19 juin 2019 3 19 /06 /juin /2019 04:51

Comme tous les ans, devant la stèle commémorant l'Appel à la résistance lancé le 18 juin 1940 par Charles de Gaulle, installée sous les ombrages du Parc Fernand-Braudel des Sablettes, élus, anciens combattants, corps constitués et citoyens se sont rassemblés pour rendre hommage à celui qui a appelé à résister au nazisme et à tous ceux qui y ont répondu.

 

Avant l'allocution de Jeanne Vaïsse, présidente de l'Association des Amis de la Résistance, celle de Christian Pichard, maire-adjoint communiquant le texte de la Secrétaire d'État aux Armées Geneviève Darrieussecq, puis la mienne, que je livre ci-après, a été brillamment lu un beau texte rédigé, sous la houlette de leur professeur Laurent Bourgeois, par deux élèves du collège Paul-Éluard, Inès Ben Hassen et Eden Grech, lauréats 2019 du Concours départemental de la Résistance et de la Déportation, que tout les participants ont à juste titre chaleureusement applaudis.

 

 

REFUSER UNE ÉVIDENCE EST PARFOIS D'UNE RARE CLAIRVOYANCE

 

« Le 18 juin 1940, à 18 heures, le général deux étoiles Charles de Gaulle proclame à la radio depuis Londres : "La France a perdu une bataille, mais n'a pas perdu la guerre". 

 

« Le 16 juin, il apprenait la démission du Président du Conseil, Paul Reynaud, et décidait de partir "dès le matin" pour l’Angleterre. 

 

« Les tenants, au sein du gouvernement où de Gaulle était sous-secrétaire d’Etat, de la poursuite des combats depuis l’Afrique du nord - les navires, les troupes, les armes étaient dans l’attente d’un ordre qui ne vint jamais – ont perdu la partie. Le Président de la République, Albert Lebrun, appelle Pétain, ambassadeur dans l’Espagne de Franco et convaincu qu’il faut trouver un terrain d’entente avec l’Allemagne.

 

« Le 17 juin, Pétain demande l’armistice. 

 

« L'appel du 18 juin était un message d'espoir. Il affirmait que la mondialisation de la guerre ferait la victoire. Il se terminait par un appel à la Résistance.

 

« Que nous dit-il aujourd’hui ? Que refuser ce qui est présenté comme une évidence est parfois d’une rare clairvoyance ; que la vérité ne se révèle que dans les victoires qui durent ; que les victoires ne durent que lorsqu’elles sont justes. Mais cela, l’Histoire le dira…

 

« Pourquoi Charles de Gaulle s’est-il opposé à ce Maréchal présenté comme providentiel ?

 

« Parce qu’il ne se résignait pas à la défaite ; parce qu’il savait que les batailles se gagnent dans le rassemblement et la cohésion des hommes de conviction et de volonté. Cette conviction, qu’il savait partagée par beaucoup, était que la France ne pouvait se soumettre ainsi à Hitler. Sa volonté  était de réunir tous les Français qui voulaient continuer la lutte.

 

« La Résistance est donc née du refus d’une poignée d’hommes, inconnus ou connus comme Emmanuel d’Astier de La Vigerie, Germaine Tillion, Jean Zay, et bien d’autres… beaucoup seront restés anonymes mais dans nos cœurs ils ne sont pas moins héroïques. Tous finiront par constituer l’armée des ombres, tandis que des militaires rejoignant Londres constitueront la première brigade des forces françaises libres.

 

« En France les premiers journaux clandestins surgissent, le renseignement intérieur s’organise. Alors que l’attentisme demeurait dans la population, que Vichy durcissait sa politique répressive, ce fut pour beaucoup, avec cet appel, l’heure du choix lucide.  

 

« Des regroupements s’opérèrent un peu partout… non sans que l’occupant réagisse avec violences. Ainsi fut le terrible été 1943. Il connut une vague d’arrestations et de déportations inégalée.

 

« Nonobstant, la Résistance se renforce. Certes, tous ces clandestins n’avaient pas la faveur de Londres, il faudra beaucoup de travail pour parvenir à réunir les réseaux. Ce fut le travail de Jean Moulin – un préfet renégat à l’ordre régalien du moment – Il y eu auparavant la stupeur que provoquèrent les rafles de l’été 42 – honneur au journal Combat qui titra "les juifs, nos frères" -, et les exécutions d’otages en représailles des actions de résistance.

 

 

LUTTER POUR LE BIEN PUBLIC, TOUJOURS...

 

« Tous luttaient pour le retour au modèle républicain, une société fondée sur la raison, la justice, la force du collectif. Ainsi naquirent les belles idées qui conduisirent à la création de programmes et d’organismes œuvrant pour le bien public : la sécurité sociale, la SNCF, la liberté d’expression, le droit de vote pour tous et toutes, le multipartisme…

 

« Le bien public… en merveilleux héritage de victoire ! Un appel du 18 juin à jamais lié à une haute idée de la France et de ses valeurs universelles…

 

« Notre époque, désormais numérisée, aurait, elle, pour valeur cardinale, la consommation, le culte du "maintenant, tout de suite", l’image de soi et son vecteur, bonheur-malheur, le réseau social.

 

« Il est remarquable d’observer qu’en réclamant plus de liberté pour soi, ces utilisateurs, souvent commentateurs compulsifs et désinformés, se soumettent, sans s’en rendre compte, aux lois du marketing, au pillage et à la vente des données personnelles, à la tyrannie des algorithmes inquisiteurs et prescripteurs.

 

« Dans l’entre soi les individus sont tous rois. Mais le roi est nu. Nous déchantons, adieu veau, vache, cochon ! Le pot au lait est brisé avant même d’être rempli : où s’en sont allées les promesses de jours heureux ? 

 

« La dérégulation du libéralisme économique contraint mieux que des liens.

 

« Le développement individuel grignote de l’intérieur ce qui a fait le socle républicain, ce qui a rassemblé la Résistance : l’intérêt général.

 

« Attention à ce que l’extension indéfinie des droits personnels  - qui ne seraient pas contrebalancés par le droit de tous - ne dégénère pas en tyrannie de tous ces individus sous emprise. Une ochlocratie, dénoncée déjà par Victor Hugo, qui s’exercerait sur la société toute entière : le pouvoir irréfléchi de la foule, masse manipulable.

 

 

L'ENTRE-SOI EXCLUSIF, UNE DÉRIVE QUI MÈNE DROIT À LA GUERRE

 

« Car, là est bien le problème, entre fausses informations, manque de discernement par méconnaissance, et ras-le-bol de ne jamais en être, nous courons irrémédiablement vers la désignation d’ennemis utiles. Hier, avec les nazis, les juifs, les handicapés, aujourd’hui, qui ? Le réfugié, l'autre ? Car, en effet, l’assignation à une identité nie nos appartenances multiples et trahit une forme de racisme. Est-il possible que les honnêtes gens ne voient pas le diable qui se niche dans leur recherche exclusive de l’entre-soi ? C’est la logique mortifère de ce type de dérive. Elle conduit à la guerre. De multiples exemples sont donnés par l’actualité du monde. 

 

« La Résistance combattait les nazis et l’idée de race inférieure. Elle promouvait l’idée d’agir pour le bien public. 

 

« Aujourd’hui, nous devons agir pour préserver le monde, sa diversité. Nous devons nous préoccuper de tous. Nous devons combattre les inégalités, car leur creusement provoque des réactions antidémocratiques, désigne des parias, induit, en réaction, les nationalismes les plus obtus.

 

« L’appel du 18 juin a rassemblé des femmes et des hommes d’horizons divers. Ils/elles ont pris les armes, donné leurs vies, et réfléchi à l’avenir de leurs enfants. Pour préparer la paix, pour dessiner la France de l’après-guerre, le Conseil National de la Résistance à l’ombre des maquis, dans le cœur des cheminots, des réfractaires du Service du Travail Obligatoire, des citoyens en révolte, malgré le déchaînement de l’occupant et de la collaboration sur le plateau des Glières, incita toutes ces femmes et tous ces hommes à s’unir pour élaborer un programme de justice sociale, pour rêver de "jours heureux".

 

« Ils se sont relevés d’un monde de haine et de destructions et transmis des valeurs… ne les décevons pas.

 

« Vive la France de la République, vive la Paix, vivent les peuples solidaires d'Europe et du Monde ! »

 

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Devoir de mémoire

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