Ce lundi 16 janvier 2012 à 17 h 15 tombait comme un couperet de la bouche du sieur Deroubaix, directeur intraitable de l’Agence Régionale de Santé (ARS), la sentence de la fermeture de la maternité de La Seyne-sur-Mer. Le sort des 200.000 usagers de tout l’ouest varois (des quartiers Ouest de Toulon à St-Cyr-sur-Mer) était ainsi scellé. Les futures mamans devront donc prendre leur mal en patience et se résoudre à rallonger d'une heure le trajet qui les séparait habituellement de leur hôpital de proximité, ce soi-disant "vieil hôpital vétuste" d’à peine 14 ans d’âge situé à l’entrée de La Seyne, jouxtant le quartier Berthe. Le seul centre de naissance et d'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) aura disparu... remplacé par une unité de soins palliatifs pour les personnes en fin de vie et un service d'hospitalisation d'office pour les gens en danger psychiatrique !
En tant que citoyen, en tant qu’élu du peuple, je suis révolté et je n’admets pas qu’un directeur d’agence désigné par l’État pour conduire à son terme la mort du service public de santé, prenne le parti du tout technologique contre l’avis des populations et de leurs édiles, contre la réalité d’un territoire et de ses usages. Et en usant du mensonge éhonté, expliquant... qu'il est dangereux de naître à La Seyne ! Pourquoi ne l'ont-ils pas fermée plus tôt alors, cette maternité, ces assassins en puissance ?
Nous, élus de La Seyne, de St-Mandrier, d’Ollioules, aux côtés du collectif varois de défense de l’accès aux soins, aux côtés du pédopsychiatre de renom Boris Cyrulnik, avec le gynécologue obstétricien Jacques Petit et les praticiens et sages femmes libéraux, au nom de tous nos concitoyens, au nom des 21.000 signataires de la pétition réclamant le maintien d’une maternité de niveau 1 prodiguant aux mamans un accompagnement et un suivi de qualité et de proximité, nous ne baisserons pas les bras, nous n’abandonnerons pas le service public de santé au seul prétexte qu’il faille moderniser coûte que coûte des installations en fermant la maternité la plus importante du département où se déroulent chaque année plus de 1400 naissances.
J’ai réclamé l’ouverture du dialogue et la prise en charge directe par un interlocuteur de l’État du dossier de la maternité de La Seyne. Je veux que l’État prenne ses responsabilités. Je veux rompre toute forme de dialogue avec cette ARS mandatée, quoi que l’on dise, pour un seul but : tuer la maternité et le service public.
Je suis allé en août 2011 à Paris à vélo. Au terme de mon périple et après avoir pu constater sur ma route les affres de la politique de liquidation du service public de santé sur tout le territoire national, j’ai été reçu au Secrétariat d’État de Nora Berra qui m'avait promis, au nom du Ministre de la Santé Xavier Bertrand, l’ouverture d’un dialogue… qui n’a été qu’un dialogue de sourds.
Je veux clamer et rappeler haut et fort que nous tous, défenseurs de la maternité de La Seyne, ne sommes pas opposés à l’ouverture de l’hôpital de Ste-Musse et de son plateau technique révolutionnaire. Simplement, je veux que l’on entende vraiment que nous avons besoin, à côté de ce nouveau site annoncé comme ultra performant, de cette maternité de niveau 1.
Je veux que l’on entende qu’on ne peut opposer des outils à des êtres humains, que l’on ne doit pas contraindre les citoyens, en l’occurrence les futures mamans, à plus d’efforts, à leur charge et à leurs frais, et qu’enfin, il est tout bonnement inadmissible d’envisager d’exposer les mamans et leurs bébés à des risques nouveaux auxquels jusqu’alors ils n’étaient pas exposés.
Nous avons jusque là tenu bon, et tenu surtout à ouvrir le dialogue et faire fonctionner la démocratie. Nous avons manifesté de manière pacifique, sans imposer de gêne, sans aller à l’affrontement. Ma position est désormais de nature complètement différente.
Et j’en appellerai dans les prochains jours à la population pour que nous agissions à la mesure de la surdité de nos interlocuteurs. Nous avons été bafoués et méprisés. Nous ne nous baisserons pas les bras devant tant d’irresponsabilité. Je ne resterai pas les bras ballants devant le démantèlement de notre République, morceau par morceau, service public après service public, territoire après territoire, foulant au pied toutes ses valeurs-socles.
De tous horizons politiques républicains, je sais que vous aurez à coeur d'accompagner notre détermination.