurs familles consommeront moins.

L'adresse à l'État a tout de même été adoptée, même si elle a moins de poids que si elle avait été votée par un conseil municipal unanime ou presque. Il faudra que, lorsque seront connus les abstentionnistes et l'unique opposant assumé, les salariés et acteurs économiques se souviennent de ceux qui les auront abandonnés.

Mais, un tiers de siècle après la fin de la construction navale, il faut surtout que l'État entende le cri de La Seyne pour son économie et ses emplois.

 

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POST-SCRIPTUM

À ceux de mes visiteurs qui m'ont contacté pour m'indiquer que je me trompais, voire se sont gaussés de moi, puisque Var-matin annonçait ce samedi que la motion avait été rejetée, je suis au regret d'expliquer que c'est hélas le journaliste qui a mal interprété le vote. Seuls les suffrages exprimés sont comptabilisés en France. Le quotidien a d'ailleurs rectifié dans son édition de ce dimanche et les élus des gauches et de l'écologie l'ont précisé, non sans humour, sur leur blog. L'autre journal local, La Marseillaise, avait quant à lui apporté l'information exacte. 

 

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Économie - tourisme et commerce