Transports régionaux : à ce train-là, il faut s'attendre à tout entendre de la part de M. Muselier !
« En 2016, la qualité de service de nos TER était dramatique ». C'est ce qu'affirme dans son bilan le président de la Région Provence, chef de file de la majorité de droite du Conseil régional. Et c'est vrai.
2016, c'est un an après son élection. Et c'est exact que M. Muselier a réussi le tour de force de réduire à néant en quelques mois les efforts que les gauches et l'écologie régionales avaient déployés entre 2010 et 2014 pour contraindre la SNCF à diminuer significativement les annulations et les retards des trains régionaux.
Il a bien fallu que M. Muselier et son vice-président en charge des transports, M. Tabarot, se ressaisissent pour parvenir aujourd'hui, six ans après, à un résultat à peu près identique à celui que nous avions obtenu. Six années blanches, il n'y a franchement pas de quoi s'en vanter.
Les chiffres sont là, accessibles sur les sites Internet.
Dès les deux premières années de leur mandat 2010-2015, les gauches et l'écologie régionales ont ramené de 10% à 2% le taux de trains supprimés, et de 16% à 12% le taux de trains en retard. Ces efforts, sous l'égide de Jean-Yves Petit, vice-président écologiste chargé des transports, furent couronnés dès 2012 par le "prix national du service aux voyageurs" que, comme président de la "commission régionale des transports et de l'éco-mobilité", j'ai reçu pour le Conseil régional cette année-là.
En 2016, de l'aveu même de M. Muselier, élu en 2015, dans le bilan qu'il publie, on a régressé avec 10% de trains annulés et un taux de TER retardés ayant atteint 20%.
Aujourd'hui, à la fin de son mandat, la Région, qui s'est heureusement ressaisie ces dernières années, affiche 2% de TER supprimés et 10% de trains qui ne sont pas à l'heure. C'est-à-dire exactement comme avant son élection, avec, il faut être honnête et précis, un léger mieux en matière de retards (de 12% à 10%).
Six années inutiles, donc. Mais on ne peut pas à la fois faire pression sur la SNCF, opérateur historique, et s'employer avec énergie à ouvrir les TER à la concurrence et la privatisation.
M. Muselier n'a donc pas de quoi fustiger ses prédécesseurs en qualifiant la Provence d'alors de « pire région de France » pour les transports, ni bomber le torse en annonçant qu'il a « gagné la bataille du rail » !
Ce n'est peut-être pas seulement pour les bisbilles internes au parti "Les Républicains" qui, étalées au grand jour, ne profitent qu'à l'extrême-droite, que M. Tabarot a été écarté de la liste que M. Muselier a présentée pour l'élection de juin prochain...