Un bébé est donc mort sur une aire d'autoroute en Midi-Pyrénées. Il fallait une heure de route pour que ses parents gagnent la maternité la plus proche suite à la fermeture de celle de leur territoire. Ça risque de se produire chez nous. Et ce ne sera pas faute de l'avoir dit.
À l'appui des argumentaires que je décline depuis plus de deux ans pour obtenir, d'abord le maintien et maintenant la réouverture de la maternité de La Seyne et le sauvetage de la clinique mutualiste Malartic, j'ai toujours mis en avant l'extrême difficulté à traverser Toulon à certaines heures de la journée. On s'en souvient, constats d'huissier à l'appui, il faut très souvent plus d'une heure pour effectuer le trajet entre La Seyne et le nouvel hôpital de Toulon, situé à l'Est de la ville, au quartier Sainte-Musse. J'ai même toujours dit, parce que je ne suis pas un entêté, que la question de la disparition des services de soins de l'hôpital George-Sand de La Seyne pourrait très bien être réexaminée dans quelques années, lorsqu'auront été réalisées les infrastructures nécessaires à l'amélioration de la fluidité de la circulation automobile.
Or, outre l'augmentation de la population et le développement de l'activité touristique générant un surplus constant de véhicules, trois éléments nouveaux me conduisent à craindre que la situation n'empire gravement.
TOUJOURS AUTANT DE VOITURES FAUTE DE TRAM OU DE BUS-WAY
On le sait, le 9 novembre prochain, le Tribunal Administratif de Toulon rendra un jugement sur la question du bus à haut niveau de service que mes collègues maires voisins préfèrent au tramway. Si le juge suit les conclusions du rapporteur public, plusieurs décisions que nous avons prises à la communauté d'agglomération de Toulon Provence Méditerranée pourraient être annulées. Qu'adviendra-t-il ensuite si tel sera le cas ? Devrons-nous repartir à zéro avec une nouvelle déclaration d'utilité publique (DUP) ? Devrons-nous appliquer la DUP initiale et revoir une bonne part des travaux déjà engagés ? Quand verrons-nous enfin un mode de transport collectif moderne relier La Garde à La Seyne ? Combien de gens vont encore devoir utiliser leurs véhicules personnels pour leur déplacements professionnels ou de leurs temps libres ? J'ai bien peur que des années ne s'écoulent avant que l'on gagne en temps de trajet routier entre l'Ouest et l'Est de Toulon... donc pour rallier l'hôpital Sainte-Musse...
TOUJOURS AUTANT DE VOITURES FAUTE DE TRAINS
Ce qu'on sait moins, c'est que ce n'est pas demain que les transports ferroviaires connaîtront une amélioration structurelle, permettant à nos concitoyens, dans une logique de Réseau Express Régional (RER) fiable, de délaisser la voiture au profit du rail, lorsqu'ils doivent se déplacer dans notre zone très urbanisée autour de Toulon, entre Bandol et Hyères. Certains ne mesurent pas que leurs combats légitimes pour préserver notre environnement urbain, paysager, patrimonial, économique, agricole et viticole, tournent parfois à un dogmatisme aussi doctrinaire que celui qu'a affiché Réseau Ferré de France (RFF) en voulant faire passer à tout prix une Ligne à Grande Vitesse (LGV) sans rechercher de solutions de compromis. Ces oppositions déterminées pourraient bien peser dans la balance des choix que le gouvernement va immanquablement être amené à faire, au regard des coûts exorbitants des projets nationaux de LGV imaginés par ses prédécesseurs, et, finalement, ça risquerait de saper les possibilités de réaliser une amélioration raisonnable des lignes existantes. Là encore, je m'inquiète que ce ne soit pas demain la veille que l'on prendra le train au lieu de la voiture et que les automobilistes gagneront en rapidité pour rejoindre l'Est toulonnais - donc l'hôpital Sainte-Musse - lorsqu'on vient de l'Ouest du Var...
TOUJOURS DES EMBOUTEILLAGES FAUTE DE TUNNEL
Et ce qu'on ne sait presque pas du tout, c'est qu'il y a menace sur le tunnel Ouest-Est de Toulon et surtout sur l'élargissement de l'autoroute à sa sortie, nécessaire à la mise en service du tunnel car on ne peut pas courir le risque d'embouteillages dans celui-ci. La société Vinci-Escota menace en effet de ne pas permettre la fin des travaux dont il avait été convenu qu'elle assume le surcoût en contrepartie d'un allongement de la durée de sa concession autoroutière, si les parlementaires donnaient suite à leur juste projet de limiter à 80% la déductibilité fiscale des intérêts des emprunts des entreprises. Nouveau retard possible, donc, pour fluidifier la circulation et garantir un accès à l'hôpital de Toulon depuis l'ouest de l'agglomération en moins d'une demi-heure, pour répondre à l'engagement de François Hollande, rappelé hier après le décès du bébé sur l'autoroute : "Je prends l'engagement, celui que j'avais déjà énoncé avant l'élection présidentielle : aucun Français ne doit se trouver à plus de 30 minutes de soins d'urgence".
J'EN AI PLUS QU'ASSEZ !
Il faut le dire aux rétifs au changement qui ont la main sur la "technostructure" et sapent les volontés du gouvernement de mettre en œuvre la politique d'égalité territoriale affirmée par François Hollande. Ce sont les cadres des agences régionales de santé qui feignent d'ignorer la volonté du Président de la République et continuent de mener la politique de Nicolas Sarkozy et François Fillon. Ce sont aussi certains hauts fonctionnaires et même des cols blancs membres de cabinets ministériels dont la vision se limite aux murs de leurs administrations.
Faudra-t-il que d'autres bébés ou des mamans perdent la vie sur une aire d'autoroute, une station-service ou dans la rue pour qu'ils ouvrent les yeux ? Combien ? Y a-t-il un nombre administratif minimal de décès ? J'enrage. J'ai d'ailleurs adressé hier soir à un conseiller de Marisol Touraine, ministre de la santé, un SMS énervé que je livre à mes visiteurs : "Maintenant, ça suffit. Le peuple de l'ouest Var me presse. J'exige une annonce sans délai de la réouverture des services que l'ARS de PACA a fermés à l'hôpital George-Sand de La Seyne-sur-Mer. Je vais monter en puissance dans la lutte. Que Mme Touraine soit du même parti que moi, peu me chaut. À elle de faire ce qu'il faut pour que les exécuteurs des basses oeuvres de Sarkozy que vous maintenez en place pour qu'ils finissent le sale boulot soient mis en demeure sur le champ d'appliquer la politique de François Hollande. Je ne prendrai pas de gants. C'est une honte. J'attends sans délai de vos nouvelles. Cordialement."
À quoi il m'a été répondu : "Monsieur, je transmets votre message à ma direction et ne manquerai pas de revenir vers vous en début de semaine. Bien à vous."
Attendons donc... demain lundi ?