Il y avait une foule digne et recueillie, hier mardi, à Saint-Elme, pour le dévoilement des plaques des trois voies qui portent désormais les noms des pompiers Michel Giovannini, Georges Lahaye et Patrick Zedda, tous trois morts il y a huit ans dans la forêt de La Môle.
Autour de moi, nombre de leurs camarades sapeurs-pompiers, bien sûr, leurs familles et leurs proches, des anonymes, beaucoup d'élus, parmi lesquels des adjoints at conseillers municipaux de La Seyne, dont Jocelyne Léon, adjointe en charge de la sécurité, de la prévention et de l'action socio-éducative, mes trois collègues conseillers régionaux du coin, Marie Bouchez, représentant le président Michel Vauzelle, Robert Beneventi, également maire d'Ollioules, et Sandra Torres, les deux conseillers généraux de La Seyne et Saint-Mandrier, Patrick Martinenq et Gilles Vincent, également maire de Saint-Mandrier, et Jean-Sébastien Vialatte, député-maire de Six-Fours.
Le propos que j'ai tenu à cette occasion :
"Aujourd’hui nous vivons un moment particulièrement important et nous posons un acte très fort.
"Nous nous devions de faire cela, au nom du conseil municipal, au nom de toute la population Seynoise, pour leurs proches en tout premier lieu, pour ceux qui ont eu la chance de les connaître et de les côtoyer, et pour ceux qui, ne les connaissant pas, pourront connaître leur nom.
"Oui, je veux que l’on se souvienne de vous, Messieurs Michel Giovannini, âgé alors de 43 ans, Georges Lahaye, agé de 42 ans, et Patrick Zedda, 36 ans.
"Vous qui avez disparu, prisonniers des flammes que vous combattiez pour préserver des vies au hameau du Vallon de Survières, à la Môle, il y a maintenant 8 ans.
"Ce premier septembre funeste de 2003 vous a arrachés brutalement et dans la fleur de l’âge à vos familles, à vos enfants qui grandissent sans vous, mais dans votre souvenir.
"Je veux m’adresser maintenant aux familles et vous dire combien cette blessure reste vive dans nos mémoires et dans nos cœurs.
"Un nom de rue, c’est bien peu, mais c’est au moins ça. C’est au moins l’hommage de toute une ville – et des communes voisines - à la mémoire de ces hommes, de ces papas, de ces maris, de ces collègues et camarades, de ces amis, de ces pompiers courageux.
"Je veux saluer à travers votre mémoire, Messieurs Giovannini, Lahaye et Zedda - Michel, Georges et Patrick - cette profession, ce dévouement, cet engagement et cette implication volontaire au service de la vie d’autrui.
"Mais comme tout service public, ce corps d’intervention est aujourd’hui menacé par une directive de restriction et de compression. Dans notre département, les sapeurs pompiers comptent 1.000 professionnels et 4.000 volontaires. Ces soldats du feu volontaires sont la base de ce métier. Si on les supprime, les citoyens en supporteront les conséquences. Ce sera même un bouleversement. Les secours n'existeront que dans les grandes villes. Il y aura moins d'hommes, moins de moyens, et des délais d'intervention plus longs. Un danger supplémentaire pour ces hommes et ces femmes exemplaires. Je ne serais sans doute pas ici, en train de vous parler, si lors de mon accident vasculaire cérébral, il y a trois ans, l’intervention des pompiers avait été plus longue. En résumé, les secours de proximité seront remis en cause, toute comme la maternité. On ne connaît que trop la chanson que veut nous faire apprendre par cœur : réduction de l’offre de service public = moins de travail pour les hommes et les femmes et plus de danger pour les citoyens.
"Excusez-moi d’entacher ce moment solennel d’un propos plus politique mais, je vous l’assure, absolument pas partisan. Je ne veux définitivement plus me taire sur ce sujet et ne m’y habituerai jamais.
"Je vous propose maintenant, qu’avec le recueillement qui préside à ce moment d’émotion, nous allions tous ensemble dévoiler, enfin, ces plaques portant les noms d’hommes illustres.
"Oui, vos papas, vos maris, vos fils, Georges, Michel et Patrick, sont des hommes illustres que La Seyne n’oubliera jamais.
"C'est un hommage juste, nécessaire et impérieux, un devoir de mémoire que nous leur devons, que nous vous devons. Mais ce n'est pas réparation."