Bien sûr que je comprends la détresse de ce restaurateur de notre port de plaisance qui a affiché cette pancarte sur sa vitrine. Et bien sûr que ça me navre.
Mais, enfin, si la commune et son maire peuvent, pourquoi pas, porter une part de responsabilité, il serait juste, une fois la colère passée, de ne pas s'en tenir à un simple "Vuillemot-m'a-tuer"...
Il faut toujours rendre à César ce qui lui appartient.
D'abord, il faut savoir que le môle d'armement où accostent les grands paquebots qui nous honorent cette année de 70 escales ne relève pas de la compétence de la Commune, mais du Département en sa qualité d'autorité portuaire, lequel l'a confié en concession à la Chambre de commerce et d'industrie du Var, à laquelle adhère peut-être... le restaurateur en difficulté.
LA COMMUNE EST ENGAGÉE AVEC DÉTERMINATION POUR LE TERMINAL CROISIÈRES
La Commune aide la Chambre de commerce, qui est très volontaire, depuis la première escale d'un paquebot il y a quelques années, à promouvoir son activité de port de croisière, par exemple en mettant à disposition du personnel communal d'accueil parlant diverses langues, en éditant une brochure en quatre langues, en mobilisant l'office de tourisme intercommunal, en incitant à l'installation d'un "petit train" touristique ramenant les croisiéristes vers les sites seynois, dont le port et le centre ancien, en autorisant un système de locations de vélos ("la bicyclette bleue"), en installant une signalétique urbaine guidant vers le centre ville, en réservant des places de stationnement surveillé à des tarifs préférentiels au parking Martini pour les croisiéristes qui embarquent chez nous, et, dernièrement, en accompagnant, par notre service communal de l'urbanisme, la construction d'une gare maritime moderne et fonctionnelle qui doit entrer en service dans environ un an.
LA COMMUNE RECONQUIERT SES SITES ÉCONOMIQUES POUR SON CENTRE
Et la Commune, nul ne pourra le lui enlever, a mobilisé ses forces et celles de ses partenaires privés, pour engager la reconquête du site des anciens chantiers navals, dans le but d'attirer vers le cœur de ville les passagers des paquebots, avec notre port, notre parc urbain et ses animations, notre pont levant et son ascenseur, un hôtel 4*, notre casino qui ouvrira ses portes à la fin de l'année, notre atelier mécanique dont la réhabilitation offrira d'ici fin 2018 un complexe de cinéma, un hôtel, une résidence de vacances et des commerces de bouche, de culture et de loisirs, nos quais à vocation d'accueil de voiliers, ce qui, changeant d'image une ancienne friche industrielle, doit contribuer à la redynamisation de l'ancien centre.
Et la Commune s'implique dans le soutien aux entreprises d'industrie, de haute technologie, de recherche et de développement autour de l'économie maritime de la zone portuaire de Brégaillon, dont les milliers d'employés, à quelques centaines de mètres du port, sont autant de clients potentiels des commerces du centre.
LA COMMUNE AGIT POUR LA RÉNOVATION ET LA SÉCURITÉ DE SON CENTRE
Et la Commune, nul ne pourra le contester, a obtenu que le cœur historique soit classé "Zone de sécurité prioritaire" pour que la police dispose de moyens supplémentaires, pour que des caméras de surveillance soient installées, pour que des patrouilles des polices municipale et nationale conjuguent leurs efforts afin d'assurer la tranquillité publique, et pour que des éducateurs assurent de la prévention.
Et la Commune, nul ne pourra dire le contraire, a sauvé des horodateurs d'un opérateur privé le millier de places de stationnement de son centre ancien et instauré une tarification et des abonnements parmi les moins chers du Var au parking Martini, obtenu de nouvelles dessertes de bus ramenant vers le cœur urbain, l'embellissement de ses voies d'entrée de ville conduisant au centre depuis la Pyrotechnie, et une première phase de prolongation de la piste cyclable qui mène aux quartiers anciens depuis le pôle de compétitivité maritime de Brégaillon.
Et la Commune a obtenu que le centre ancien bénéficie dans les mois à venir, au titre du Nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU), des aides de l'État, de la Région, du Département, de l'agglomération TPM, et d'une dizaine d'autres organismes, en appui pour sa rénovation et sa redynamisation culturelle, sociale et commerciale.
Et la Commune, ce qui ne s'était jamais produit antérieurement, s'engage comme jamais sur la vieille ville, en organisant des animations, en y mobilisant prioritairement ses services pour la propreté, un meilleur éclairage public, des décorations urbaines, un chemin du patrimoine, une nouvelle organisation des marchés, pour accompagner l'association des commerçants en difficulté, en éditant des brochures de promotion des activités et des commerces, comme la toute dernière où figure la liste des commerces de bouche, dont... celui du restaurateur auteur de l'affiche...
MAIS LA COMMUNE N'EST PAS RESPONSABLE DE TOUT
Mais le maire n'est responsable, ni de la crise économique qui touche des millions de gens du monde entier qui consomment moins qu'avant, ni du fait que les croisiéristes trouvent une kyrielle de restaurants et de lieux de loisirs à bord des paquebots, ni du fait que les armateurs choisissent les opérateurs de tourisme qui vendent à bord des excursions en autocars qui, ignorant l'Ouest-Var, ignorent a fortiori les quais de La Seyne.
Mais le maire n'est responsable, ni des abandons de projets structurants, comme le tramway dépendant de l'agglomération TPM, ni du report aux calendes grecques par la même intercommunalité de la mise en service de la ligne de bateaux-bus devant ramener vers notre vieux port les résidents et vacanciers depuis Saint-Mandrier et nos quartiers sud, ni du fait que la réalisation du parking des Esplageolles, désormais devenu "parc relais" pour les usagers des transports en commun de Réseau Mistral, prend quelque retard, ni du fait que l'État, du temps de M. Sarkozy, a rejeté pour des raisons de basse et vile politique, le projet du Programme national de rénovation des quartiers anciens dégradés (PNRQAD), pourtant classé n°1 par la commission d'instruction, qui aurait pu permettre de démarrer dès 2009 un plan de réhabilitation du centre ville.
Mais le maire n'est responsable, ni des incivilités des résidents qui sortent leurs poubelles sans respecter les heures de dépôt, ni de celles des automobilistes qui abusent des places de stationnement en zone à durée limitée, ni des propriétaires qui laissent à l'abandon leurs immeubles et se comportent en "marchands de sommeil" indélicats, ni des brigands qui, jouant au chat et à la souris avec la police, viennent commettre dans nos vieilles ruelles des actes délictueux et criminels, autant d'éléments aggravant le sentiment d'abandon, voire d'insécurité, qui nuit à notre image et entrave l'activité commerciale.
Mais le maire n'est responsable, ni du fait que les commerçants, malgré les efforts de certains qui s'essoufflent, peinent depuis des années à s'organiser, suffisamment nombreux, collectivement et solidairement, dans le cadre de leur association, ni du fait que certains commerces peu engageants "tirent vers le bas" l'image de l'ensemble, ni que d'autres hésitent à assurer une amplitude horaire d'ouverture créant une dynamique vertueuse.
Alors, bien sûr, j'ai peut-être une part de responsabilité qui justifie la pancarte illustrant cet article. Mais je ne crois pas, franchement, devoir tout assumer. Et, sans rancune aucune, je souhaite bonne dynamique, en espérant qu'il soit encore temps, au restaurateur auquel, lorsqu'il s'est installé, nous avions proposé, comme aux autres nouveaux venus, de promouvoir son commerce par notre magazine municipal "Le Seynois". Et qui l'avait refusé.