
J'ai eu l'impression de revivre une bien sinistre époque en prenant connaissance du projet régional de santé en vigueur pour les cinq prochaines années. Ça m'a ramené sept ans en arrière, lorsque toute la population de nos communes de l'ouest toulonnais nous a accompagnés dans la longue bagarre que nous avons menée pour tenter de sauver la maternité de l'hôpital George-Sand de La Seyne.
Une longue et rude bataille hélas perdue malgré l'engagement pris publiquement au début de 2012 par l'ancien Président de la République, François Hollande, alors candidat à son élection, déclarant à la presse devant notre hôpital « qu'il y [aurait] toujours, ici, des accouchements ». On connait la funeste suite...
VONT-ILS REJOUER À HYÈRES LA FARCE DE LA SEYNE ?
Comme en 2011, le nouveau projet régional de santé 2018-2023 reprend les mêmes arguments fallacieux que ceux qu'on pouvait lire à l'époque et que nous serinaient le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) et celui du Centre hospitalier intercommunal de Toulon – La Seyne (CHITS), dans le rôle, d'abord des « enfumeurs », puis des exécuteurs des basses œuvres de la calamiteuse Marisol Touraine, ministre de la santé d'alors, endossant pour cette navrante farce les habits du personnage d'une Margaret Thatcher française.
On continue en effet à instiller l'idée qu'un accouchement est un événement dangereux, exigeant un « gros plateau technique », alors que plus de neuf naissances sur dix se déroulent sans encombre et que, sauf cas rarissimes, on sait prévoir les problèmes obstétriques permettant d'orienter la parturiente vers une maternité de niveau 3, comme celle de La Timone à Marseille. Exagérer le risque permet d'alléguer l'injustifiable : le « regroupement » ou la « concentration ».

Au-delà de cette rhétorique soi-disant scientifique, les acteurs de la malicieuse comédie du démantèlement de l'offre publique territoriale de santé savent aussi manier l'art de la fourberie, visant à faire baisser la garde aux défenseurs vigilants de la santé publique.
Pour Hyères, on y est. La scène est plantée, le texte est bien appris. Selon le quotidien Var-matin, le directeur de l'hôpital intercommunal, reprenant le rôle de Pinocchio qu'il avait si bien joué en 2011-2012, aurait indiqué, pour rassurer les habitants de l'aire hyéroise, que « la question de la fermeture se pose et elle se posera toujours pour les petites maternités de moins de 1000 accouchements [par an]. D'autres établissements dans le Var peuvent être concernés (...) Mais le niveau d'activité de Hyères (950 accouchements) est satisfaisant ». Souvenons-nous que 1500 bébés naissaient jadis à la maternité publique de La Seyne, la plus importante du Var. On connait la douloureuse tombée de rideau...
CHAT ÉCHAUDÉ... MÉFIANCE RECOMMANDÉE POUR TOUTE LA MÉTROPOLE !
Aux amis des communes de l'aire orientale de notre métropole toulonnaise, je ne saurais trop recommander de faire preuve d'une extrême vigilance, comme me le conseilla en son temps mon prédécesseur Arthur Paecht, à la fois médecin de ville et médecin des hôpitaux, qui avait, le premier, perçu l'entourloupe pernicieuse qui se préparait...
Et, aux 450.000 habitants de l'ensemble métropolitain toulonnais, je laisse imaginer l'impact d'une fermeture de la maternité hyéroise sur le service d'obstétrique de l'hôpital toulonnais de Sainte-Musse, qui réalise déjà plus de 2000 accouchements par an. Vous avez dit « usine à bébés » ?...
> pour nous rafraîchir la mémoire, j'invite chacun à écouter les derniers mots de la déclaration du candidat F. Hollande à Var-matin dans la petite vidéo ci-dessous...