15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 05:58

http://seynoise.free.fr/concerts/ete_2010/SANY0261.JPGLes coups pleuvent dru sur le monde associatif.

L'État, au nom d'une "Révision Générale des Politiques Publiques", soi-disant rendue nécessaire par l'absolue nécessité de réduire son déficit, coupe chaque jour un peu plus les vivres.

Les départements et les régions sont étranglés. Ainsi, par exemple, les présidents des Conseils généraux de Seine-Saint-Denis, des Côtes-d'Armor, ou de l'Essonne, ont-t-ils présenté leurs budgets 2010 en déséquilibre, au risque d'être placés sous tutelle de l'État, car c'est interdit par la Loi. On sait ce qu'il advient en pareil cas : les premières coupes sombres auxquelles procède le préfet, ce sont les subventions aux associations !

Nous-mêmes, à La Seyne, pour éviter la tutelle, avons-nous dû nous résoudre à réduire de 7%, en 2009, nos appuis financiers aux clubs et sociétés.

Et le pire semble être à venir.

Malgré ce, ces derniers jours, j'ai une nouvelle fois été impressionné par le dynamisme de mes concitoyens, de tous âges, pour se retrouver, vivre une passion commune, agir ensemble, et en faire bénéficier d'autres.

La philharmonique "La Seynoise", sous la houlette de son infatigable président Jean Arèse, fête jusqu'au 21 novembre ses 170 ans d'activités, avec un ensemble de manifestations publiques de nature à ravir des plus jeunes aux plus anciens. S'imagine-t-on vraiment le temps et l'énergie consacrés bénévolement par les musiciens et les administrateurs pour promouvoir l'art musical et émerveiller nos concitoyens, comme ce fut le cas, cet été, au bas du marché (photo en haut de cet article) ? Et dire qu'une poubelle recueille l'eau de pluie qui s'égoutte dans leur superbe salle de répétition historique de la rue Gounod ! Pleut-il sur autant sur le salon de l'Airbus présidentiel "Air Sarko One" que vient d'inaugurer le président pour la bagatelle de 176 millions d'euros ? Bravo à Jean Arèse, Michel Joly, Michèle Fiol, Danielle Istria, Jean Begni, Laurent Canavesio, et tous les autres qui portent à bout de bras cette association !

http://www.fnoms.org/photo/1602135-2150314.jpg?v=1253698643Non loin de là, en un autre lieu historique de la ville, la Bourse du Travail, c'était l'Office Seynois des Sports qui fêtait pendant trois jours ses 60 ans d'activités. Cette association poursuit inlassablement son oeuvre pour promouvoir à La Seyne, depuis 1948, la pratique sportive. On doit à ses "pressions amicales permanentes" de dizaines d'années sur les municipalités, outre le soutien aux clubs et manifestations sportives, la création des écoles municipales de sports, le centre médico-sportif, la réalisation de nombreux équipements alors uniques en leur genre (que nous avons bien du mal à entretenir aujourd'hui) ou l'offre de pratiques sportives alors inédites à La Seyne. Bravo à Jean Passaglia, Louis Sillard, Michel Leroy, Marcel Chalmin, Michel Ravoux, et autres Jean-Claude Mistral, pour ne citer que les plus anciens et pionniers !

Toujours au coeur de notre centre ancien, à l'Espace Jean-Baptiste Coste, se déroulaient deux événements hautement symboliques du fait que l'engagement citoyen perdure et que la relève est assurée, malgré les vicissitudes d'une vie sociale qui tend à se réduire, à défaut d'un enfermement complet sur soi, aux échanges virtuels par voie de "réseaux sociaux" sur Internet. Avec Rachid Maziane, adjoint à la Politique de la Ville, nous sommes allés les encourager.

http://img.over-blog.com/353x500/3/89/80/87/festi-2-affiche.jpgDans une salle qui leur est dédiée, une quinzaine d'ados et de jeunes préparaient l'assemblée générale de création de l'ATEC "OmaSeyne".

Une ATEC, c'est une Association Temporaire d'Enfants Citoyens. L’article 15 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant reconnaît aux mineurs le droit d’association. Pourtant la loi française n’a pris en compte cette disposition et il n’est pas aujourd’hui possible à des mineurs de s’associer. Pour combler cette lacune, les Francas, association nationale d'éducation populaire, de formation et de loisirs, ont créé les Associations Temporaires d’Enfants Citoyens. Cet outil permet aux enfants de monter leur propre association et de se lancer ainsi dans des projets destinés à améliorer leur environnement, dans un esprit d’échange et d’ouverture. Et cette aventure est un moyen idéal de faire avancer ses idées, ses envies ; c’est aussi un moyen d’oeuvrer collectivement à un projet d’intérêt général.

Et "OmaSeyne", c'est ce festival de jeunes talents de tous les quartiers de chez nous, qui se sont produits pendant trois jours début juillet, en émerveillant des centaines d'autres, après s'être retrouvés et organisés eux-mêmes tout au long de leurs temps libres de l'année scolaire pour répéter, dans les domaines les plus divers de la création: musique, danse, slam, graff, humour, films, etc.

Chapeau, les ados, pour la plupart mineurs, qui passez aujourd'hui à une nouvelle phase en vous organisant en association, pour poursuivre ensemble et avec de nouveaux venus, faisant mentir les grincheux qui ne s'emploient qu'à donner de la jeunesse des images négatives.

http://img.over-blog.com/211x300/3/47/68/07/lettredinfo-octobre.jpgEnfin, dans une autre salle de l'Espace Jean-Baptiste Coste, une autre quinzaine de jeunes, un peu plus âgés, de 16 à 25 ans à vue de nez, recevaient leur "Livret de compétences" attestant de leur implication bénévole, pendant plusieurs mois, au sein de structures associatives, dans le cadre d'un dispositif impulsé par l'OMASE (Office Mutuel de l'Animation Sociale et Éducative) appelé "Valorisation de l'Investissement citoyen des Jeunes".

Notre société ne semble pas aujourd’hui très accueillante aux jeunes. Les médias mettent très souvent en avant les violences de quelques-uns. Mais ne parle t-on pas sans arrêt de violences ? Pour l ‘essentiel elles ne sont pas le fait de jeunes. Ce discours, même s’il a des formes particulières aujourd’hui, n’est pas nouveau ; c’est celui qui accompagnait 1968 dans la dénonciation du mouvement de contestation du mois de mai...

Cette démarche n’est pas la nôtre, nous n’approuvons pas les violences, quelles qu’en soient les origine, mais elles restent un fait minoritaire. En effet, la grande majorité de la jeunesse, dans toutes ses catégories, a une aspiration commune : pouvoir construire sa vie, son avenir. Pour beaucoup, c’est construire leur vie en prenant en compte les autres catégories sociales, les autres catégories d’âge, les autres jeunes.

Ils participent par leurs actions à un meilleur fonctionnement de nôtre société en se dévouant, en donnant leur temps, notamment dans des associations au service des autres. Nous avons tenu à leur rendre hommage, mais aussi à faire en sorte que leurs actions soient valorisées, reconnues, et quelles puissent leur servir pour avoir le meilleur avenir possible. Ces livrets de compétence constituent un des moyens qui permettront, je l’espère, à ceux qui étaient là ce samedi, de recevoir de la part des institutions, municipales, régionales ou de l’État une valorisation des compétences acquises qui les aidera à plus facilement avancer dans la vie.

Culture, sport, action socio-éducative, sont autant de supports de vie sociale, de développement harmonieux des personnes, et de participation active à la vie de la cité, qui subissent de plein fouet les affres des politiques publiques d'aujourd'hui : coupes budgétaires, suppression des emplois jeunes, par exemple, avec, dernière annonce en date dans la discussion budgétaire du moment : après avoir fermé le robinet des emplois associatifs et des subventions, on envisagerait la réduction de l'avantage fiscal pour les dons aux associations ! L'asphyxie voulue et programmée.

On comprend mieux pourquoi Sarkozy ne donne pas suite à sa promesse de... 2007 d'organiser de grandes assises nationales de la vie associative. Ça pourrait faire mal à ses oreilles.

 

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Sports - loisirs - vie associative et convivialité