Après avoir expliqué, dans un article d'avant-hier, la situation du stationnement urbain telle que l'équipe municipale l'a trouvée en mars 2008, j'ai décrit hier, dans un autre post, les démarches qui ont été entreprises pour chercher une alternative à cet engagement qui, selon moi, contraignait inutilement la commune, ses habitants et ses visiteurs.
Le Conseil municipal, réuni mercredi dernier, m'a autorisé à signer un "protocole transactionnel" avec Q-Park, la société délégataire, pour nous délier de nos engagements respectifs. Ce sera fait dans les semaines qui viennent.
D'ores et déjà, une équipe d'employés communaux et d'élus travaillent sur la prochaine "remunicipalisation" du stationnement qui devra être effective dans les trois mois qui suivront la signature, avec quelques objectifs simples :
> la commune gèrera "en régie", c'est-à-dire par des agents communaux, le parking Martini
> la clause qui prévoyait d'installer des horodateurs (ou autres types de paiement) pour les 1080 places de stationnement "en surface" disparait de fait
> la ville va lancer un appel d'offres pour poursuivre la construction du parking des Esplageolles (environ 5 millions d'euros, ce qui n'est pas énorme si on le rapporte, par exemple, aux opérations de réhabilitation urbaine du quartier Berthe, dont le programme s'établit à plus de 260 millions d'euros) ; il sera ensuite exploité "en régie publique"
> pour le stationnement du site des anciens chantiers navals, on intègrera la question dans celle des futurs aménagements structurants prévus sur cet espace.
J'ai décidé de la création d'une sorte de "comité de pilotage" du stationnement, dans une démarche citoyenne de démocratie participative, associant les diverses catégories d'usagers, des élus et des fonctionnaires de la commune.
Cette instance aura une lettre de mission par laquelle lui sera assignée la tâche d'alimenter les réflexions communales pour établir une sorte de "business plan" permettant d'assurer un équilibre budgétaire du stationnement, tout en répondant aux divers besoins. Ceux des résidents du centre ancien ne sont en effet pas les mêmes que ceux des chalands qui viennent arpenter le marché provençal le samedi matin, ni que ceux des parents accompagnant leurs enfants à l'école, ni que ceux des commerçants, etc.
Retour au public ne signifie pas forcément "demain, on rase gratis" ! Il faudra adapter les tarifs des parkings à étages, élaborer un plan de stationnement de surface visant à inciter à l'usage des parcs (donc peut-être réduire le nombre de places le long des trottoirs, tant pour inciter à l'usage des parcs couverts que pour permettre une ré-appropriation des voies urbaines par les divers usagers : autos, modes doux tels que les vélos, piétons, commerçants, etc).
Tout cela ne pourra se faire qu'en liant la question du stationnement à celle de la circulation et des transports collectifs.
Que mes visiteurs ne croient donc pas, en tous cas, que les places de surface et les parkings à étages seront tous gratuits. Il faudra imaginer diverses solutions, en nous appuyant aussi sur les expériences réussies ailleurs. La gestion publique doit aussi être sans faille, rigoureuse, car il en va de l'intérêt collectif.
Mais nous avons de la marge budgétaire, car il existe une différence fondamentale entre une gestion privée, telle que celle qu'avait prévue mon prédécesseur, et une gestion publique : notre future gestion concertée n'aura pas à dégager les millions d'euros nécessaires à la prise de profit des actionnaires du groupe qui avait bénéficié d'un cadeau que je ne crains pas que qualifier de "somptuaire" de la part de l'équipe précédemment aux affaires de la ville.
Mes détracteurs m'ont dit, par la voix de certains conseillers municipaux minoritaires, qu'il n'est pas normal que ce ne soient pas les seuls usagers du stationnement qui participent à son équilibre budgétaire. À ce compte là, nous devrions aussi cesser d'impliquer le budget communal dans les restaurants scolaires au prétexte que tous les foyers fiscaux n'ont pas un écolier sous leur toit, ou dans les foyers de personnes âgées au prétexte que les jeunes couples sont bien loin d'être concernés par le logement solidaire avec nos "anciens", ou dans l'allocation de subventions aux centaines d'associations locales au prétexte que tout le monde n'est pas adhérent du club de numismatique local ou sociétaire d'une association seynoise proposant telle activité sportive !
Un seul mot d'ordre désormais : décrypter et recenser les besoins dans leur diversité, et élaborer un budget prévisionnel pluri-annuel du stationnement. Et en équilibre.
Mon prédécesseur n'aurait pas fait autrement s'il s'en était tenu à l'annonce qu'il avait faite dans son document de campagne des élections de 2001 : garantir la gestion communale du stationnement ! Mais l'heure n'est, aujourd'hui pas plus qu'hier, à la "vengeance politicarde".
À nous donc, simplement, de relever les manches et de prouver, par la pratique, que le service public, c'est encore ce qu'on fait de mieux dans un État républicain égalitaire.