Naturellement, la situation de mars 2020, juste avant le confinement sanitaire, et celle de mars 2021, ne sont en rien comparables. Il aurait été irresponsable de prévoir, comme les années précédentes, un ensemble d'événements pour la Journée internationale des droits des femmes, pour mettre en lumière des Seynoises engagées dans le monde économique, social, culturel, environnemental, sportif ou mémoriel, organiser des débats publics sur les enjeux, ou animer des moments festifs et culturels. La municipalité a bien fait d'y renoncer pour cette année, même si elle a soutenu la belle initiative associative des « Portraits de femmes » dont un très beau petit film, présenté au bas de cet article, est une des réalisations.
Ces événements, dont on espère le retour en 2022, étaient l'occasion de faire le point des avancées, mais aussi du long chemin qui reste à parcourir vers l'égalité en respect, en dignité et en droits, entre hommes et femmes, ici et dans le Monde. Et d'échanger, se forger des convictions, puiser des ressources pour agir encore et encore.
En ce 8 mars, La Seyne peut être fière des efforts qu'elle déploie depuis des années. Et de la lutte qu'elle doit toujours continuer à mener.
LA SEYNE N'A PAS À ROUGIR DE SES INITIATIVES POUR LES DROITS ET L'ÉGALITÉ
Le premier adjoint, M. Colin, délégué à « la défense de la cause féminine », mérite qu'on salue l'honnêteté intellectuelle de sa déclaration parue ce 8 mars dans Var-matin : « La mairie s'est déjà impliquée sur ce sujet au cours des années précédentes ». C'est à souligner car ce n'est pas toujours le cas par les temps qui courent où, vu de l'hôtel de ville, le passé est souvent voué aux oubliettes...
Et, en effet, La Seyne, le maire communiste M. Paul (1995-2001) a été le premier du Var à confier à une élue, Solange Andrieu, une délégation intitulée « Femmes dans la ville ». Après l'équipe de M. Paecht (droite – 2001-2008) qui ne comptait pas d'élu délégué à ces enjeux mais a néanmoins poursuivi diverses actions, la même Solange Andrieu (2008-2014) puis Bouchra Reano (2014-2020) ont relancé la dynamique. Le journal Internet « Le Metropolitan », qui est loin d'être un organe de propagande, listait et saluait les initiatives de notre commune en faveur des droits des femmes dans un article de mars dernier.
Les choses progressent à petits pas dans notre pays. La municipalité a bien sûr raison de diriger ses efforts vers les violences faites aux femmes et de ne pas rompre avec la stratégie de partenariat de réseau engagée avec les associations spécialisées qui conduisent un travail exceptionnel en ce domaine. Les chiffres en attestent, si toutes les classes sociales sont traversées par ces drames du quotidien, les femmes pauvres des villes pauvres en souffrent bien plus. Il est de notre devoir d'agir.
UN CHEMIN ENCORE BIEN LONG VERS L'ÉGALITÉ ET LA DIGNITÉ AU TRAVAIL
Mais, s'il est un domaine fondamental où les avancées se font attendre, c'est celui du travail. Lors du premier confinement, on a applaudi les « travailleurs essentiels » qui sont surtout... des travailleuses. Mais rien n'a été fait pour que la crise n'aggrave pas la situation. Elle a au contraire donné les meilleures raisons pour qu'on précarise et on "flexibilise" encore plus le travail des femmes salariées, par ailleurs principales victimes au travail du harcèlement et des violences, en particulier sexistes ou sexuelles. La discrimination et la précarité se sont accrues avec la crise, près des trois-quarts des femmes sont en sous-emploi, pour beaucoup du fait du temps partiel, les écarts de salaires entre hommes et femmes demeurent de l'ordre de 25%, et la loi est ainsi faite qu'il coûte moins aux employeurs de payer les "amendes" pour discrimination que de corriger les inégalités. Et c'est sans compter l'impact que va avoir la réforme du chômage qu'il est d'autant plus scandaleux de mettre en œuvre dans une période de crise absolue, qui va pénaliser les plus précaires, qui sont notamment des femmes du fait du travail partiel, des périodes d'inactivité dans les métiers qu'elles sont les plus nombreuses à exercer : services à la personne, garde d'enfants, etc. Et je n'évoque là que la situation dans notre nation...
C'est pourquoi le 8 mars doit être encore et toujours une journée de lutte.
PUISER DES FORCES POUR INLASSABLEMENT POURSUIVRE LA LUTTE
Puissions-nous encore puiser des forces pour ne pas faiblir dans ce combat, qui est un combat de classes et un combat contre les obscurantismes.
Au moins 131 des 270 femmes du « convoi des 31000 », dont seulement 49 survécurent, sont mortes dans le camp d'extermination d'Auschwitz dans les semaines autour du 8 mars 1943. Résistantes, femmes ou compagnes de résistants, gaullistes, communistes ou sans engagement politique, jeunes filles ou sexagénaires, paysannes ou urbaines, intellectuelles, ouvrières ou femmes au foyer, bourgeoises ou prolétaires, elles ont péri, après avoir continué à lutter au cœur même de leurs lieux de souffrances indicibles, pour s'être élevées contre la pire des barbaries, celle qui se fonde sur la prédominance de certains groupes sociaux sur d'autres, la ségrégation par l'origine ethnique, le choix de vie, la religion ou le courant de pensée.
Toutes les luttes, grandes et petites, sont belles et nécessaires. Mais certaines portent en elles des forces hors du commun. Et si, dans deux ans, en 2023, quatre-vingts ans après la déportation des 270 femmes du « convoi », La Seyne honorait leurs mémoires ?...
LE FILM RÉALISÉ PAR L'ASSOCIATION DU FESTIVAL PORTRAITS DE FEMMES
Avec la permission de Luc Patentreger, président de l'association...