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http://www.tourvoile.fr/fr/img/9-330772-780x800-0/la-seyne.jpgRevenant de la "Conférence des villes" sur le thème de la "Cohésion urbaine et sociale", j'ai exposé face à la presse locale, avec Jocelyne Léon, adjointe à la prévention, la sécurité et l'action socio-éducative, et Rachid Maziane, adjoint à la politique de la ville et au logement, la déclinaison que nous faisons pour La Seyne des six grands axes du Manifeste "Les maires montent au créneau" qui y a été adopté par l'ensemble des maires des grandes villes, de toutes tendances politiques...

 

1°) La sécurité, premier pilier de la cohésion sociale et urbaine

- nous rappelons que la répression est une compétence régalienne de l'État (police nationale et justice)

- chacun son métier : je suis magistrat, mais pas shérif ; nous n'appliquerons la loi précisant les fameux "nouveaux pouvoirs du maire" qu'en stricte concertation, et après avis, des autorités compétentes. Jocelyne Léon, adjointe à la prévention et la sécurité, a fait le point cette semaine avec le commissaire et le procureur ; nous nous sommes entendus sur les modalités

- nous exigeons le maintien des effectifs du commissariat de La Seyne donc le gel du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux

- et, si nous ne sommes pas suivis, nous n'augmenterons pas, en compensation, le nombre de nos policiers municipaux (il y a des villes, comme Brest ou Paris, où il n'y a pas de police municipale, et l'État y assume son devoir) – la police municipale a d'autres missions à accomplir

- nous voulons une meilleure utilisation des effectifs dont dispose le commissaire, avec une affectation prioritaire sur le terrain (et non à saisir des statistiques et comptes-rendus), et des missions ciblées comme celle qui a été opérée mardi soir au Messidor contre des trafiquants de drogue

- nous voulons plus de moyens venus du Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance et de l'ensemble des dispositifs publics de l'État (Ville Vie Vacances, etc)

- nous avons rétabli les liens de coordination permanente entre la police nationale et la police municipale, et nous centrons les actions de la police municipale sur des missions de prévention et de formation citoyenne ; notre CLSPD (Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance) et diverses instances souples en découlant fonctionnent.

 

2°) La "Politique de la Ville" doit être prioritaire

L'histoire des soixante dernières années montre qu'on a laissé se "territorialiser la misère et l'exclusion" et nos quartiers populaires (HLM et centre ancien) se trouvent "spécialisés" dans l'accueil des populations en grande difficulté. Il faut agir fort.

- nous demandons une révision de la géographie des quartiers prioritaires dans le sens d'une réduction du nombre de quartiers et d'un appui accru : il n'est pas normal, par exemple, que le même type de dispositif "CUCS" (Contrat Urbain de Cohésion Sociale) soit appliqué à La Seyne comme à Saint-Raphaël ou Saint-Maximin

- nous demandons que l'Etat tienne ses engagements de financement contractualisés. Sur 800.000 euros que l'État est engagé à mobiliser en 2010, seuls 650.000 euros l'ont été réellement.

- nous voulons la poursuite et l'achèvement programme ANRU (Agence Nationale de la Rénovation Urbaine) et, si nécessaire, un programme ANRU-2 qui, pour La Seyne, pourrait être un dispositif de type PNRQAD (Programme National de Rénovation des Quartiers Anciens Dégradés), pour lequel nous avons été volés pour des raisons manifestement politiques, nous permettant d'entreprendre au centre ancien une rénovation urbaine de même ampleur et d'ambition que celle de Berthe

- nous voulons des moyens de l'État et des collectivités co-signataires pour le fonctionnement des nouveaux équipements qui sont nécessaires et prévus dans notre programme ANRU : Maison de Santé, Médiathèque, etc.

  

3°) La politique de l'habitat est un enjeu majeur

- nous voulons la poursuite de ce que nous mettons en œuvre en matière d'offre diversifiée de logements sur notre territoire communal et intercommunal, permettant une vraie mixité

- plus on s'approchera du "retour à l'équilibre démolitions – constructions", et surtout lorsqu'on sera arrivé au terme de ces opérations, on veillera à instiller de la mixité sociale dans les attributions de logements, immeuble par immeuble ; mais cela ne pourra se faire que si le Programme Local de l'Habitat (PLH) de l'agglomération devient plus ambitieux en matière de répartition territoriale du logement très social, et si l'État se décide enfin à faire appliquer la loi SRU par toutes les communes de l'agglomération, du SCOT et du département qui y sont assujetties.

- ce qui signifie que l'agglomération doit avoir une politique bien plus ambitieuse, plus égalitaire et plus solidaire que celle qu'elle mène en ce moment

 

4°) Une mobilité durable pour désenclaver

- nous partageons l'exigence du "Manifeste" visant à désenclaver tous les quartiers ANRU d'ici à 2014 par des TCSP et des pôles multimodaux

- cela signifie qu'il faut modifier le calendrier de réalisation du TCSP de l'agglomération pour revenir au phasage initial, avec :

> dans un premier temps, l'achèvement de la liaison de la gare de La Seyne au centre-ville via le site actuel, l'augmentation du nombre de rotations des bateaux-bus vers Toulon, ville-centre, et la création d'une ligne de cabotage vers le Sud et St-Mandrier, un billet unique Réseau Mistral – SNCF (type RER)

> et, dans la foulée, la liaison de la gare de La Seyne à la place Noël-Blache par tramway ou BHNS (Bus à Haut Niveau de Service)

> il ne faut pas hésiter à utiliser les formules de partenariat public-privé, notamment pour prendre en charge les coûts d'infrastructures et matériels roulants ou navigants

 

5°) Une volonté forte pour l'éducation et la prévention

- nous voulons une relance de l'effort dans l'esprit qui présidait à l'époque des Zones d'Education Prioritaire ; nous n'avons pratiquement plus de différence en moyenne d'élèves par classe entre les écoles des divers quartiers (en élémentaire, 22,1 élèves pour une moyenne communale de 23,5 – en maternelle, 23,1 pour une moyenne communale de 25 – et seulement 80 enfants en toute petite section)

- on peut pas mettre en œuvre des Programmes de Réussite Éducative et, en même temps, réduire l'effort public quant au "droit commun"

- de notre côté, nous mettons le paquet sur la réhabilitation des équipements scolaires, socio-éducatifs et socioculturels, et la restauration collective – pour la première fois, malgré nos difficultés, nous sommes sur le point d'assurer la présence du nombre voulu d'ATSEM (Assistantes Territoriales Spécialisées des Écoles Maternelles)

- les actions d'accompagnement périscolaire et de soutien à la parentalité (commune et associations – matin midi, soir, mercredis, week-ends et vacances) doivent être maintenues ; or l'État s'est désengagé depuis longtemps, le Conseil général a décidé de se désengager du Contrat Educatif Local en cours de celui-ci, les Régions qui pourraient aider sont étranglés par la réforme territoriale avancée par la RGPP ; nous nous efforcerons de maintenir ce qui existe, mais nous sommes très inquiets : nous demandons la ré-implication de l'État dans tous les dispositifs qu'il a lui-même impulsés

- nous voulons que le Conseil Général, dont c'est une compétence obligatoire, puisqu'il a la charge de l'aide sociale à l'enfance, redonne à l'APEA, seule structure agréée en matière de prévention spécialisée de la délinquance, qui a perdu 5 emplois en deux ans, les moyens de remplir sa mission avec des éducateurs de rue

- de notre côté, par redéploiement, quelques embauches, mise en projet et formation, nous avons tenu notre engagement formulé il y a à peine six mois de doubler les moyens dévolus à l'éducation populaire des jeunes (de 9 à 21 personnels), sans compter les personnels et dispositifs de médiation jeunesse-culture, jeunesse-santé et jeunesse-sport

- nous annonçons également la création dans les prochaines semaines d'un dispositif communal, s'appuyant sur notre service santé, notre service jeunesse et le réseau associatif, dédié à la prévention des toxicomanies et l'accompagnement des personnes concernées

 

6°) La politique territoriale de l'emploi

Toute cohésion sociale et urbaine demeure un vœu pieux dans un contexte où la quasi-totalité de la population des ZUS vit sous le seuil de pauvreté, avec 4 jeunes sur 10 au chômage.

- nous voulons des entreprises, donc des emplois, et non des voiries et des parkings pour les passagers des ferries, sur les sites dédiés à la partie maritime du pôle de compétitivité "mer"

- nous voulons la poursuite de la politique de Zone Franche Urbaine, son élargissement au centre ville et aux Mouissèques, un contrôle effectif et une modulation des exonérations fiscales et sociales en fonction de l'effort mené en matière de promotion de la diversité et du recrutement des habitants, notamment jeunes, résidant dans les quartiers populaires de l'agglomération.

- nous voulons que l'agglomération considère enfin comme prioritaire la réalisation du programme de la "voie Nord" de Berthe, avec installations d'entreprises à partir de la ZAC des Playes le long de cet axe, et la fin des tergiversations pour l'installation d'une maison dédiée à l'emploi.

- nous avons nous-mêmes intégré des clauses d'insertion dans tous les marchés publics communaux et de l'Office Public d'HLM "Terres du Sud Habitat"

 

Voilà l'essentiel, car ce n'est pas exhaustif, des axes sur lesquels doivent être portés les efforts si l'on veut parvenir à une cohésion sociale et urbaine. La Ville veut bien prendre toute sa part, mais les autres institutions publiques n'ont pas le droit de continuer à délaisser des espaces entiers du territoire de la République.  

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