20 avril 2021 2 20 /04 /avril /2021 12:40

À chacun ses responsabilités à assumer : à l'État l'Éducation nationale, la sécurité publique et la Justice ; aux collectivités locales l'accompagnement de l'éducation, l'action socio-éducative préventive et la lutte contre les incivilités.

La décision du gouvernement de répondre en partie aux attentes de La Seyne en matière de moyens humains pour la police nationale doit aider à remettre dans le bon sens les répartitions des champs de compétence respectifs de la Nation et de notre territoire seynois et varois. Chacun son métier, ce qui n'interdit pas les coopérations et la complémentarité.

 

Le moment est venu. Après que j'ai obtenu au cours de mes mandats de maire les classements de certains quartiers seynois en Zones de sécurité prioritaire, puis en Quartiers de reconquête républicaine, et une Brigade spécialisée de terrain, ayant apporté quelques moyens en ressources humaines et logistiques, il restait à les conforter. L'annonce récente de 25 policiers d'État supplémentaires pour notre commissariat, s'ils ne servent pas qu'à compenser des départs en retraite non remplacés, et s'il s'agit de fonctionnaires assez aguerris, doit permettre de lever des ambiguïtés qui s'éternisent trop.

 

UNE POLICE MUNICIPALE, OUI, MAIS PAS POUR FAIRE LE TRAVAIL DE CELLE DE L'ÉTAT

On doit donc en finir avec les annonces démagogiques promettant sans cesse de renforcer les polices municipales, sans se préoccuper des coûts induits, d'autant que leurs statuts ne leur permettent pas de remplir certaines missions que seule la police d'État peut accomplir. En revanche, on a le devoir d'assumer ses responsabilités locales : bien sûr, la coopération avec la police d'État en y apportant un appui, mais surtout celles de l'éducation périscolaire, le sport, la culture, la prévention de la délinquance, l'appui à la fonction parentale, le droit à la santé et au logement, ou l'insertion sociale et professionnelle.

 

PRÉVENTION : À CHACUN D'ASSUMER SES PROPRES MISSIONS

Il n'est pas normal que le Conseil régional de Provence se soit désengagé des mesures d'accompagnement social de nos quartiers prioritaires et nos chantiers d'insertion, tout en dépensant des sommes non négligeables pour d'éphémères opérations spectaculaires de sécurité dans les gares ferroviaires.

Il n'est pas normal que le Conseil départemental du Var n'ait pas réglé la question des secteurs de scolarisation des collèges, dégradant autant les conditions d'apprentissage par des classes surchargées de ceux qui sont en sureffectif que, par des fermetures abusives de postes d'enseignants, celles de ceux qui manquent d'élèves. Il n'est pas normal que le Département du Var se soit désinvesti depuis des années du soutien aux associations de terrain qui font œuvre de “prévention naturelle” pour les enfants et les jeunes désœuvrés.

Il n'est pas normal que la Commune de La Seyne ait, en une année, réduit de 27% les aides qu'elle apportait aux associations s'occupant de l'accompagnement de la scolarité, la prévention spécialisée de la délinquance, l'animation des temps libres des mineurs, l'appui aux familles et à la vie sociale.

 

SI L'ÉTAT S'IMPLIQUE ENFIN, IL FAUT EN FINIR AVEC LA SURENCHÈRE LOCALE

Car la prévention des déviances, notamment des enfants, des jeunes et des jeunes adultes, ça passe d'abord par l'éducation familiale, scolaire et périscolaire, les activités émancipatrices des temps libres, et les perspectives d'insertion sociale et citoyenne par des dispositifs aidant à mettre le pied à l'étrier vers des formations qualifiantes et une perspective professionnelle. La crainte de la répression policière et de la sanction de la justice, si elle est nécessaire, ne peut en aucun cas être suffisante.

Et on est là dans des champs de compétence de collectivités locales qui, chez nous, faillissent gravement à leurs devoirs : la Région, le Département, et désormais la Commune. L'appui bienvenu de l'État à ses propres services de police doit inciter la maire et les présidents du Département et de la Région à cesser de se détourner de leurs responsabilités et à en finir avec leurs constantes annonces sécuritaires en forme de surenchère, à qui aura le plus de policiers municipaux ou de vigiles contrôlant les usagers du rail devant passer sous des portiques de détection. Il est temps de revenir aux fondamentaux des missions préventives.

Que chacun, État et divers échelons du territoire, s'emploie à assumer ses propres tâches.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Civisme - prévention et sécurité