26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 09:25

http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcSTtZTtGqNhabxcNsaXDSkUvspiIwCYr61frFqoUxnUY4tjjKCrrADepuis quelques temps, je rencontre des professionnels de la santé pour comprendre s'il existe de véritables risques sanitaires en cas de fermeture de la maternité de La Seyne.

Surprise : ils sont formels et mon tout dernier échange avec un gynécologue-obstétricien expérimenté résume les points de vue que j'ai recueillis : "Il va y avoir mort : des mères, ou des bébés, ou des deux !"

Leurs explications sont de trois ordres.

La question du temps de trajet est majeure : selon eux, au-delà d'une demi-heure, le danger existe. Or nous en avons déjà apporté la preuve : de l'actuel hôpital de La Seyne au chantier du futur hôpital Sainte-Musse, il faut plus de 55 minutes de trajet en voiture. Je laisse chacun calculer combien de temps supplémentaire il faudra pour venir de Saint-Mandrier, Sanary, Le Beausset ou Signes ! Sapeurs-pompiers et médecins s'accordent à dire que le risque est très réel, même au départ de La Seyne, et tant que le tunnel de Toulon et l'élargissement de l'autoroute ne seront pas réalisés... ce qui va prendre encore plusieurs années, selon les dires du directeur d'une des entreprises de travaux publics qui y travaille, et sous réserve que les financeurs (Etat, collectivités) parviennent à s'entendre rapidement pour couvrir le surcoût évalué à 70 millions d'euros...

Les médecins expliquent par ailleurs que l'on nous ment et que le programme de réduction du nombre de maternités du centre et de l'Ouest du Var empêchera qu'une maternité de niveau 3 (la plus performante en matière de sécurité médicale) soit installée à l'hôpital Sainte-Musse, d'une part parce que, pour qu'il y ait une maternité de niveau 3, il faut qu'il y en ait aussi une de niveau 1 ou 2 dans la zone couverte, ce qui ne sera pas le cas avec les fermetures programmées, et d'autre part parce que le nombre prévisionnel de naissances découlant des restructurations des autres établissements empêchera de disposer d'un nombre suffisant d'installations médicales nécessaires. Jugez plutôt...

La future maternité de Toulon devrait accueillir plus de 3500 naissances annuelles : les 900 naissances actuelles de l'hôpital Brunet, les 1300 naissances annuelles de l'hôpital de La Seyne, les 1100 naissances de l'hôpital de Hyères dont la maternité fermera pour raisons de sécurité après que la chirurgie aura été supprimée, les 450 naissances de la clinique Saint-Michel qui fermera sa maternité dès le 15 juin prochain (entraînant au passage le licenciement de 12 sages-femmes et 10 auxiliaires de puériculture...), voire plus encore si, par malheur, la chirurgie disparaissait de l'hôpital de Brignoles entrainant également la fermeture de la maternité.

Et les personnels médicaux rappellent enfin que, pour des raisons d'économies et du nombre insuffisant de lits hospitaliers au regard du nombre prévu de naissances, il est envisagé un retour dangereux à leur domicile des mères et des enfants seulement deux jours après la naissance, même si un hypothétique (car coûteux et supposant du personnel et des matériels qui ne sont pas prévus) dispositif d'hospitalisation à domicile (HAD) était mis en place. De l'avis plusieurs fois exprimé de la très officielle Académie Nationale de Médecine, la sortie précoce de la maternité constitue un risque majeur d'augmentation du taux de morbidité des bébés...

À l'heure de la judiciarisation croissante en cas d'incident médical, les obstétriciens s'inquiètent donc fortement des risques qu'eux-mêmes encourraient, sur les plan pénal et civil. Ils se sont d'ailleurs rapprochés d'avocats avec lesquels ils travaillent dès à présent pour envisager la situation.

Tout ça ne peut être ignoré du très docile directeur du Centre Hospitalier Intercommunal Toulon-La Seyne, pas plus que Nora Berra, secrétaire d'État à la santé ou de Xavier Bertrand, ministre chargé de la santé qui, en visite l'autre jour dans le Var, n'a pas daigné répondre à ma demande d'audience, et pas plus que D. Deroubaix, directeur de l'Agence Régionale de la Santé, officine parapublique chargée des basses œuvres d'exécution de nos hôpitaux.

Mais il faut que le plus grand nombre de nos concitoyens le sachent aussi. Car ces autres-là nous mentent et cherchent à nous enfumer.

Ça ne peut pas se passer ainsi. Nous avons été bien gentils jusqu'à présent...


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Publié par Marc Vuillemot - dans Santé - hôpital - maternité