Nul n'oubliera sa petite silhouette un peu voutée devant le Monument aux Morts de La Seyne, les cheveux blancs de sa nuque flottant au vent glacial du maquis de La Limatte les 2 janvier, son regard clair derrière ses petites lunettes, et le calme de ses mots teintés de son bel accent du Sud-Ouest. On avait espéré un moment le voir arriver, mardi dernier, à l'occasion de la commémoration de l'appel du 18 juin du général de Gaulle, comme depuis plusieurs années au bras de son fils Bernard. Je devais déposer une gerbe avec lui. Mais il n'allait pas bien. Maurice Oustrières est mort cette semaine, dans sa quatre-vingt-dixième année.
Il avait passé le flambeau, l'an dernier, de la présidence de l'Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance à Jeanne Vaïsse. Lui-même était entré en résistance contre le nazisme, à Montauban, alors qu'il était lycéen, avec quelques camarades. Et, journaliste, écrivain ("La nuit montalbanaise" - Edition A. Sutton), il n'a eu de cesse de contribuer au devoir de mémoire, engagé auprès des jeunes générations des établissements scolaires, pour porter la parole de ceux qui veulent élever les consciences et prévenir, pour qu'on ne connaisse plus jamais pareille époque. Lui disparu, ses propos, à l'image de l'éditorial qu'il avait signé en 2004 dans "Résistance Var", comme ses actes d'éducation populaire, nous obligent désormais :
"Et puis, surtout, on voit reparaître, ça et là, dans les propos tenus par tel ou tel personnage politique, ces théories que l’on a baptisées « négationnisme », selon lesquelles les fours crématoires, les camps d’extermination n’auraient jamais existé. Il y a ce terrorisme ambigu, qui essaie de prendre les apparences, parfois, d’une lutte libératrice. Enfin, des individus non identifiés, héritiers des théories nazies, couvrent d’inscriptions racistes et de croix gammées, dans plusieurs cimetières, des tombes soigneusement choisies.
"Tout cela doit nous inciter à une vigilance accrue. Tout cela doit nous persuader qu’à l’heure actuelle, pour un ancien Résistant, il n’y a rien de plus nécessaire, de plus urgent, que de recruter, d’aider à se développer, ces Amis de la Résistance qui, dans un avenir hélas très proche, lorsque tous les Résistants auront disparu, seront chargés de perpétuer leur souvenir.
"Ils empêcheront que sombre à jamais dans l’oubli cette époque pendant laquelle, au péril de notre vie, et avec la générosité de notre jeunesse, nous sûmes prouver notre fidélité à la République et à la France profanée."