Aujourd'hui mardi 16 juin, soyons tous avec l’hôpital. C'est en effet une mauvaise fable que leur conte le gouvernement. Après trois mois de résistance face au virus, au bout d’un engagement et d’un épuisement total, les soignants espéraient être entendus et récompensés.
Morale de l'histoire : l'État s'en tient à autoriser le don d’une journée de congé pour les soignants. Pour être honnête, il faut y ajouter les médailles et les primes, d'ailleurs inégalement distribuées. Et ce n'est pas une blague.
Et pourquoi pas un tirage spécial du loto ? ou alors la vente de timbres à l’effigie de l’hôpital ? ou l’édition d’un guide pratique pour ne pas tomber malade et ne pas surcharger les lits hospitaliers et ainsi permettre la rentabilité de la santé : « Soyez responsables, ne vous soignez pas ! »
Ayant pris acte des efforts accomplis par l'État dans divers domaines, comme celui des « vacances apprenantes » pour nos jeunes et autres dispositifs estivaux d'urgence qui vont éviter les désœuvrements propices aux déviances et tenter de combler les déficits d'acquisitions scolaires en vue de la rentrée de septembre, bénéficiant de manière inédite de 86 millions d'euros, je pensais naïvement que la cause avait été entendue, et que la question de l'intervention publique, pour la santé comme pour l'éducation, ne se posait enfin plus en terme de rentabilité. Or la réponse pour la revalorisation des métiers hospitaliers est bien loin d'être à la hauteur, elle est inconvenante.
Après les témoignages de soutien de notre population au plus fort de la crise, après les applaudissements les soirs aux fenêtres, je suis certain que tous les Seynois qui le peuvent répondront à l'appel des hospitaliers à manifester avec eux ce 16 juin, à 11 heures 30, sur la Place de la Liberté à Toulon ( * ). Ce rassemblement est en effet légitime, démocratique et responsable.
Légitime, parce que porté par un combat qui dure depuis de nombreux mois, suivi par une majorité de professionnels de la santé en détresse et en situation de maltraitance institutionnelle, et soutenu par la population.
Démocratique, parce que dans une période où les lois d’urgence confinent la représentation nationale, seule la voix de la rue peut se faire entendre.
Responsable, parce que la crise sanitaire que nous traversons n’a été gérée que par le dévouement et l’inventivité des soignants et de tous ceux qui sont désormais connus sous l’appellation des « premiers de corvée » pendant que le gouvernement ne brillait pas par sa gestion des masques et des tests.
La réponse du gouvernement à cet appel à manifester est portée par ses préfets : Interdiction de manifester !
Il n’y a rien de plus anticonstitutionnel que cette réponse autoritaire à laquelle nul ne peut se résoudre.
Parce que la santé ne peut se jouer à la loterie, parce que les soignants ne veulent pas la charité mais la solidarité de tous, parce que nos vies valent mieux que les profits d'une infime minorité, il est de notre devoir de manifester aux côtés des professionnels de la santé pour qu'ils obtiennent que soit enfin gravé dans le marbre de la Nation que la santé est un bien commun et que l’hôpital public en est son instrument.
En responsabilité, et en respectant les gestes barrières, nous devons faire corps solidaire pour sauver l’hôpital et lutter contre le virus de la financiarisation de la santé.
Chers concitoyens seynois, vous les avez applaudis. C'était un beau geste. Eh bien, soutenez-les, maintenant !
( * ) : on me pardonnera de ne pas y être moi-même, hélas, victime d'un accident domestique qui m'interdit la marche pour quelques jours.