Avant, quand j'étais un peu moins grisonnant de la toison, on n'avait pas besoin d'une association nationale agréée et d'un "kit d'organisation" pour prendre un apéro entre voisins. On se le disait d'une haie de jardin à l'autre, d'une coursive d'HLM à l'autre, et on se retrouvait autour d'un verre le jour dit (qui était souvent le jour même, d'ailleurs). Et on refaisait le monde. Et on faisait le tour de l'actualité locale. Et on cassait du sucre sur le dos de celui qui n'était pas là. Et...
Maintenant, il y a le dispositif "Immeubles en fête". Et sa déclinaison locale, la "Fête des voisins". Et la remise officielle, comme ce fut le cas la semaine dernière, à ceux qui ont bien tout organisé pour que ça se passe au mieux du... "Diplôme du bien voisiner".
Pourquoi pas ? Si ça retisse du lien qui s'est distendu, si ça régule les funestes représentations erronées que les uns se font des autres, si ça libère la parole ou le sourire qu'on s'est refusé à offrir dans l'ascenseur entre le rez-de-chaussée et le huitième étage, si ça aide à faire ensemble, pour soi-même et pour d'autres...
C'est ce qui se passe à La Seyne depuis quatre ans. Et, grâce à un bel investissement des fonctionnaires communaux du service de la "vie des quartiers" qui impulsent et accompagnent la démarche, grâce aux conseillers des secteurs qui ont pris leur part dans la promotion de l'événement annuel, grâce à ceux qui, chacun dans son quartier, urbanisé ou pavillonnaire, sont venus chercher le "kit" et l'ont utilisé à bon escient, ce sont cent rencontres sympathiques qui ont eu lieu en mai dernier, regroupant plus de 3500 de nos concitoyens ! Drôlement plus qu'en 2010, année du démarrage de l'opération, où (seulement...) un millier de Seynoises et de Seynois avaient franchi le pas de la convivialité du pas-de-porte.
Ce n'est certes pas ça qui va changer la face du monde. C'est vrai. Mais quel beau et solide rempart contre l'isolement, le repli sur soi, et, au-delà, tous les ferments d'obscurantismes qui peuvent en découler !
Et si, demain, du nord au sud, des lotissements aux grands ensembles, du cœur de ville aux anses littorales, pour aller encore plus avant dans le vivre-ensemble, on décidait de... "s'entr'inviter" d'un quartier à l'autre ?...