"Je ne prétends pas que tout sera parfait dans les prochains jours. Mais je m'y engage, l'État sera à vos côtés, par un accompagnement financier, par la mobilisation de ses services".
Ça, c'est Manuel Valls, le Premier Ministre, qui vient de le déclarer à l'attention des élus, à propos de la mise en place, mardi prochain, jour de rentrée des écoliers, dont 6200 enfants seynois, des nouveaux horaires des écoles. Je formule le souhait que la nouvelle ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, prenne bien cette déclaration en compte, que ça "redescende" vers le rectorat de notre académie, puis vers l'inspection académique du Var.
J'INVITE MADAME LA MINISTRE À ÊTRE... "À MES CÔTÉS"
Je serais d'ailleurs ravi que les autorités académiques et départementales de l'Éducation nationale, et, pourquoi pas, Madame la ministre elle-même, soient, comme Manuel Valls vient de l'annoncer, "à [mes] côtés" le matin de la rentrée scolaire, pour faire ensemble un petit tour, comme je le fais chaque année, à la rencontre des enfants, des parents, des enseignants et des personnels communaux, dans quelques écoles seynoises.
Le fait que plusieurs établissements de nos quartiers populaires viennent, par arrêté du ministre Benoît Hamon daté du 24 août, d'être les seuls du département du Var à être classés "Réseau d'éducation prioritaire renforcé" (REP +) me semble justifier que l'Education nationale pose un regard bienveillant sur l'éducation scolaire et périscolaire de nos jeunes concitoyens seynois.
UNE RÉFORME NÉCESSAIRE, MAIS PAS SANS MOYENS, SINON C'EST PIRE !
La révision des temps d'école va dans le bon sens. Le renforcement des moyens humains d'enseignement aussi. Encore plus dans les quartiers, comme chez nous, où les enfants de milieux pauvres ont besoin d'un accompagnement accru de la puissance publique républicaine pour gagner en égalité des chances. Mieux lisser les temps d'enseignement sur plus de jours dans la semaine (et même de l'année), c'est bon pour les apprentissages et c'est bon pour éviter que nos petits ne traînent trop dans la rue. Avoir plus de maîtres, c'est bon pour aider les jeunes les plus en difficulté et c'est bon pour mieux travailler en équipe, entre enseignants et avec les autres éducateurs, parents, animateurs.
Mais, si l'État, pour ses propres services scolaires, consent des efforts, il doit aussi considérer que ses décisions ont des conséquences pour les communes et les familles. Ouvrir l'école un jour de plus, c'est un surcoût pour la collectivité, pour les consommations d'eau, d'électricité, de chauffage, pour l'entretien des locaux, pour l'accueil. Libérer les enfants une heure plus tôt, c'est compliqué et onéreux pour les parents qui travaillent ou cherchent un emploi, sauf si la commune est suffisamment riche pour assurer une prise en charge de qualité, donc coûteuse, aux heures de sortie.
SANS LES FINANCEMENTS NÉCESSAIRES, CE N'EST PAS TRÈS RÉPUBLICAIN
Manuel Valls a évoqué "un accompagnement financier". C'est exact. 50 euros par enfant, soit 310.000 euros pour La Seyne. Mais c'est notoirement insuffisant : la nouvelle organisation, que je suis hélas contraint de mettre en place a minima sans aucune offre d'activité périscolaire et même sans pouvoir assurer la cantine le mercredi, coûtera pas loin de 400.000 euros annuels en charges directes. Tout en démantelant l'offre communale et associative socio-éducative, d'éveil sportif et culturel, dont bénéficiaient le mercredi matin plus de 2000 de nos écoliers.
C'est également inquiétant parce que ce n'est garanti que pour deux ans. Et ce n'est pas très républicain, parce que certaines communes disposant de moyens confortables pourront organiser de beaux programmes d'activités périscolaires alors que d'autres, comme La Seyne, n'ont pas d'autre choix que de proposer aux familles qui le peuvent de payer une offre de simple garderie.
Il faudrait en effet que tous les petits des communes populaires puissent demain, sans forcément, comme Najat Vallaud-Belkacem l'a dit avec émotion lors de la passation de relais au ministère, "se réjouir de ce que l'école aura fait [d'eux]" - même s'ils ne deviendront pas tous ministres de la République ! - , être au moins assurés que, plus que jamais, l'École et l'éducation populaire périscolaire leur permettront de se construire avec les mêmes chances que tous les autres enfants de notre France républicaine.
Il existe certes un "bonus" de l'aide de l'État, qui permet de porter de 50 à 90 euros son accompagnement financier pour les communes en difficulté. Je l'ai réclamé, et j'ai même été reçu pour cela en juillet au cabinet du ministre de l'Éducation nationale d'alors. Mais j'en suis revenu bredouille ! Si la commune la plus pauvre de PACA, la seule ville du Var classée tout à la fois "politique de la ville", "réseau d'éducation prioritaire renforcé", "zone franche urbaine", et "zone de sécurité prioritaire", n'y a pas droit, certains mauvais esprits pourraient considérer que le propos de Manuel Valls n'aura été qu'un effet d'annonce.
Mais je me refuse à le croire parce que Manuel Valls a invité les élus socialistes à être "fiers" de cette réforme. Et, maire socialiste, je ne voudrais pas le décevoir. Sûrement aurons-nous une bonne surprise mardi matin, avec l'Éducation nationale... "à [nos] côtés" ?