Ç'en était devenu ubuesque. Mais le ministère de la santé a fini par se souvenir de quelques fondamentaux républicains, notamment la considération due aux élus porteurs de la parole de leurs populations, en me proposant de rétablir un dialogue suite à la fermeture, par le gouvernement Fillon, de la maternité de l'ouest Var installée à l'hôpital George-Sand de La Seyne. J'ai ainsi été invité à un tour de table au cabinet de la ministre Marisol Touraine où je me suis rendu en fin de semaine dernière. Je ne crie pas victoire pour autant...
En présence du directeur de l'Agence régionale de la santé de Provence Alpes Côte d'Azur (ARS), j'ai pu confirmer l'exigence, que je partage avec plusieurs autres maires, qu'une réponse publique en matière de gynécologie, d'obstétrique et de périnatalité soit apportée pour les 200.000 habitants de la partie occidentale de notre département. Cette demande vaut au moins, car je ne suis pas jusqu'au-boutiste, tant que l'ouverture du tunnel ouest-est de la traversée de Toulon ne sera pas effective et qu'une analyse de la future réalité des temps de trajet n'aura pas été dressée.
NAISSANCES À LA MAISON OU SUR LE TRAJET ET "USINE À BÉBÉS" À TOULON
Car les choses vont en empirant avec l'accroissement constant de la démographie et des embarras de circulation. Rien que pour La Seyne, qui ne représente que le tiers de la population du territoire, cinq bébés ont dû naître à domicile, trois autres dans un véhicule de pompiers, et deux au service des urgences de l'hôpital seynois. On ne peut pas vraiment parler de progrès...
D'autant moins que, les faits en attestent, si les conditions de sécurité médicale sont heureusement réunies dans le nouvel hôpital de Sainte-Musse, les nombreux témoignages qui me reviennent - sauf à ce que mes interlocuteurs soient des menteurs - montrent que "l'usine à bébés" que les défenseurs de notre maternité avaient pressentie est bien en fonction : stress des parturientes qui tremblent lorsqu'on les renvoie chez elles faute de places d'accueil en attendant le moment de l'accouchement et qui préfèrent errer des heures sur le parking de l'hôpital, inquiétude avec un retour prématuré à domicile après l'accouchement faute d'un nombre suffisant de lits, incitations pressantes à aller consulter à Sainte-Musse, et même refus d'accorder des rendez-vous à La Seyne, alors que l'on nous avait fait miroiter le maintien de tous les services de pré-natalité et de gynécologie à notre hôpital local, accès complexe et coûteux à Sainte-Musse pour les visites des familles et des proches, etc.
LA PORTE RESTE OUVERTE : ON ME DEMANDE DES PROPOSITIONS...
Au point que les familles les plus avisées ne veulent prendre aucun risque devant un dispositif qui s'emballe et optent pour l'hôpital de La Ciotat, plus éloigné en distance mais plus rapide à rejoindre, mais qui, de ce que m'en disent les professionnels, a vu le nombre de ses naissances croître de près d'un tiers et son projet médical et social autour de la mère et de l'enfant fragilisé par cet afflux.
J'ai eu le sentiment qu'on prenait au sérieux mes témoignages, puisqu'on m'a dit qu'on "voudrait bien" répondre à ma demande mais qu'on est dans la difficulté à réouvrir un service d'accouchements faute d'obstétriciens qualifiés. Et on m'a rapporté que tel est le cas à la maternité vauclusienne de Valréas, dont la réouverture a pourtant été ordonnée par la justice mais ne peut être exécutée par défaut de praticiens. Ce qui m'a permis de rappeler que nous sommes également en attente d'un jugement du tribunal administratif que j'avais saisi à cet effet en 2012...
On m'a donc proposé une nouvelle rencontre dans les prochaines semaines. Je m'y rendrai avec des demandes concrètes sur le sujet précis, mais aussi, plus généralement, sur l'offre de soins due à notre territoire.