Marie-Noëlle Lienemann, dont je soutiens le projet pour la primaire de la gauche des 22 et 29 janvier, le réaffirme avec constance : les candidats de la gauche socialiste doivent se rassembler autour d'un projet et d'une candidature commune, dans la ligne de ce que j'écrivais moi-même sur ce blog à la mi-novembre : « ces trois-là auraient été bien inspirés (il est encore temps) de ne pas aller à la "sélection" en rangs dispersés ».
Elle a récemment adressé un appel au rassemblement à Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, puisque Gérard Filoche semble ne pas disposer des parrainages nécessaires pour être candidat...
Cher Arnaud, cher Benoît, chers amis,
En annonçant qu’il ne briguerait pas un second mandat, François Hollande a fait un constat lucide : il n’est pas en situation d’assurer un large rassemblement des forces de gauche et écologistes.
Mais ce qui lui est impossible l’est tout autant pour son Premier ministre, Manuel Valls, concepteur de la thèse des deux gauches irréconciliables, et pour celles et ceux qui ont promu ou soutenu les choix et orientations qui ont creusé un fossé entre l’exécutif, le peuple de gauche et les Français.
Le passage en force de la loi travail, comme la proposition – fût-elle aujourd’hui regrettée – concernant la déchéance de nationalité sont venus en point d’orgue des graves renoncements actés dès 2012, avec la ratification du traité européen TSCG et sa pression austéritaire.
Cette logique, ce carcan ont prévalu avec une politique libérale de l’offre et le «pacte de responsabilité». Les fractures se sont accumulées à gauche et le désaveu populaire est sans appel.
UNE AUTRE LIGNE POLITIQUE POUR PERMETTRE À LA GAUCHE DE SE RASSEMBLER
Aucune victoire, aucun rassemblement à gauche ne sont envisageables si le candidat – ou la candidate – soutenu par le PS en 2017 s’inscrit dans la ligne politique, économique et sociale qui prévaut depuis juin 2012.
Le programme de François Fillon fait peser de graves menaces à notre pays. Il prône une cure d’ultralibéralisme à rebours de ce que bon nombre de pays, échaudés par ses échecs, engagent aujourd’hui. Il porterait un coup fatal tant à l’économie nationale qu’au pacte républicain, qui s’est construit progressivement autour de nos valeurs, d’un Etat porteur de l’intérêt général, de services publics garant de l’égalité, mais aussi d’une protection sociale qui assure la cohésion autour du progrès humain.
Nous ne pouvons pas non plus balayer d’un revers de main les risques réels d’une victoire de Marine Le Pen.
Seule une candidature proposant un projet et une stratégie qui rompent avec la logique destructrice de la globalisation libérale, qui restaurent toute sa force au projet républicain et à l’exigence de justice sociale, peut conjurer les divisions, redonner espoir et déjouer les noirs pronostics d’une absence de la gauche au second tour.
FACE AUX SOCIO-LIBÉRAUX, UN PROJET ET UNE CANDIDATURE UNIQUES
Voilà ce qui doit guider chacun d’entre nous aujourd’hui. Pour y parvenir, j’ai acquis la conviction que deux exigences s’imposent : s’assurer la mobilisation de millions de Français à la primaire et proposer, dès le premier tour, une candidature unique incarnant cette alternative, susceptible de rassembler très largement.
Seule une candidature proposant un projet et une stratégie qui rompent avec la logique destructrice de la globalisation libérale, qui restaurent toute sa force au projet républicain et à l’exigence de justice sociale, peut conjurer les divisions, redonner espoir.
J’ai été la première à annoncer ma candidature en mars 2016, pour porter une vision critique du quinquennat, mais aussi une autre voie, de gauche, permettant de sortir le pays de la crise économique et sociale qui le mine, de consolider notre modèle républicain, d’ouvrir la France aux grands enjeux du monde contemporain, comme la transition écologique ou la révolution numérique.
Cet été, j’ai présenté un programme précis et cohérent. J’ai observé à travers de nombreuses rencontres partout en France une réelle adhésion à mes 17 propositions concrètes prioritaires pour 2017. Vous avez à votre tour annoncé vos candidatures, vos orientations et vos priorités. Cette phase d’affirmation était légitime et utile, mais je crois indispensable aujourd’hui que nous la dépassions ensemble.
DES PROJETS PROCHES PEUVENT DEVENIR UN PROJET COMMUN
Ce qui nous unit constitue un socle sérieux pour un projet alternatif. Il ne s’agit en rien de nier nos différences d’approche mais il faut aujourd’hui aller à l’essentiel, privilégier l’élan du rassemblement et construire un mouvement de convergence. Oui, un mouvement, car si nous, qui sommes si proches, ne savons pas nous rassembler, comment pourrons-nous le faire avec d’autres ensuite ? Comment convaincre que notre projet est majoritaire à gauche ?
Le succès à la primaire est un préalable, mais n’est qu’une première étape. Il doit créer un électrochoc, être le point de départ d’une nouvelle donne, redessiner le paysage politique dès la campagne présidentielle en renouant le dialogue avec le reste de la gauche. Les électeurs de gauche y verront les chances d’un renouveau et d’une victoire et répondront présents.
Comment convaincre que notre projet est majoritaire à gauche ? Le succès à la primaire est un préalable, mais n’est qu’une première étape.
Dépassons-nous nous-mêmes et nous pourrons faire école, faire bouger les lignes. Nous sommes comptables de l’intérêt général de la gauche et de la défense de celles et ceux qui ont tant besoin de pouvoir vivre mieux. Ils n’attendent pas moins de nous. L’avenir de la gauche, mais aussi le destin de la France sont aujourd’hui en jeu.
Alors, cher Arnaud, cher Benoît, soyons au rendez-vous de l’histoire.