/image%2F1454492%2F20250628%2Fob_675be4_front-populaire.jpg)
Quelques réflexions et éléments d'histoire dans le contexte politique aussi stupéfiant qu'inquiétant que connaissent La Seyne et la métropole toulonnaise.
En d'autres temps, face au danger, on a su trouver les voies de la prévention du pire. Ça vaut peut-être le coup de se remémorer.
Et on en fera ce qu'on en voudra...
À La Seyne, la porosité entre la droite et l’extrême-droite ne s’est pas révélée à l’occasion de l’élection serrée du “maire remplaçant” qui la doit à une voix venue, de leur propre aveu, des élus du Rassemblement National.
Ce n’est pas nouveau. Depuis les années 1980, à l’exception notable de celle d’Arthur Paecht, les équipes municipales de droite ont accueilli en leur sein des gens d’extrême-droite et de droite souverainiste radicale. Mais, depuis 2020, on a franchi un cap. Celle de Mme Bicais et M. Colin en comptait au moins cinq et même six après le rafistolage opéré avec celle de Mme Torres. Et pas des figurants : tous sont ou ont été adjoints au maire, voire conseillers départementaux. Quant à d’autres élus se disant de droite républicaine, leur obsession ultra-sécuritaire ou stigmatisant certains groupes sociaux en dit long sur leur proximité de pensée avec les tenants des thèses autoritaires, racistes, excluantes, et anti-humanistes.
C’est déjà sidérant. Mais voilà qu’un conseiller municipal et métropolitain de droite, qui connaît bien le sujet, ayant lui-même, comme il l‘indiquait en 2008, « de Pasqua à De Villiers, connu tous les leaders souverainistes », a porté une accusation publique grave. Un adjoint aurait négocié avec le RN pour obtenir la voix ayant permis au maire d’être élu. À cette heure, cela n’a pas été démenti.
L’élection du nouveau maire était un problème interne à la droite divisée. Les élus de gauche n’y ont d’ailleurs pas pris part. Mais, si l’accusation de combinaison avec le parti créé par des Waffen-SS, des néonazis et des anciens de l’OAS était fondée, ce serait extrêmement grave de la part d’élus soi-disant républicains.
Ce ne serait certes pas si étonnant venant de la droite seynoise. Ici, la gauche a toujours invité à voter au second tour d’une élection à La Seyne pour les candidats de droite lorsqu’ils constituaient l’unique rempart contre l’idéologie néofasciste. Chaque fois, au contraire, que des candidats de gauche ont affronté seuls l’extrême droite au deuxième tour, jamais LR et ses partis alliés n’ont appelé, fût-ce du bout des lèvres, à barrer la route au RN.
Ça ressemble aux temps de l’émergence de l’Italie fasciste, de l’Allemagne nazie, des Phalanges espagnoles et des Ligues en France, où la bourgeoisie et les partis conservateurs se sont largement accommodés de l’indicible. Et aux partis de droite qui gouvernent aujourd’hui dans des coalitions avec l’extrême-droite en Hongrie (le KDNP), en Slovaquie (le HLAS-SD), en Italie (le NM) ou aux Pays-Bas (le VDD, le NSC et le BBB).
Dans ce contexte d’une droite qui s’est discréditée, il n’y a qu’une voie pour éviter le pire à La Seyne : celle de l’honnêteté intellectuelle et morale. Et, cette voie, après ces événements révélateurs, même des personnes de droite le disent, il ne reste plus que les gens de l’humanisme, des gauches et de l’écologie pour l’emprunter. Ceux-ci, avec tous leurs partis, constituent un Front populaire seynois, seul bouclier contre le RN et désormais contre cette droite locale oublieuse de son histoire républicaine et radicalisée par démagogie, par stratégie ou par conviction.
À gauche, la plupart des partis travaillent ensemble depuis des mois à un projet commun réaliste. 2026 sera une élection locale, communale et surtout métropolitaine, loin des postures partisanes nationales.
Pourvu qu’aucun, du plus absolu au plus modéré de ceux qui porteront ce programme communal, ne commette par dogmatisme ou par calcul l’erreur fatale de s’en extraire ou de jeter l’anathème sur des personnes ou des mouvements qui y adhèreraient et voudraient le renforcer de leur engagement.
Souvenons-nous que Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français, prônait en 1934 « l'alliance des classes moyennes avec la classe ouvrière », constatant que les résultats des élections de 1932 « attestaient de la course de vitesse engagée entre les fascistes et les partis ouvriers pour la conquête des classes moyennes ». C’est pourquoi il invitait le Parti radical, toujours oscillant entre centre droit et centre gauche, mais « héritier de la Révolution française » aux yeux des communistes, à rejoindre l’union de la gauche qui remportera les élections de 1936 grâce à cette ouverture autour de son programme partagé. Celui du Front Populaire.
Ce fut aussi à La Seyne, au lendemain de la Libération, l’intelligence de Jean Sauvet et de Toussaint Merle.
Quand le « danger fasciste » est réel et que la droite républicaine s’en arrange, la gauche ne fait pas la fine bouche.
Quand il ne reste guère plus de compétences aux communes que les écoles, les cimetières, la police municipale et une part de la vie culturelle, sportive et sociale, et qu’on fait partie d’une métropole qui est désormais en charge de l’économie, le tourisme, l’urbanisme, les voiries, les espaces verts, naturels et agricoles, le littoral, les plages, les ports, les mobilités, les réseaux de télécommunications, l’habitat et le logement, l’accompagnement social et la rénovation des quartiers urbains populaires, l’eau et l’assainissement, la gestion des déchets, la transition énergétique, les grands équipements sportifs et culturels, l’enseignement supérieur et la formation, on élargit la focale des enjeux au territoire intercommunal.
Et quand le risque existe que la plus grande commune de la métropole bascule au RN, avec ses 35 conseillers communautaires, et que d’autres, dit-on, comme La Garde (5 élus), pourraient connaître le même sort, La Seyne, deuxième commune de TPM par sa population, avec ses 12 élus métropolitains, a la responsabilité immense d’empêcher que l’extrême-droite n’obtienne la majorité absolue (45 élus) dans l’assemblée délibérante de l’intercommunalité.
Un projet des humanistes, des gens des gauches et des écologistes, s’adressant bien au-delà des classes populaires, doit gagner à La Seyne en 2026.
Pour offrir une alternative, on accueille autour d’une perspective commune, et on préfère l’addition à la division. Ici, l’horizon, modeste mais essentiel et ambitieux, c’est d’améliorer la vie et son cadre environnemental et de faire vivre l’harmonie entre gens de tous quartiers et toutes catégories sociales d’une ville riche mais fragile de sa diversité, afin que chacun ait droit à la dignité.
C’est très jouable.