« Tranquillas etiam naufragus horret aquas » ( * ). Cette maxime d'Ovide pourrait bien s'appliquer à l'état d'esprit des Seynois après la mésaventure survenue à cette dame âgée au service des urgences de notre hôpital George-Sand de La Seyne.
Et ils n'ont pas tort. Comment ne pas redouter un nouveau coup fourré des sinistres marionnettistes qui tirent les ficelles du démantèlement de notre offre publique de soins, à commencer par la perfide ministre de la santé, celle-là même qui, début 2012, accompagnait chez nous le futur Président de la République pour affirmer que, s'il était élu, il y aurait toujours des accouchements dans notre hôpital seynois ? Une fois ministre, elle avait pris le relais de son prédécesseur de droite, avec les bras armés du funeste directeur du Centre hospitalier intercommunal de Toulon - La Seyne et des dociles acteurs de l'Agence régionale de la santé. On connait la suite que cette belle équipe de menteurs a réservée à notre maternité publique.
Le coup avait été bien préparé. On avait fermé le service de biologie médicale, permettant, au nom de la sécurité, de justifier la suppression de l'hospitalisation pédiatrique. Ça avait permis d'argumenter pour transférer les pédiatres, puis de s'appuyer sur leur absence pour légitimer la fermeture de la maternité. Une première boucle était bouclée. Et, tant qu'à faire, la maternité disparue avait servi de motif à supprimer des blocs de chirurgie. Et ainsi de suite.
Comment, dès lors, ne pas craindre aujourd'hui une semblable dégradation volontaire du service des urgences pour, au nom de l'impératif de sécurité, motiver demain la disparition de celui-ci ?
ET S'ILS NOUS REFAISAIENT LE COUP DE LA MATERNITÉ ?
Je me suis interdit d'extrapoler à partir de ce que j'ai cru n'avoir été, ces jours derniers, qu'un malheureux concours de circonstances, avec des personnels en nombre insuffisant, éreintés et méprisés, qui ont besoin de soutien et qu'il serait scandaleux de blâmer. Et donc je ne me suis pas inquiété outre mesure jusqu'à ce que j'aie lu les explications données à Var-matin par le courageux anonyme se cachant sous le pseudo de "la direction", qui a répondu par des contre-vérités.
Car, enfin, il est faux d'indiquer qu'il y avait saturation aux urgences, un médecin ayant confirmé que c'était plutôt tranquille ce soir-là, comme il est tout aussi fallacieux de prétendre que la cause en serait une prétendue épidémie de grippe dans les établissements de personnes âgées, ce qui, renseignement pris, est totalement inexact s'agissant de La Seyne.
Je crains que la vérité ne soit une dégradation volontaire du service permettant aux liquidateurs patentés de poursuivre leur sale besogne avec un nouvel argumentaire de bonimenteurs.
Les Seynois, en tous cas, n'ont pas la mémoire courte et ne se laisseront pas faire.
( * ) : « Un naufragé garde l'horreur des flots, même tranquilles » (l'équivalent latin de « Chat échaudé craint l'eau froide »)