12 février 2019 2 12 /02 /février /2019 14:21

« Ai pantaiat » (= « I have a dream », comme aurait dit en occitan provençal le bon Martin Luther King s'il avait vécu chez nous). Je le fais, ce rêve, que, tandis que vont se succédant les annonces quotidiennes par la presse de faits indicibles de rejet de l'autre un peu partout dans le pays, des agressions physiques aux inscriptions sur des devantures commerciales, façades de résidences d'habitation ou « murs » virtuels des réseaux sociaux, La Seyne, qui a déjà bien des difficultés de vivre ensemble à surmonter, soit épargnée de ces actes odieux.

 

De toujours, La Seyne a été terre d'accueil, de métissages et de tolérance, depuis les premiers paysans pêcheurs installés sur notre misérable littoral marécageux au XVe siècle jusqu'aux derniers venus du monde entier pour prendre leur part de notre renaissance économique sur fond de hautes technologies de la mer, en passant par les immigrés de Toscane et du Piémont arrivés par vagues pour fuir tantôt la misère, tantôt le fascisme, les journaliers venus de Chine et de la péninsule cochinchinoise abandonnant leurs pays pour quêter de quoi survivre aux chantiers navals, les rapatriés de 1962, chrétiens, juifs ou agnostiques, de cette Afrique du Nord qui les a vus naître parce que leurs aïeux étaient partis s'y établir dans l'espérance d'un avenir meilleur aux heures de la colonisation du début du XIXe siècle, les Noirs d'Afrique occidentale appelés à fournir de la main d'œuvre à notre usine des câbles sous-marins et aux navires câbliers du ministère des Postes,Télégraphes et Téléphones, les républicains espagnols fuyant le franquisme, les Maghrébins, les natifs de Casamance, ou plus récemment les Slaves de l'Europe de l'Est, tous abandonnant les terres et les cieux de leurs racines pour donner à survivre à leurs familles, et les Français du nord du pays aspirant à une paisible retraite au bord de la Méditerranée. Et puis, tout dernièrement, ces pauvres gamins de 12 à 18 ans, mineurs isolés, migrants parvenus chez nous comme par miracle, recueillis pour le compte de l'État par des associations d'insertion agréées au titre de l'aide sociale à l'enfance, au nom du devoir républicain d'asile.

Les plus âgés se côtoient dans nos lieux de vie commune, des résidences sociales des vieux chibanis aux clubs, associations, foyers d'anciens et espaces communaux dédiés au « bien vieillir ». Les actifs s'investissent les uns aux côtés des autres dans la vie économique, sociale, citoyenne et culturelle de la commune. Leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants fréquentent ensemble nos écoles, centres de loisirs, espaces éducatifs des sports, des beaux-arts et de la musique. Tous se mêlent dans une même foule joyeuse lors des événements festifs qui jalonnent la vie de notre territoire, de la fête de la ville aux 14 juillet et autres 15 août, en passant par les grands moments de culture, les fêtes des sports, forums des associations et festivités de fin d'année.

Qu'ils soient arrivés naguère chez nous ou que plus d'un siècle se soit écoulé depuis que leurs ancêtres abordèrent nos côtes, qu'ils fréquentent l'église, le temple, la mosquée, la synagogue, la salle de la Libre Pensée, ou aucun de ces lieux, qu'ils portent une kippa, un voile, une casquette, ou qu'ils vaquent tête nue, qu'ils choisissent l'option « sans porc » à la cantine scolaire, qu'ils se servent au rayon casher du supermarché, ou qu'ils sirotent un rosé au comptoir, qu'elles – ces deux filles – s'échangent un baiser sur le Parc de la Navale, qu'il et elle se tiennent par la main en attendant le bus, qu'ils – ces deux garçons – franchissent en amoureux la porte de la salle des mariages, ou que ces deux autres optent pour la pudicité en public, tous ont notre Seyne en partage.

On a suffisamment à faire avec notre quête constante d'égalité et de solidarité dans un rude contexte économique facteur de tant d'injustices sociales. Puissions-nous, les Seynois, être exemplaires en matière de respect d'autrui, d'accueil, de tolérance et d'ouverture d'esprit. Ce sont les richesses de nos différences qui ont toujours forgé notre harmonie urbaine et nos forces communes face aux adversités des temps.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Idées et politique générale

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