On va sûrement me qualifier à nouveau de tenant de l'ancien monde. C'est ma foi vrai que, sexagénaire depuis presque un an, je me suis construit à une époque où l'économie était planifiée et où la dérégulation accélérée et le démantèlement du droit du travail semblaient inenvisageables aux générations nées dans la vingtaine d'années qui ont suivi la mise en œuvre des « Jours Heureux », le programme issu du Conseil National de la Résistance.
Et voilà que, sur notre territoire métropolitain du « Grand Toulon », est inauguré ce lundi un service au nom internationalement connu de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) qui va entrer en concurrence avec nos taxis traditionnels, lesquels ne doivent pas être à la fête, et je les comprends et leur apporte tout mon soutien.
PRATIQUES COMMERCIALES TROMPEUSES ET PRÉCARITÉ DES CHAUFFEURS
Je n'oublie par en effet que l'entreprise californienne, dont le montage financier d'une rare complexité lui permet de ne pas payer d'impôts en France à l'instar de géants du web ou du commerce en ligne bien connus, a été condamnée en 2016 par le Tribunal de Lille pour « pratique commerciale trompeuse », ni que, pour les chauffeurs sous statut de micro-entrepreneurs, le droit du travail ne s'applique pas s'agissant de la protection sociale ou des congés payés, sans parler de la précarité de leurs revenus par rapport à ceux des salariés avec les conséquences qu'on peut imaginer, en cas de maladie ou de modification des conditions tarifaires de la société, pour leur équilibre économique personnel, leur accès à l'emprunt, leur droit à la formation...
Et je ne parle pas de l'impact écologique découlant de l'usage accru de l'automobile, dans une métropole à l'air pollué de particules fines, car retenu entre les montagnes et les entrées maritimes...
UN DEVOIR DE RÉPONSES PUBLIQUES MÉTROPOLITAINES
La meilleure réponse que notre métropole Toulon Provence Méditerranée pourrait apporter face au nouveau probable massacre économique, écologique et social qui va s'ensuivre serait d'accélérer la modernisation et le développement de notre réseau de transports collectifs, avec d'importantes lignes structurantes terrestres et maritimes, des aménagements urbains favorisant les sites propres de circulation garantissant cadences et rapidité, des parcs-relais en plus grand nombre, des lignes de rabattement sur les grands axes à haut niveau de service dotés de bus modernes et de bateaux-bus, et des services d'appel-bus ou d'appel-taxis pour les quartiers collinaires.
L'idéal serait que ce soit concomitant à la poursuite de la création de pistes cyclables, voies vertes et zones de rencontre, de promotion des aides de TPM à l'acquisition de vélos à assistance électrique, de soutien métropolitain au covoiturage organisé, voire aux initiatives heureuses d'aide aux mobilités urbaines que pourraient imaginer nos associations et entreprises du champ de l'économie sociale et solidaire, susceptibles, justement, d'offrir de vraies possibilités d'insertion professionnelle durable aux malheureux futurs chauffeurs de VTC qui, sinon, vont céder au chant des sirènes du prédateur économique nouveau venu sur notre territoire...