Toutes les associations sont inquiètes, et le sont à juste titre. Ce qu'a coutume de dire un de mes amis, depuis très longtemps investi dans la vie associative comme bénévole ou comme professionnel, n'est pas toujours mesuré à sa juste valeur : "Les associations font ce que la puissance publique ne sait, ne peut, ou ne veut pas faire".
Et pourtant, à La Seyne peut-être plus qu'ailleurs, et malgré le fait que la commune, en tant que collectivité publique, est historiquement très engagée avec ses propres services dans le sport, la culture, la solidarité ou l'environnement, ça se mesure au quotidien.
DANS TOUS LES DOMAINES, L'ŒUVRE ASSOCIATIVE EST INDISPENSABLE
Malgré nos quatre crèches communales, l'offre d'accueil de nos tout-petits serait bien insuffisante sans L'Île aux enfants, Nouvel Horizon, La Farandole et autres Moufletterie. Aurions-nous eu la possibilité, avec nos seuls services des sports et de la jeunesse, pourtant dotés de plus d'une centaine de professionnels, d'accueillir et animer autant de jeunes ce dernier mercredi de vacances scolaires pour un formidable tournoi de football sur notre stade de Berthe ? Malgré nos écoles municipales de sports, qui pourrait assurer la formation éducative, sportive et citoyenne de plusieurs centaines de "minots" et ravir des milliers de jeunes et d'adultes les dimanches au stade Marquet, de tous quartiers, et d'ailleurs, sans le dynamisme de notre Union sportive seynoise ?
Malgré les moyens consentis par nos services municipaux de la culture, de la jeunesse et de l'événementiel, quelle serait, sans Co'op et une myriade de petites associations de culture et de quartier, la réalité de ces temps de culture et de convivialité qui animent notre cœur de ville les vendredis soir sur les tréteaux Bourradet, mêlant dans le public habitants du quartier et spectateurs venus d'un peu partout, exposent des œuvres picturales sur les vitrines des commerces abandonnés, et coiffent notre rue Cyrus-Hugues d'étonnants parapluies ? Que seraient nos cérémonies mémorielles sans le bel investissement des nombreuses associations patriotiques réunies dans leur Comité de coordination ?
Et on pourrait décliner à l'infini, dans tous les domaines de la vie d'une cité, l'importance de ces structures régies par la loi de 1901, petites et grosses, qui animent, aident, soutiennent, éduquent, protègent, valorisent, promeuvent, les gens de tous âges et de toutes conditions, le patrimoine naturel et historique, le territoire dans toutes ses dimensions...
ON VA FINIR PAR NE PLUS POUVOIR PRESSER LE CITRON DU BÉNÉVOLAT
Et les associations sont inquiètes. Depuis longtemps, l'État a réduit ses aides ; les régions et les départements, exsangues, font des coupes sombres ; les intercommunalités et les communes commencent à s'y résoudre pour équilibrer leurs budgets. Le mécénat, en période de crise, rencontre ses limites. Les dirigeants associatifs lancent des cris d'alarme, compressent leurs dépenses, mutualisent, tirent le meilleur parti du volontariat de leurs bénévoles, supplient les sponsors d'accroître leurs efforts. Mais le compte est loin d'y être. Les porteurs de projets associatifs, investissant leur argent, leur temps, leur énergie, vont finir par rendre leur tablier.
Fragilisé plus que jamais dans ses fondements, le monde associatif est pourtant indispensable. Et sûrement plus qu'ailleurs dans les communes qui assurent l'accueil d'habitants de toutes conditions, d'origine culturelles diverses, ayant un énorme besoin de "vivre ensemble" pour garantir le contrat social républicain.
SUPPLIQUE À L'ÉTAT ET AUX ACTEURS ÉCONOMIQUES
Il faut que toute la puissance publique, à commencer par le plus haut niveau de l'État, en prenne conscience. Il faut faire des choix d'urgence. Je peine ainsi à comprendre qu'on mégote sur l'aide aux associations sportives, culturelles, éducatives, solidaires ou envronnementales, tandis que Total, qui ne compte pas au nombre des entreprises les plus à plaindre de la sphère économique française, a pu bénéficier de plus de 80 millions d'euros au titre du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE)...
Je ne dirai pas, comme le Premier ministre Manuel Valls, que "j'aime l'entreprise", et chacun sait d'ailleurs que la plus importante de notre terroir seynois n'est jamais qu'une entreprise de taille intermédiaire que je ne saurais comparer à celles du CAC 40 et encore moins aux multinationales à fonds de pension, mais nul n'ignore combien je respecte ces créateurs de richesses, de dynamisme et d'emploi, et tente de les accompagner au mieux dans leurs relations aux institutions publiques.
C'est pourquoi, sans me départir de mon rôle ni me mêler de ce qui ne me regarde pas, je me sens aussi autorisé, en plus de réclamer à l'État et aux collectivités un effort pour le monde associatif, à accompagner la supplique des associations en quête de mécènes du monde économique local. Au moment où le patronat a réussi à faire disparaître un amendement au projet de loi de finance de la sécurité sociale qui visait à assujettir à cotisations les dividendes versés par les sociétés, un effort de sponsoring serait une petite contrepartie utile qui manifesterait une belle volonté d'ancrage dans une communauté de territoire.
Mesdames et Messieurs les ministres, parlementaires, élus territoriaux, il y a urgence, mesurez le risque de fracture sociale !
Et vous, amis entrepreneurs, en échange des appuis de la Nation, soyez sympas, consentez un petit effort supplémentaire pour notre beau monde associatif...