Ce n'est certainement qu'un oubli aisément réparable. Le conseil communautaire de notre agglomération Toulon Provence Méditerranée (TPM) est en effet appelé à voter, ce vendredi, sur le principe de la relance d'une déclaration d'utilité publique en vue de disposer d'un cadre nécessaire à la réalisation d'un mode de transport collectif qui doit constituer l'épine dorsale des déplacements en mode soutenable de notre aire urbaine.
Une lecture peut-être trop rapide de l'évolution des réalités territoriales semble avoir fait omettre des parties de notre aire métropolitaine qui, il y a plus de trente ans, lorsque les premiers tracés du tramway prévu à l'époque ont été imaginés, ne représentaient pas des sites à enjeux tels qu'ils le sont aujourd'hui. Je veux parler du nord de la commune de La Seyne, du pôle de compétitivité mer au quartier des anciens chantiers navals.
C'est pourquoi j'ai adressé le courrier ci-dessous à mon collègue Hubert Falco, président de TPM, lui demandant de bien vouloir reconsidérer le tracé de la future ligne dans son extrémité occidentale seynoise. Et je ne doute pas que le bon sens prévaudra.
« Monsieur le Président,
« Le projet de délibération n° 16/02/17 relative à la relance d'une déclaration d'utilité publique (DUP) pour la réalisation d'un transport en commun en site propre (TCSP) de La Seyne à La Garde, que vous allez soumettre au vote du conseil communautaire le vendredi 12 février, pose un grave problème.
« Le fait de relancer le projet d'une ligne de TCSP terrestre, en lui même, n'est évidemment pas en cause. Notre commune le soutient depuis son origine, comme "dorsale" indispensable aux mobilités du territoire transcommunal.
« Mais, depuis plusieurs années, dans toutes les instances ad hoc, votre direction générale pourra vous le confirmer, la ville de La Seyne fait valoir l'absolue nécessité de revenir au tracé initial concernant son territoire, prévoyant, non comme le stipule le projet de délibération, un terminus à la gare SNCF de La Seyne, mais un terminus au droit du site des anciens chantiers navals (susceptible d'être prolongé, dans une tranche ultérieure, en direction de Saint-Mandrier).
« Le TCSP ne saurait en effet ignorer des sites majeurs de la dynamisation de notre agglomération qui se trouvent sur le territoire de ma commune :
- le quartier Berthe, plus important site de la géographie prioritaire de la politique de la ville de notre département, qui achèvera en 2018 sa rénovation entamée en 2007, parmi les plus importantes du pays. Je rappelle à votre attention que le tracé du TCSP y est réalisé depuis près de 20 ans ;
- la partie maritime du pôle de compétitivité mer Méditerranée, accueillant des opérateurs publics et privés majeurs du développement des plus hautes technologies marines (CNIM, IFREMER, CNRS, Antares, Ro-ro, ferries, etc.) ;
- le port et le cœur historiques de la commune, retenus dans le cadre du nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU) que porte notre agglomération avec l'État, la Région, le Département, nos communes, et de nombreux autres partenaires, au "confluent" des territoires à enjeu métropolitain de la partie sud et ouest de notre Rade, pour lequel, comme pour tous les sites prioritaires "politique de la ville", les infrastructures dédiées aux mobilités propres sont considérées comme des vecteurs essentiels de la requalification et de la redynamisation ;
- le site des anciens chantiers navals et ses alentours, vecteurs de développement économique, touristique, culturel, et social, le long duquel mon prédécesseur a prévu le cheminement dudit TCSP :
- pont levant à vocation touristique patrimoniale,
- hôtel 4 étoiles avec le plus fort taux de remplissage de la région PACA,
- parc paysager et son "chemin de la Navale",
- casino de jeux de la rade (et salle de spectacles pouvant accueillir jusqu'à plus de 900 personnes),
- projet "Atelier mécanique", dont le permis de construire est en cours d'instruction, dédié à un complexe cinématographique de 9 salles, extensible à 12, deux résidences hôtelières, des commerces de loisirs, de culture, et de bouche, devant ouvrir ses portes fin 2018 à des milliers d'usagers,
- structures portuaires d'accueil de la petite, moyenne et grande plaisance,
- institut de promotion et de formation aux métiers de la mer de la Chambre des métiers et de l’artisanat du Var, étendu à des formations relocalisées d'autres centres de formation d'apprentis (Hyères, Le Beausset, etc.),
- école supérieure du professorat et de l'éducation (ESPE), dont l'extension est prévue en deux tranches, la deuxième ayant été inscrite au contrat de projet État-Région,
- zone d'activité économique "Joseph-Grimaud", dédiée à l'économie maritime, prolongée, à l'est, dans le secteur de l'Eguillette, par le site sur lequel a été déposé le permis de construire d'un très important chantier de construction et de refit de yachts de grande plaisance (Monaco Marine) à la formalisation duquel notre agglomération a largement concouru,
- terminal de croisières sur la zone concédée à la Chambre de commerce et d'industrie du Var, accueillant chaque année une centaine de paquebots de plusieurs milliers de "croisiéristes", dont un tiers, estimé entre 1500 et 2500, demeurent, lors des escales, sur nos territoires (La Seyne et Toulon),
- pôles intermodaux de mobilités (voiture, deux roues, bus, bateaux-bus, etc) : parking-relais des Esplageolles, embarcadères des bateaux-bus de Réseau Mistral du port de La Seyne, de "Porte marine", et celui réclamé du "Bois sacré", permettant des interconnexions avec les quartiers est et sud de La Seyne (Tamaris et Les Sablettes) et les communes de Toulon, Saint-Mandrier et Six-Fours ;
- et des milliers de logements résidentiels créés ou en voie de création, comme le programme de près de 400 logements prévus au lieu-dit "Bois sacré" dont le permis de construire a été accordé, pour concourir à atteindre les objectifs assignés à notre Programme local de l'habitat (PLH) intercommunal.
« Ces quelques éléments devraient vous permettre de reconsidérer, en urgence, je vous le concède et j'en suis navré (mais la décision de notre bureau communautaire en date du 19 octobre dernier ne permettait pas de visualiser le tracé imaginé pour cette DUP), le tracé devant être soumis à la concertation publique.
« À défaut de solutions conjuguées de transports collectifs structurants, par voie terrestre et maritime, et de solutions intermodales, des milliers de véhicules vont ruiner les efforts de développement durable et soutenable de notre intercommunalité, et freiner gravement sa dynamique économique et sociale.
Monsieur Yannick Chevenard, vice-président en charge des transports de notre agglomération, que j'ai interpellé dès réception du projet de délibération, m'a indiqué que je pourrai "faire valoir le bien-fondé de [ma] démarche" dans le cadre de la concertation publique.
« Je ne manquerai pas de le faire, par la voie d'une délibération que je soumettrai au vote du conseil municipal de La Seyne aussitôt que possible.
« Mais j'estime que la deuxième ville de notre agglomération, par ailleurs deuxième ville de notre département, forte de 65.000 habitants, celle connaissant la plus forte croissance démographique, et l'une de celles les plus porteuses de développement économique, social et culturel du territoire de notre Schéma de cohérence territoriale, ne peut être considérée comme un "citoyen lambda" pouvant donner un avis dans le cadre d'une concertation publique.
« Je vous serais donc reconnaissant de bien vouloir faire préciser, avant la réunion du 12 février de notre conseil communautaire, dans un projet de délibération modifié, que le tracé du TCSP devant faire l'objet de la déclaration d'utilité publique est prévu de la gare SNCF de La Garde à la partie sud des anciens chantiers navals de La Seyne et non à la gare SNCF de ma commune.
« Je vous remercie sincèrement de l'attention que vous voudrez bien prêter à ma demande, simplement fondée sur une lecture égalitaire, dans l'esprit républicain qui nous anime, de l'ensemble des territoires de Toulon Provence Méditerranée. Il serait en effet navrant, je suis certain que vous en conviendrez avec moi, que ce soient nos adversaires communs peu enclins à porter les valeurs qui fondent notre République, qui relèvent cette regrettable erreur d'appréciation de nos réalités territoriales et des enjeux d'avenir de l'ensemble de notre aire urbaine. Je préfèrerais vous remercier en séance publique de la prise en compte de ma demande que de devoir regretter un oubli territorial.
« Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma plus parfaite considération. »
Mise à jour de l'article le 11 février à 15 h 40 : La communauté d'agglomération m'a fait savoir que son Président proposera en séance une délibération modifiée mentionnant un tracé allant, comme nous le souhaitons, de la gare de La Garde à la partie sud du site des anciens chantiers navals de La Seyne, sur une distance prolongée à 20 km environ. Merci à TPM.