
Obligation du port d'un masque protecteur du virus ou pas ?
Chacun son métier.
Moi, je ne suis pas épidémiologiste, donc je ne peux que m'en remettre aux instructions qui me sont données par les autorités sanitaires.
Ça ne m'interdit pas de préparer la ville à toute éventualité, et c'est le sens des consignes que j'ai données aux cadres de notre cellule municipale de crise.
Mais l'affaire n'est pas simple...
En tous cas, si je devais recommander quelque chose, ce serait d'appliquer le principe de précaution...
ON ENTEND TOUT ET SON CONTRAIRE : OÙ EST LA VÉRITÉ ?
Jusqu’à présent, le gouvernement et l’Agence régionale de santé (ARS) indiquaient (9 mars) :
« Ces masques, disponibles seulement sur prescription médicale, sont réservés à toutes personnes malades et aux personnes à risque modéré / élevé, et aux professionnels de santé. En revanche, le port de ce type de masque par la population non malade n’est pas recommandé et son efficacité n’est pas démontrée. Comme pour l’épisode de grippe saisonnière, ce sont bien les "mesures barrières" (se laver les mains régulièrement, éternuer dans le pli de son coude, utiliser des mouchoirs à usage unique, etc.) qui sont efficaces. »
Mais, dans un communiqué du 3 avril, l'Académie nationale de médecine (ANM) recommande « le port d'un masque "grand public", aussi dit "alternatif" ou "de fortune". »
Et aujourd’hui, ça et là, on évoque la possible obligation du port d'un masque pour sortir.
J'invite mes concitoyens à suivre les recommandations des spécialistes de la santé, mais...
- Y a-t-il un stock de masques suffisant sans piller le stock du corps médical, des soignants, et des professions exposées au contact avec les gens ?
- Les alternatives au masque FFP2 seront-elles disponibles, notamment le tissu pour fabriquer les masques ?
- Les pharmacies seront-elles dotées de stocks pour les particuliers ?
- Actuellement un masque lavable coute 6 € pièce. Sert-il à quelque chose ? Oui, si j’écoute l'Académie Nationale de Médecine, mais...
- Avec une surface de tissu de 1,50 m2, on réalise 8 masques (car il faut trois épaisseurs) : pour 1 masque par habitant de La Seyne, il faut donc environ 8 km de tissu d'un mètre et demi de large (ou 12 km de tissu d'un mètre de large)...
- Est-ce aux communes à commander pour leur population ? La Ville de Nice annonce certes qu'elle va acheter un masque par personne. À qui va-t-on commander, quel type de masque ? Au-delà des effets d’annonce, imaginons le problème de logistique... Cela risque d'être une foire d’empoigne, il faudra déroger aux règles des appels d'offres des marchés publics (sinon, sous réserve qu'il y en ait de disponibles chez des fournisseurs, ils nous seraient livrés bien après le terme de la pandémie), et peut-être faire face à une spéculation...
EN ATTENTE DES INSTRUCTIONS, MAIS APPEL À LA PRÉCAUTION
Au regard de toutes ces interrogations, l’État doit se positionner clairement sur le sujet, édicter ses recommandations et obligations, que bien sûr je suivrai, et, si le Législateur ou le gouvernement décident qu'il appartient aux collectivités de doter leurs résidents de masques, signifier suivant quelles conditions règlementaires devront être effectuées les commandes dans la situation particulière d'urgence que nous traversons.
Dans l'attente, le principe de précaution me dicte de recommander aux Seynois de suivre les avis de l'Académie nationale de médecine, mais, en l'absence de cadre légal, je ne peux pas imposer une contrainte, effectuer des contrôles, voire appliquer des sanctions.
Quelle que soit la décision que prendra l'État pour la crise du coronavirus, il serait important pour l'avenir que le Législateur ou l'exécutif stipulent très en amont quelles sont les conduites à tenir, pour les particuliers comme pour les institutions publiques, en cas d'épidémie de maladie infectieuse.