En découvrant ce samedi un article de Var-matin rapportant l'exposé public de la maire sur la rénovation du centre ancien, j'ai eu du mal à ne pas m'étouffer. Tout laisse entendre que la Ville et la Métropole viennent tout juste de concevoir un projet de réhabilitation, d'obtenir le feu vert de l'État, et de mettre les finances nécessaires dans le pot commun qui permettra de commencer les opérations de reconversion urbaine et sociale de notre vieux quartier populaire – d'ailleurs sans mention du financement majeur apporté par l'État, qui met tout de même 15 millions d'euros sur la table, ce qui a dû faire bondir le préfet...
Pas un mot sur la genèse du programme, qui date de 2013, et même avant, a été patiemment construit et durement négocié avec l'Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) jusqu'en 2018, a enfin été validé fin 2019 par l'État, et était prêt à démarrer... avant d'être brutalement freiné par les lubies de la maire élue en 2020, prompte à tout gommer du passé, comme s'il fallait à tout prix mettre dans la tête de nos concitoyens que, avant elle, personne n'avait jamais rien fait. On a ainsi perdu deux ans.
Je me dois à nouveau de rétablir la vérité, preuves à l'appui (liens en orange dans le texte).
C'est en effet devenu une funeste habitude de cette maire de jouer au coucou qui s'installe dans les nids construits par d'autres oiseaux.
Ça suffit. Les membres des équipes municipales que j'ai animées de 2008 à 2020 – ainsi que de celle de mon prédécesseur Arthur Paecht – et nos fonctionnaires méritent un minimum de respect pour le long travail accompli.
L'usurpatrice qui préside à nos destinées seynoises pense à l'évidence qu'il suffit d'inviter à une réunion publique sur le centre-ville par des affiches où son portrait occupe la moitié de la photo pour prendre les Seynoises et les Seynois pour des imbéciles heureux persuadés qu'avant elle était le néant. Il est vrai que, sauf peut-être pour les personnes intéressées au sujet, le temps efface la mémoire, surtout pour un projet que l'État longtemps tatillon et bien peu généreux a tardé à valider, faute d'argent à y investir pour entamer sa concrétisation.
2013 : PRÉ-DOSSIER BOUCLÉ ET RECONNAISSANCE DU TRAVAIL PRÉALABLE DE MM. PAUL ET PAECHT
Le projet de rénovation du centre ancien seynois que la maire a récemment présenté au casino municipal Joa remonte en effet à près de dix ans. Une journaliste de Var-matin signait le 13 novembre 2013 un article (cliquez ICI si vous êtes abonné à Var-matin ou LÀ si vous ne l'êtes pas) indiquant que « la Ville vient de boucler un dossier de pré-candidature au NPNRU, le nouveau programme national de renouvellement urbain lancé dans le cadre du projet de loi sur la ville ».
Interviewé, contrairement à ma successeure qui ne pense qu'à tirer la couverture à elle, je ne cherchais d'ailleurs pas à me glorifier de cette première étape, rappelant que, avant moi, « mon prédécesseur avait monté un projet, qui reprenait des idées de son prédécesseur », projet qui a largement inspiré celui de notre équipe et dont Mme Bicais s'attribue aujourd'hui sans vergogne la paternité.
2017 : FAUTE D'ARGENT, L'ÉTAT IMPOSE DES ÉTUDES POUR GAGNER DU TEMPS...
Il aura fallu quatre années de très longues négociations avec l'Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU) pour qu'on entrevoie une lointaine lueur de bout de tunnel. En janvier 2017, un journaliste de Var-matin me permettait d'annoncer dans une interview que la signature du "protocole de préfiguration" du projet était imminente. J'y expliquais que ce protocole « est un dispositif mis en place par l'État pour permettre d'engager des études », et j'ajoutais : « On le regrette, on aimerait pouvoir entrer directement dans l'action. Il s'agit d'études qui doivent définir exactement ce qu'il faut conduire au titre du dispositif du NPNRU, les leviers qu'il faudra utiliser sur l'habitat, les espaces publics, la culture, la sécurité, l'animation commerciale... ». Rien d'autre que les axes d'action dont se glorifie aujourd'hui la maire.
J'en profitais en effet pour détailler les actions proposées par la Ville et la Métropole et retenues par l'État. Une lecture comparée du document de présentation du 17 janvier 2017 que je livre en cliquant ICI et de l'article de Var-matin paru ces jours derniers attestera que la maire d'aujourd'hui n'est à l'origine de rien de ce qu'elle annonce avec fierté.
2018 : L'ÉTAT TROUVE L'ARGENT, LE PROJET EST RELANCÉ
On a donc lancé les nombreuses études imposées par l'État qui freinait... faute de disposer des moyens financiers de sa propre ambition. Et il a fallu encore patienter.
Enfin, en octobre 2018, interrogé pour un article par le même journaliste que celui qui est l'auteur de l'article paru ces derniers jours, j'expliquais : « En 2014, nous avons été retenus, dans le cadre de la loi Lamy, au titre du NPNRU. Le seul souci est qu'il n'y avait pas les fonds dans la cagnotte de l'Agence nationale de la rénovation urbaine. Mais ça y est : le ministre de la Cohésion des territoires a annoncé, dans le cadre du projet de loi de finances en discussion au Parlement, le doublement de la participation de l'État (de 5 à 10 milliards d'euros). Ce qui permet de relancer les projets ».
2019 : L'ÉTAT VALIDE ENFIN LE DOSSIER
Finalement, en septembre 2019, le dossier était bouclé et validé par l'État. Il comportait 69 pages précisant dans le détail chacune des opérations et leur financement. Malgré sa densité, je le propose aux Saint-Thomas qui douteraient encore que la maire les abuse en s'arrogeant l'initiative de ce qu'elle annonce. Je le leur propose en lecture à l'écran ou en téléchargement ICI. Sa lecture devrait les convaincre que ce sont bien les équipes de Falco et de Vuillemot qui ont construit le programme et obtenu son financement.
Nous étions alors six mois avant la date prévue de la fin du mandat municipal 2014-2020. La convention finale donnant le feu vert à l'engagement des opérations devait être signée en 2020. Avant même sa signature, le "protocole de préfiguration" autorisait à lancer dès avril le chantier symbolique de la rénovation de la place Germain-Loro, en haut du marché face aux Maristes, ce qui a dû être retardé, les services et les entreprises ayant été freinés par l'épidémie de coronavirus.
2020 : APRÈS LES ÉLECTIONS MUNICIPALES, LE PROJET REMIS EN QUESTION
Les élections municipales ont eu lieu en mars et juin de cette année-là. Deux mois à peine après le début de son mandat, la maire, dans son obsession hâtive à faire table rase du passé, annonçait à la presse qu'elle entendait modifier le projet, prenant le risque de donner prétexte à l'État de renoncer à accompagner budgétairement la rénovation de notre cœur historique.
Fort heureusement, la Métropole et l'État ont veillé au grain. La maire n'a pas réussi à faire totalement abandonner le projet d'accueil de jeunes enfants qu'elle avait décidé de saborder. Elle a aussi dû se résoudre à replacer la rénovation de l'habitat au centre du programme. Elle s'est pris les pieds dans le tapis avec un nouveau plan trop précoce de (non-)circulation automobile. Et, elle vient elle-même de l'avouer, son rêve utopique de voir inscrire dans le NPNRU la réalisation d'un pont franchissant la passe du port restera une illusoire chimère puisqu'elle révèle butter sur la difficulté « d'obtention des autorisations des services de l'État », ainsi que c'était à prévoir et que les actuels élus des gauches et de l'écologie l'ont plusieurs fois indiqué.
2021 : L'INAUGURATION DE LA TOUTE PREMIÈRE OPÉRATION, SANS UN MOT POUR SES INITIATEURS
Hormis quelques ajustements qui lui ont été concédés et dont la négociation aura fait perdre deux ans à la Ville, le programme dont Mme Bicais tire à présent gloriole est celui sur lequel d'autres ont longuement travaillé avant elle. Elle a d'ailleurs inauguré, avec faste mais sans un mot pour ses prédécesseurs qui l'avaient imaginée et programmée, la toute première réalisation du NPNRU que fut la requalification de la place Germain-Loro. La presse s'en fit largement l'écho : La Marseillaise, Var-matin et, naturellement, l'organe de propagande municipale Vivre à La Seyne.
2022 : ENCORE DES MENSONGES, MÊME SUR LA PARTICIPATION DES CITOYENS
Il était devenu nécessaire de rétablir des vérités, même si la mémoire ne fait pas défaut à tous nos concitoyens, et en tout cas pas à ceux qui ont pris part entre 2013 et 2020 aux nombreuses rencontres de concertation sur le projet, ainsi que les évoquent les diverses communications de presse que j'ai soumises à l'analyse de mes visiteurs dans cet article. Là encore, la maire, en annonçant que la réunion publique qu'elle a animée au casino municipal Joa a été « l'occasion pour la Ville de La Seyne de lancer la concertation citoyenne du projet de NPNRU », n'aura pas été à un nouveau mensonge près... Comme si on l'avait attendue pour faire avec les gens...
Mais, in fine, si les atermoiements de la maire ont tout de même repoussé de deux années la signature de l'acte final donnant le top départ de la rénovation qu'est la "convention pluriannuelle de renouvellement urbain", nous y sommes enfin parvenus au printemps 2022. Et, délectable ironie de l'obligation règlementaire, la délibération que la maire a dû soumettre au conseil municipal le 14 mars dernier rappelle toutes les étapes qui ont précédé cette signature, celles-là mêmes que je relate dans le présent article...
La délibération été votée par l'ensemble du conseil municipal, à l'exception notable des élus d'extrême-droite du Rassemblement National, manifestement peu soucieux du sort des habitants du quartier qui a accordé les plus importants suffrages de la commune à leur candidate à la présidentielle (65 %) et à leur candidat aux législatives (64 %). Il faudra le rappeler un jour à ces pauvres gens qui accordent leur confiance à des candidats qui les méprisent...
RECONNAISSANCE À TOUS CEUX QUI ONT ŒUVRÉ ET ŒUVRENT AU PROJET
L'occasion m'est donnée pour dire que mes pensées et ma reconnaissance vont à mes adjoints à la politique de la ville, Rachid Maziane, Anthony Civettini et Marie Bouchez, au vice-président de la Métropole chargé de la politique de la ville, Jean-Louis Masson, aux cadres et agents communaux, métropolitains et de l'État, aux personnels des sociétés ayant mené les études, qui ont tous travaillé dur et sans compter leur temps et leur énergie pour que le projet arrive enfin sur les rails.
Même s'ils n'ont pas été fairplay, je les adresse aussi aux élus municipaux d'aujourd'hui qui poursuivent la mission. Et à tous les financeurs engagés depuis la signature (photo ci-dessus) du contrat de ville intercommunal 2015-2020, cadre dans lequel s'inscrivent les quatre projets de rénovation urbaine de notre Métropole, dont celui de notre vieux centre-ville.
La maire de maintenant aura-t-elle les mêmes pensées à l'endroit de tous ces acteurs, élus, professionnels et citoyens, et envers leurs successeurs qui vont pouvoir aujourd'hui piloter la mise en œuvre de ce beau programme d'avenir pour le renouveau du quartier témoin de notre passé ?...