Déjà que l'argent est une denrée rare pour les collectivités locales qui abritent des quartiers populaires fragiles, faut-il qu'elles mettent en plus la main à la poche lorsqu'elles s'inscrivent dans un dispositif impulsé par l'État pour répondre aux besoins des plus pauvres de leurs habitants ?
On a le sentiment que La Seyne, comme d'autres communes, s'est laissée abuser par l'État pour son programme de "Cité éducative".
La Ville n'avait pas à engager des financements pour ce dispositif. Pourquoi l'a-t-elle fait ?
Et ça pourrait n'être pas fini...
IL N'A JAMAIS ÉTÉ QUESTION QUE LA COMMUNE FINANCE !
Les choses étaient pourtant claires dès 2019, lorsque nous avons reçu Julien Denormandie, alors ministre en charge de la Ville, venu porter sur les fonts baptismaux l'une des toutes premières "cités éducatives" de France : l'aide, d'ailleurs significative, de l'État venait en complément, pour le renforcer, de ce que la commune investissait déjà en faveur des 0-25 ans pour compenser sur le plan éducatif scolaire, périscolaire, socio-sportif et socioculturel les inégalités dont souffrent nos jeunes concitoyens des milieux populaires, en l'occurence ceux des secteurs de scolarisation de trois de nos quatre collèges publics.
C'était convenu ainsi. Notre Ville fait beaucoup d'efforts pour l'enfance et la jeunesse, bien au-delà de ses obligations. Et l'État lui en impose déjà des supplémentaires, par exemple en la contraignant à assumer les surcoûts découlant de la décision gouvernementale de "dédoubler" les effectifs des petites classes de l'enseignement primaire pour aider à la réussite scolaire dans les quartiers classés "Réseau d'éducation prioritaire" (ce qui, en soi, est une bonne chose) : agents des écoles maternelles supplémentaires, coût doublés d'entretien des locaux, d'électricité, de chauffage, fournitures et logistique, etc.
Mais, à La Seyne comme ailleurs, il n'a jamais été question pour les "cités éducatives" que la commune soit contrainte d'aller au-delà de la valorisation des charges qu'elle assume déjà.
L'ÉTAT A TENTÉ UN COUP DE POKER, LA SEYNE S'EST LAISSÉE PRENDRE
Profitant peut-être de l'alternance politique locale de 2020, l'État a manifestement tenté – et réussi – un coup de poker avec La Seyne. Voilà que, ainsi que le rapportait Var-matin il y a un an, l'adjoint au maire chargé de la politique de la ville annonçait avoir dû engager la commune dans un financement du dispositif. Ça changeait tout.
Mais, au lieu d'en profiter pour envoyer un coup de griffe polémique et revanchard sur ses prédécesseurs en rejetant sur eux la faute, pourquoi la municipalité, comme d'autres l'ont fait, ne s'est-elle pas opposée à ce coup de force gouvernemental ?
Et qu'on ne fasse croire à personne que, sans participation financière de la Ville, l'État serait revenu en arrière sur sa décision d'octroyer à La Seyne le label "Cité éducative" ! Il n'y aucune obligation pour une collectivité à financer. D'ailleurs, le rapport récemment publié par la très officielle Mission d'appui et d'accompagnement des cités éducatives, le confirme :
MAIS LE PIRE EST À VENIR. LA SEYNE VA-T-ELLE ACCEPTER L'INACCEPTABLE ?
Espérons à présent que, suivant l'adage "chat échaudé craint l'eau froide", la Ville ne se fasse pas avoir une deuxième fois. Car le pire est à venir. Le même rapport annonce la couleur :
C'est clair. Il n'y a aucune certitude quant à la poursuite du financement de l'État au-delà de 2022. Celui-ci pourrait envisager d'imposer aux collectivités locales un cofinancement à 50%. Et, là, ça changerait tout.
L'État libéral est coutumier du fait. Il lance un programme, accorde des appuis d'amorçage au début, et puis se retire, laissant les collectivités se débrouiller. Et, si elles ne le peuvent pas, elles assument la responsabilité face à leurs administrés de l'arrêt d'un dispositif qui, à l'usage, s'est avéré bénéfique, voire indispensable. Le maire est plus à portée de claque que le ministre...
Je sais bien qu'il n'est pas dans la culture conservatrice libérale des élus de l'équipe municipale seynoise d'engager une lutte contre l'ordre gouvernemental. On n'a pas beaucoup vu la droite seynoise se mobiliser pour notre maternité, notre hôpital, nos bureaux de poste, notre gare ferroviaire, lorsque ces services publics locaux ont été attaqués.
Et, là, si les annonces de la mission devaient se concrétiser, qu'en sera-t-il ? Sera-ce encore la faute des prédécesseurs qui n'avaient qu'à pas engager la commune dans ce dispositif de "cité éducative" ?...