En déplacement à Paris, tant pour l'association « Ville & Banlieue » que pour une rencontre avec les opérateurs du projet de notre « Atelier mécanique », notamment pour évoquer la typologie des activités qui, outre les cinémas et hôtels, s'y installeront, je n'ai pas pu apporter ce jeudi ma vision de l'évolution du statut de « Toulon Provence Méditerranée » de communauté d'agglomération vers celui de métropole.
C'est notre maire-adjoint Anthony Civettini, conseiller communautaire communiste seynois, qui s'est chargé de communiquer, même s'il ne la partage pas en tous points, ma position aux membres de l'assemblée intercommunale.
J'observe ainsi au passage que, même si la majorité municipale seynoise est composée de sensibilités diverses de la gauche et de l'écologie, ayant, sur ce sujet comme sur d'autres, des visions spécifiques, tel de ses membres est à même de porter la parole de tel autre sans renier ses convictions, et tous de rechercher ensemble les compromis utiles à la population.
D'autres, à de bien plus hauts niveaux, seraient peut-être bien inspirés de faire de même, au moins pour prévenir certaines catastrophes...
Voici donc l'intervention que notre adjoint a faite en mon nom...
« La communauté d'agglomération "Toulon Provence Méditerranée" peut désormais changer de statut et accéder à celui de métropole.
« Si certains membres de sa majorité municipale ont des inquiétudes découlant d'une analyse critique des lois NOTRe et MAPTAM, le maire de La Seyne, retenu à Paris en sa qualité de président de l'association des maires "Ville et Banlieue" de France, est quant à lui favorable à cette mutation et m'a demandé d'en faire part au conseil communautaire.
UNE INTÉGRATION MÉTROPOLITAINE POUR LA FORCE ÉCONOMIQUE
« Il considère que la mondialisation économique, certes largement critiquable en ce qu'elle est au service du capitalisme financier, est une donnée hélas incontournable. La concurrence entre les territoires est rude pour garantir la dynamique économique et l'offre d'emploi. Les échanges entre les zones à enjeux de développement, notamment entre pays occidentaux et pays émergents, s'exercent désormais à des échelles qui dépassent largement les espaces communaux. Tel ainsi le champ de la coopération décentralisée.
« L’ouverture à l’international est en effet une véritable opportunité pour notre territoire. Elle participe de son rayonnement entre Marseille et Nice. Elle est en outre une opportunité réelle pour nos entreprises en termes de développement de l’emploi, de l’activité et des savoirs faire notamment industriels locaux.
« Simplement à titre d’exemple, nous sommes sollicités pour un partenariat avec la ville de Qingdao, dans la province chinoise du Shandong, comme nous en plein développement de son économie liée à la mer, pour établir des relations politiques et économiques avec l'Europe dans le cadre du programme "Chine villes d'avenir". Même chose avec la vile de Can Tho au Viet Nam (8 % de croissance) qui cherche des partenariats avec notre territoire et nos industries. Même chose encore avec Alger qui cherche des solutions pour le désenclavement de sa baie et qui a trouvé, par nos relations, que notre système de bateau bus était une réponse pertinente pour leur problématique.
« N’oublions pas donc dans notre Métropole la création cet axe de développement éminemment stratégique.
« Marc Vuillemot est de ceux qui considèrent que la "métropolisation" peut contribuer à rétablir les échelles, dans l'intérêt partagé de tout le territoire, faute de quoi ce seront les seules métropoles européennes actuelles, comme Marseille et Nice pour notre région, qui tireront parti des dynamiques économiques.
COOPÉRER POUR CONTRER LES DIMINUTIONS D'APPUIS PUBLICS AU TERRITOIRE
« Par ailleurs, à l'heure où les collectivités locales sont cruellement mises à mal par un État qui diminue de manière drastique ses dotations financières, l'heure est aux économies d'échelle, à la mutualisation, et à la commande publique groupée pour obtenir les offres les plus avantageuses. L'intégration, souvent volontaire, de compétences des communes aux intercommunalités, est longue et difficile, et en tous cas dans un calendrier qui voit l'écart se creuser entre le rythme infernal des baisses des aides publiques et celui, hésitant, des regroupements intercommunaux d'intérêts partagés. Et l'amoncellement des espaces de direction et de gestion, communaux, territoriaux et départementaux, outre qu'il est coûteux, rend illisibles et conflictuelles les conduites de projets.
« La recherche des équilibres financiers communaux devient chaque année plus hasardeuse, et, notamment pour les communes historiquement en difficulté, il apparaît au maire de La Seyne que la métropole peut être une chance de contenir les dépenses pour un service public égalitaire, et, à terme, bien entendu lissé dans le temps, comme c'est le cas pour l'assainissement, de viser l'égalité de contribution citoyenne, quelle que soit la commune où l'on vit, à condition bien sûr qu'aucun gouvernant n'ait la fâcheuse idée de faire disparaître cette contribution territoriale sans la compenser à l'euro près, comme c'est trop souvent été le cas.
DES POLITIQUES INTÉGRÉES DES MOBILITÉS, DU LOGEMENT, ET DES SERVICES
« En outre, Marc Vuillemot évoque souvent un exemple : chacun des douze maires de TPM aura sûrement été confronté aux récriminations de tel citoyen lui reprochant des atermoiements dans la réfection d'un carrefour routier malcommode. Et, neuf fois sur dix, c'est parce que les voies qui s'y rejoignent sont pour certaines communales, pour d'autres intercommunales, et pour d'autres départementales. Le maire de La Seyne considère que la "métropolisation", confiant la gestion de toutes les voiries essentielles à l'intercommunalité, permettrait de gagner en simplicité.
« Ce serait aussi, selon lui, le cas, avec la politique du peuplement, celle du logement social qui doit être mieux réparti sur l'ensemble du territoire, celle des mobilités qui ont à gagner d'une approche encore plus intégrée, et, globalement, celles de l'ensemble des services publics.
FAIRE LA MÉTROPOLE AVEC SES COMMUNES ET SES HABITANTS
« Il reste que l'enjeu sera de maintenir le rôle des communes dans une logique de démocratie de proximité. L'histoire de l'organisation territoriale de notre République est ainsi faite depuis la Révolution française : nos concitoyens sont attachés à leurs communes et leurs élus de proximité. Le maire de La Seyne estime qu'il faudra faire preuve d'une extrême vigilance et d'une capacité d'imagination pour construire les modalités d'un échange dialectique entre les communes et la métropole.
« Toutes les communes n'ont pas la même histoire et la même culture. Il faudra veiller à ne pas aggraver la distension du lien entre les populations et leurs édiles, déjà gravement fragilisé.
« C'est pourquoi, si Marc Vuillemot rappelait l'été dernier qu'Hubert Falco disait il y a deux ans que "nul ne peut arrêter l'Histoire, l'avenir du Var passera forcément par une métropole toulonnaise", il ajoutait que ça ne pourra se faire qu'en engageant un débat public avec les 430.000 habitants de notre agglomération, car l'enjeu est d'une importance absolue et le risque est réel de déperdition démocratique.
« Sous ces réserves de respect des identités communales, d'association des habitants à la définition de leur devenir commun, et naturellement de vigilance vis-à-vis d'un État qui devra poursuivre durablement son incitation financière à l'intégration intercommunale, le maire de La Seyne m'a prié d'indiquer que, s'il laisse libres les groupes de son conseil municipal d'adopter la position qui leur convient au regard de leurs choix politiques, il estime pouvoir recueillir l'assentiment majoritaire de l'assemblée communale seynoise pour entreprendre la mutation métropolitaine de TPM. »