J'étais reçu hier mardi par Monsieur le préfet du Var pour évoquer avec lui les inquiétudes que l'État partage avec moi quant à l'insécurité que certains sites du centre ancien de La Seyne connaît depuis quelques mois.
Il n'est pas acceptable que, à certaines heures, des habitants se fassent insulter ou menacer, que certains déménagent, que des personnes âgées se terrent chez elles, que des commerçants se voient refuser des prêts bancaires parce que leurs conseillers financiers craignent que leur activité ne souffre d'un environnement malsain, que des clients se voient interdire l'accès à certains commerces et services, que certains ilôts deviennent des espaces de trafic de drogue, d'affrontements de groupes rivaux sur fond de communautarismes, que des logements soient squattés, que l'incivilité quant au respect des aménagements urbains soit constante, que l'irrespect du code de la route s'accroisse au risque de mettre en danger la vie d'autrui, que le tapage nocturne soit permanent. Tout le monde le sait : les auteurs de ces méfaits ne sont qu'un petit nombre, pour beaucoup récemment installés en quelques endroits, mais ô combien peu enclins à respecter les lois et les bons usages de vie entre citoyens. Avec l'État, nous sommes au clair : il faut que ça s'arrête. Et vite.
Nous faisons en cœur de ville des efforts significatifs. Nous poursuivons notre travail d'amélioration de l'habitat, soit en achetant, rénovant et proposant à la location de vieux logements insalubres, soit en aidant des propriétaires à faire de même. Nous aménageons des espaces et équipements publics : place Bourradet, rue République, boulevard du 4 septembre, bibliothèque de théâtre, maison de l'habitat, maison du patrimoine et de l'image, mise en valeur des lieux patrimoniaux, parvis de l'église, placette Martini en cours de rénovation, programme "le musée dans la rue" pour embellir les devantures des commerces fermés. Nous avons revisité la tarification du parking Martini, créé des rues dites "zones de rencontre" (piétons, deux roues, autos) et imaginé un plan de stationnement pour répondre aux besoins des résidents, des commerçants et leurs clients, des visiteurs, des parents d'élèves, des gens qui travaillent au centre ville. Nous avons modernisé le marché forain pour le rapprocher de l'activité commerciale sédentaire et aider à sa fréquentation, et pour amener de l'animation dans certaines artères. Nous avons installé une signalétique, des cheminements et des modes de transport originaux (petits trains, vélos-taxis) pour attirer les croisiéristes. Nous avons obtenu la création de la ligne estivale de bateaux-bus permettant de ramener vers le centre des gens venus de Saint-Mandrier, des Sablettes, de Tamaris. Nous renforçons et modernisons les moyens du nettoiement. Nous organisons ou soutenons les initiatives de l'association des commerçants pour que des animations commerciales rythment l'année : braderies, Venise sur Seyne, L'Alsace sur mer, salon du vin et de la gastronomie, etc.
Pour faire de la prévention par l'éducation, nous mobilisons le service municipal de la jeunesse que nous avons doté de moyens nouveaux et nous avons accru notre appui aux associations socio-éducatives auxquelles nous avons mis à disposition l'espace Jean-Baptiste Coste et l'espace Evenos. Et j'en oublie. La vie d'un quartier est la meilleure prévention des conduites déviantes qui ne peuvent y trouver la place de s'y développer, même si, hélas, il existe des lieux plus isolés et des heures de moindre activité dont s'emparent certains qui ne respectent rien.
Les éducateurs de rue, malgré les baisses de moyens que leur service a subies de part du Conseil général, se concentrent dans le centre ville. Notre police municipale et la police nationale ont été réorganisées pour être plus présentes et plus voyantes, à pied, dans la rue. Le commissaire est très satisfait des coopérations entre les deux services. J'obtiens régulièrement des renforts de services de police, y compris des CRS, qui sont déployés dans notre centre historique. La Brigade anti-criminalité, la brigade canine et celle des stupéfiants interviennent jour et nuit. La brigade de sécurité territoriale, initialement centrée sur Berthe et La Beaucaire, est déplacée vers notre centre lorsque c'est nécessaire. Mais il faut faire plus.
C'est ce que j'ai dit au préfet et au directeur départemental de la sécurité publique qui partagent mon analyse. Nous avons mis en place un plan d'action en quatre volets.
Un volet "prévention socio-éducative" visera à conforter les efforts engagés par la ville et les associations, notamment dans le cadre du contrat urbain de cohésion sociale. Le préfet s'est engagé à ce que La Seyne soit prioritaire pour les moyens dévolus au département par le ministre délégué à la Ville.
Un volet "présence policière préventive et répressive" permettra de renforcer le nombre de personnels et de patrouilles, visibles, et à pied. J'ai demandé au préfet qu'une augmentation des effectifs du commissariat soit un axe majeur du projet de création d'une Zone de Sécurité Prioritaire qu'il dépose auprès du ministère de l'Intérieur pour certains sites du département ; il classera La Seyne en tête des demandes. Cela permettra aussi de multiplier les opérations permettant des arrestations de délinquants et leurs déferrements à la justice, le contrôle aléatoire des débits de boissons et établissements notamment ouverts en soirée. Cela aidera enfin à ce que des réponses rapides soient apportées aux appels à l'aide des citoyens et que les plaintes soient reçues dans de meilleures conditions et des délais raccourcis.
Un volet "aménagements" comportant un meilleur éclairage urbain et des déplacements plus sécurisés, à l'initiative de la commune, et l'installation de caméras de vidéosurveillance en des points stratégiques définis avec la police, bien entendu dans le respect des libertés individuelles, contribuera à la fois à la prévention et à l'élucidation d'affaires. Il faut savoir que, depuis un an, dans le Var, tous les vols à main armée ayant eu lieu dans des zones équipées ont pu être élucidés et les auteurs arrêtés. Le financement de ces caméras s'inscrira dans le projet de Zone de Sécurité Prioritaire.
Ces mesures seront complétées d'un volet "justice" qui sera défini avec les services du Parquet dans le cadre d'un comité opérationnel de suivi associant la ville, la police et la justice, qui se réunira chaque mois. Il faut pouvoir obtenir une réactivité accrue, des sanctions pour les auteurs afin de les décourager, depuis les rappels à la loi jusqu'aux incarcérations, en passant par les travaux d'intérêt général pour lesquels La Seyne est déjà citée en exemple dans le Var, comme elle l'est, d'ailleurs, pour l'accompagnement des personnes en fin de peine.
C'est par cette approche globale que nous parviendrons à, simplement, faire vivre la République dans ce petit bout de territoire national qui, comme en tout point du pays, a droit à la quiétude, à la vie citoyenne paisible, et au développement économique, social et culturel.
J'invite tous mes concitoyens, et en particulier tous les acteurs de la vie sociale, culturelle et commerciale de notre vieille ville, à accompagner le mouvement.