14 septembre 2015 1 14 /09 /septembre /2015 03:08

En clôture des deux événements majeurs de ce dernier week-end, le 2ème "Forum des associations" et la 13ème journée "Fête des sports", j'ai voulu remercier tous les organisateurs pour ce qui a été un véritable exploit, cette année où il n'a pas été possible d'organiser ces temps forts sur le parc de la Navale à cause du mauvais temps. Exploit d'avoir en quelques petits jours tout réorganisé dans les espaces sportifs Langevin et Léry. Bravo à la direction des sports et au service de la vie associative bien sûr, à mes collègues en charge de ces délégations, Marie Bouchez et Louis Corréa, mais bien au-delà, à tous les autres services et élus qui se sont mobilisés. Et à mes collègues professeurs d'éducation physique du lycée voisin qui, m'a-t-on dit, ont cédé leurs espaces dès vendredi.

Le forum a été un vrai succès, à l'image du monde associatif, dynamique, grouillant de vie, de bonne humeur, d'énergie, d'envie de conquérir encore et toujours des consciences, des bras, aussi, des envies citoyennes, des talents.

J'ai profité de mon propos de clôture pour aborder quelques sujets...

 

UN ABSOLU BESOIN DE CITOYENNETÉ

"(...) Car sans actes, la solidarité n'est rien !

"Sans engagement, demain restera un jour vide de perspectives.

"Sans citoyenneté, sans éducation, la fraternité et la liberté seront des victimes définitives du naufrage d’une République qui peine à faire surnager ses valeurs.

"Sans cela, nous regarderons encore tomber des hommes, nous contemplerons des déchéances et des dérives, nous compterons des victimes, et nous verrons toujours plus de gens derrière les vitres d’un AppleStore attendant la sortie d’un xième gadget que sur un rivage pour porter secours à leurs frères.

 

NE PLUS ÊTRE LES VOYEURS DE LA RÉPUBLIQUE

"Excusez-moi, mais je ris jaune lorsque j’entends soudain les prédicateurs de l’exclusion parler de « nos » pauvres pour mieux fermer nos frontières face à ce qu’ils considèrent, encore, au XXIe siècle, comme une invasion.

"Et j'affirme que, si les sondages disent qu’une moitié de Français refusent l’hospitalité à leurs frères humains, ça ne signifie pas qu’il faut agir en conséquence, mais ça pose la question bien plus grave d’un délitement des consciences, et d’un repli qu’une partie de nos concitoyens considèrent comme plus confortable.

"Or c’est de l’Humanité qu'on parle. C’est pour l’Humanité que nous devons agir, que vous agissez, par le sport, par la culture, par l’adhésion à un projet de territoire, quel qu’il soit, pour nos enfants, pour tous les enfants et sur tous les territoires, dans et hors de nos frontières...

"Nous ne pouvons plus être les voyeurs de la République. Nous devons en être les sentinelles, les garants, les gardiens, les acteurs, et partager ensemble la responsabilité de demain !

 

LE FAIRE-ENSEMBLE À L'HEURE DES TECHNOLOGIES

"A l’heure où tout se compte,

"A l’heure où les tableaux Excel remplacent les rapports moraux et où les chiffres l’emportent sur la Lettre,

"A l’heure où 140 signes dans un Tweet valent plus que toute pédagogie,

"A l’heure où un profit est plus important qu’une vie,

"A l’heure où tout s’achète, même une conscience nouvelle, en un clic sur un mur virtuel, que partageons-nous réellement derrière notre forêt d’écrans ?

"Nous entrons dans une ère où une imprimante 3D fabriquera nos objets du quotidien, où nous pouvons produire à coût zéro notre propre information, nos propres spectacles, où nous pouvons nous exposer, nous promouvoir, nous monétiser, chacun depuis chez soi… Et, dans le même temps, nous constatons le rejet de la responsabilité, la défiance de l’action collective, le morcèlement d’une société. Une société qui, derrière le consensus des émotions, s’effrite et se disperse aussi vite qu’elle s’est rassemblée, laissant la sphère publique se vider peu à peu de sa substance…

"A quoi sert d’avoir le monde à portée de regard, si ce regard n'ouvre que sur un supermarché et un divertissement ?...

 

SANS PROJET COMMUN, LA SOCIÉTÉ NE SERA QU'UN SELFIE

"J'évoque tout ça parce que l’intérêt général que vous, les associations, défendez avec nous, les institutions, les collectivités, tous individus-acteurs de cette société hyper-connectée, cet intérêt n’est pas en opposition avec cet arsenal technologique qui bourdonne en permanence. C’est juste une manifestation nouvelle de la vie où l’on découvre souvent avec retard qu’elle peut échapper à tout idéal commun, qu’elle peut nuire autant qu’elle peut être positive.

"La seule "presque certitude" que l’on peut avoir, c’est que, sans éducation, nationale et populaire, sans conscience, sans l’idée motrice qu’il faut protéger chaque vie, sans projet commun, la société ne sera qu’un selfie de plus, qu'une de ces photos que chacun prend de lui-même en espérant qu’un autre la trouvera suffisamment belle pour la « liker ».

"Alors, je crois qu’il y a urgence… L’urgence est le résultat d’un grave retard, de l’ignorance, d’un repli, d’idées reçues - et souvent fausses, lancées dans la précipitation.

"A cette heure où nous basculons dans un monde que nos yeux n’arrivent plus à suivre, nous avons un besoin vital, un besoin qu’aucune application de smartphone ne parviendra jamais à remplir, celui de donner du temps, celui de prendre le temps sans, pour une fois, défier la vitesse de la lumière dans une course perdue d’avance, le temps de la construction humaine, de l’échange, de la transmission, de la culture, le temps de réapprendre à vivre dans une ouverture d’esprit partagée.

 

LA VIE ASSOCIATIVE, UNITÉ DE MESURE DE LA VITALITÉ DU TERRITOIRE

"La vie des associations EST une nécessité absolue, un droit, une liberté. Une association, c’est une convergence, un espace de rassemblement, une unité de mesure de la vitalité et de la solidarité d’un territoire, pas tant par le nombre que par la qualité de ce qu’elle propose à l’adhésion des habitants, et ça, c’est une force incroyable !

"Ici, ce week-end, comme tous les jours, dans les temps libres, souvent dans l'ombre, ça a été une société vouée à s'occuper des autres, des jeunes, de leur éveil et de leur épanouissement, des anciens, de leur maintien dans la vie sociale, à s'activer pour le lien social et la solidarité, la santé, le handicap, la défense de l'environnement, la culture, le patrimoine, le sport, les activités de loisirs physiques ou intellectuels… ça a été toute une société profondément humaine, qui bouge et qui entraîne à bouger. C’est ÇA notre projet partagé.

"Alors oui, c'est de la résistance à l'isolement, de la résistance à l'égoïsme, de la résistance à un système fondé sur l'argent pour l'argent !

"Au nom de la municipalité, je veux vraiment remercier du fond du coeur tous ceux qui ont fait ce grand rassemblement associatif et ce succès populaire (encore une fois, malgré les difficultés).

 

GRAND MERCI À L'ENGAGEMENT VOLONTAIRE ASSOCIATIF

"Vous l'avez prouvé ce week-end, vous ne baissez pas les bras et, quand vous les levez, c’est en signe d’accueil et d’accolade, et pas uniquement pour rajouter un selfie à la face du monde.

"Et vous le démontrez : tout n'est pas affaire de moyens, même s'il est évident qu'avec un effort des politiques publiques, la vie locale reprendrait les couleurs qu'elle a perdues au fil des années.

"Combien d'associations avons-nous perdues à La Seyne, ou ailleurs, qui aidaient à prévenir les risques sociaux, à contrer la haine, le fanatisme, religieux ou autre, la xénophobie, l'exclusion, la peur de l'autre ?…

"Mais des associations se créent, aussi, et c'est drôlement bien. Des jeunes aident d'autres jeunes, des retraités s'activent pour leurs pairs ou agissent en direction de la jeunesse, dans tous les domaines, des loisirs à l'insertion vers l'emploi.

 

LE SERVICE PUBLIC COMMUNAL FACE À DES FÉDÉRATIONS UN PEU OUBLIEUSES

"Et le service public communal, du sport, de la culture, de l'action socio-éducative, prend toute sa part, à La Seyne plus qu'ailleurs, avec ses lieux d'éducation artistique et culturelle, ses écoles de sports, ses espaces de loisirs, sans rejeter quiconque, quel que soit son quartier de résidence, son niveau, ses aptitudes, voire pire...

"Il compense d'ailleurs parfois, ce service public communal tant décrié par certains, les contraintes que certains clubs se voient imposer, de tri ou de sélection, contraires à l'idéal républicain, pour répondre aux impératifs de fédérations parfois oublieuses de leurs fondamentaux, et, hélas aussi, de certains parents qui les poussent à la ségrégation ou au "tout compétition".

"Je vous le redis, je suis très fier de ce qui s’est passé ce week-end avec vous, je viens moi-même du milieu associatif de l’éducation populaire, et je ne l’oublie pas.

 

AVOIR EST L'AUXILIAIRE D'ÊTRE, JAMAIS LE CONTRAIRE

"Je nous engage, nous tous, à ne rien lâcher, à tenir bon, à agir main dans la main, à occuper l’espace public, à transmettre de vraies valeurs humaines, et à œuvrer à l’émancipation des individus, à leur autonomie, leur développement personnel, pour qu’ils n’oublient jamais, parce qu’ils vous ont croisés, aimés, aidés, que le verbe "avoir" a toujours été l’auxiliaire du verbe "être", et jamais le contraire.

"Alors, soyons longtemps, au moins dans notre Seyne si diverse, cette société de la dignité humaine, des droits de l’Homme, de la liberté, de l’égalité, et de la fraternité. Merci à vous tous, vraiment, et permettez moi de vous applaudir."

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Sports - loisirs - vie associative et convivialité