Je m'y attendais comme à chaque début d'été : j'allais fatalement me faire apostropher par des gens se plaignant de la "saleté" de la plage des Sablettes. Et, comme chaque année, ça n'a pas manqué. Le grief majeur n'est pas tant la vraie saleté, celle des baigneurs n'utilisant ni poubelles à détritus, ni cendriers de poche, estimant qu'un mégot enfoui sous le sable n'existe plus. Ça, c'est nettoyé tous les matins par des personnels et des engins spécifiques, en faisant toutefois attention à ne pas trop ratisser de sable. Ce ne sont pas tant non plus les conteneurs à ordures qui débordent des déchets des restaurateurs dont certains ne respectent pas la règle de gestion de leurs rebuts.
Non, c'est le fait que... je ne fais pas enlever les "algues" mortes qui recouvrent le sable.
LES POSIDONIES, PROTÉGÉES ET PROTECTRICES
D'abord, mais tout le monde n'est pas botaniste, les "algues" en question n'en sont pas ; ce sont des posidonies, qui sont des plantes à fleurs, et ce qui se dépose sur la plage, ce sont leurs feuilles mortes, très fibreuses, ce qui les rend imputrescibles. Et, il faut le savoir, les posidonies constituent une espèce protégée en Méditerranée.
Et, si elles le sont, c'est, entre autres, parce qu'elles sont essentielles pour la qualité de l'eau de baignade et le biotope marin, jouant, avec le ressac, un rôle de filtre biologique naturel de l'eau de mer qu'elles débarrassent des micro-organismes et bactéries qu'elles détruisent, essentiellement apportés par les baigneurs, mais surtout parce que leurs feuilles mortes servent à la prévention de l'érosion littorale car elles stabilisent le sable. Tout ça est très bien et très pédagogiquement expliqué sur les panneaux informatifs qui sont installés aux accès de nos plages, et aussi sur un excellent petit site Internet, dont j'ignore qui est l'auteur, auquel chacun peut accéder EN CLIQUANT ICI.
UNE GESTION LA PLUS "ÉCOLO" POSSIBLE
C'est pourquoi, si je comprends l'ignorance de nos visiteurs estivaux ou nouveaux habitants sur le sujet, je bondis lorsque j'entends des Seynois de longue date qui profitent du sujet pour malmener la Ville, ses élus, ses employés et ceux de la société chargée de la propreté urbaine. A entendre certains, on ferait presque exprès de ne pas "nettoyer" la plage !
Sachons-le : certaines communes ont des plages moins sujettes que d'autres à l'érosion, en fonction des courants littoraux, et elles peuvent se permettre d'enlever beaucoup de leurs posidonies, même si ce n'est pas "très écolo". C'est loin d'être le cas de La Seyne, où il faut trouver le juste équilibre, par exemple en attendant la mi-juin pour oter une partie des feuilles mortes, mais en choisissant aussi d'en laisser.
Il suffit de regarder la carte postale qui illustre cet article, nos anciens, gens de bon sens, l'avaient bien compris. Et, à l'époque où la photo a été prise, avant 1914, ce n'étaient pas, comme je l'ai entendu, des "socialo-écolo-cocos" qui présidaient aux destinées de La Seyne et qui, délibérement, auraient comme aujourd'hui choisi de faire fuir les touristes en laissant leurs plages en état d'abandon !